Le criminel incriminé par erreur

Chapitre I

Une nuit noire, sans couleur, sans forme, sans éclairage. Un ciel, autrefois parsemé d'éclats brillants, semblait éteint. Les sphères dorées qui l'illuminaient ne pouvaient se manifester. Leur représentation, bloquée par une vaste nappe de nuages aussi fragile et aussi compact que du coton ne laissait rien entrevoir. Le vent, tout aussi incapable de les disperser puisque, lui aussi, manquait. Une immobilité pesante régnait sur le terne paysage.

En contrebas, les feuilles des arbres ne bougeaient pas, les épis de blé non plus. L'absence du vent réduisait l'atmosphère en un calme suffocant. Aucun bruit ne pouvait être entendu. La vie nocturne des animaux paraissait rompu. Si vous tendiez l'oreille, les seules preuves de vie proviendraient de l'imposant manoir construit à la périphérie de la forêt, à la limite des champs. La nature s'était tue, ayant un pressentiment que quelque chose d'important allait arriver. Un calme qui, dans une autre situation, serait susceptible de se sentir relaxant se trouvait ici, écrasant, oppressant. Il pourrait être décrit comme le fameux calme avant la tempête.

La lune n'était pas là ce soir. Disparut pendant un jour, cachée à la vue de tous. 29 jours, le temps avant qu'elle ne redisparaisse. La barrière se trouvait autant du côté du ciel que des habitants. En effet, le soleil de minuit qui guidait de sa lumière les individus et transperçait les ténèbres n'avait guère la possibilité d'être admirée. Lors de cette soirée, la lune ne pouvait être témoin des tragiques évènements, seule l'obscurité en avait la capacité.

Ah, l'obscurité. Le moment propice où les crimes ont lieu. Lors de celle-ci, deux ambiances contradictoires sont présentes et agissent. C'est un moment de silence, de repos, une pause dans la journée. Un moment calme, sans stress du travail, sans bavardages environnants ou bruits de fond, sans pollution. Mais c'est également une illusion, un faux sentiment de sécurité, car derrière le côté apaisant de la nuit se cache les plus mauvais côtés du jour.

Oh, douce nuit, contrairement à son frère le jour où rien d'important se passe, dans la nuit, des accords, des trafics, des complots, des assassinats, des meurtres arrivent. La nuit peut à la fois devenir plus silencieuse que le jour mais aussi plus mouvementée. La nuit laisse place à d'autres types d'individus cachés à la lumière du soleil, se dissimulant dans l'ombre. Les ténèbres ne sont jamais loin après tout. La nuit est le moment où les crimes sont exécutés, prémédités lors du jour. Finalement, le jour n'est-il pas complice de la nuit ? Le jour, la nuit. La lumière, les ténèbres. Un frère, une sœur. Deux faces d'une même Terre.

Bien sûr, ces ténèbres n'étaient pas différentes des autres. Lors de celles-ci, quelqu'un pourrait mourir. Ce serait tragique pour sa famille. Mais elle pourrait également devenir une nuit charnière, où l'histoire d'une poignée de personnes aurait la possibilité de changer tel un carrefour accédant à plusieurs chemins. Le destin n'est pas gravé dans la pierre mais façonné au fur et à mesure des années. Rien ne peut rester inchangé. Chaque décisions, chaque dialogues impactent ce chemin. Quelle sera la fin alors ? Changera-t-elle ?

L'obscurité englobait un imposant manoir qui se trouvait au centre des champs. Constitué fondamentalement de pierres blanches, robuste aux intempéries, l'édifice se démarquait facilement du paysage monotone. Le manoir, appartenant au duc Howard n'était pas modeste, sa richesse, affichée autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Cela avait pour unique fonction d'intimider les invités ainsi qu'exposer son statut social. Il ne servait à rien de le nier, le duc était quelqu'un d'imbus de lui-même ainsi qu'avide comme 99% des nobles. La rumeur voulait que sa richesse n'était pas honnêtement acquise mais proviendrait davantage d'affaires louches. Bien évidemment, le Duc Howard possédait énormément de pouvoir alors qui oserait même le remettre en question surtout que tous ses semblables trempaient dans les mêmes affaires. Les nobles n'étaient pas hypocrites, non, ils laissaient ce titre aux gens inférieurs, n'étaient-ils pas généreux ? Heureusement pour le duc, lesdites rumeurs ne sont pas arrivées aux oreilles des Moriarty.