Le trajet prit environ deux heures. Deux heures durant lesquelles le soleil n'eut de cesse de s'abattre contre les vitres, rendant l'habitacle invivable. L'enfer de la route n'était pas uniquement concentré à l'intérieur mais aussi à l'extérieur où les chevaux qui tractaient le fiacre demeuraient à bout de force. Le manque de pause mêlé à l'absence d'eau se faisait ressentir parmi les bêtes. Le cochet, forcé de conduire en plein cagnard, avait l'air de vaciller de plus en plus fréquemment. Sous la chaleur ambiante, la route semblait onduler, se tordant de la réalité dans différentes directions. C'est avec l'impression de se trouver dans une fournaise que le duo arriva sur les lieux du crime.
Dès que leurs pieds touchèrent le sol, John ne put s'empêcher de demander "Rappelle-moi, pourquoi n'avons-nous pas emporté d'eau avec nous ?" avec une note d'accusation envers le détective. "Pas le temps" répondit ce dernier d'une manière évasive. Même Sherlock ne paraissait pas invulnérable face à ces hautes températures d'été. D'une certaine manière, ses lamentations sur son éternel ennui s'étaient transformées en pleurnicheries sur l'horrible météo. La soif n'était pas le seul facteur de la soudaine irritabilité du médecin, les réflexions de Sherlock durant les deux dernières heures avaient largement participé à la détérioration de son humeur.
Une fois avoir remercié le cocher ainsi que payer pour la course, le duo s'approcha du manoir. La bâtisse, toujours aussi imposante le jour que la nuit, les accueillit. Plusieurs policiers étaient postés à l'entrée, guettant et surveillant toutes personnes indésirables. Cependant, avant d'explorer le lieu du meurtre, Sherlock décida de faire le tour de la propriété. Autant s'assurer de ne rien laisser échapper en ratissant l'endroit au peigne fin.
Ils contournèrent le manoir, passèrent au travers des haies et marchèrent sur un étroit sentier qui longeait le bâtiment fait de terre et de cailloux. L'herbe qui les entouraient leur arrivaient jusqu'aux chevilles. D'après l'irrégularité de cette dernière, cela faisait approximativement deux semaines qu'elle n'avait pas été entretenue... le Duc ne possédait-il pas de jardinier ? Plusieurs arbres fruitiers étaient éparpillés dans le terrain ainsi qu'une ruche aux abords de la forêt.
L'espoir de trouver des empreintes de pas se révélait réduit à néant. La tempête de la dernière nuit avait ramolli la terre, la transformant en boue liquide qui rebouchait les traces qui auraient possiblement pu être faites. Ajoutez le soleil qui séchait le sol, toutes preuves qui auraient pu s'y trouver avaient manifestement disparu. Néanmoins, il n'y avait pas que cette méthode pour savoir si quelqu'un était passé par là. Si la terre ne possédait la capacité de garder les empreintes, les plantes pouvaient les conserver.
Le sentier dégagé s'arrêta brusquement. La végétation avait recouverte la seconde moitié du passage. Ils s'arrêtèrent, pour l'instant, ils n'avaient rien trouvé de suspect. John soupira et s'apprêtait à rebrousser chemin lorsque Sherlock s'accroupit et commença à regarder attentivement le sol. Le détective retourna quelques feuilles qui trainaient et après un certain temps, attrapa une tige entre ses doigts.
"John, vient voir" interpella-t-il. Watson s'agenouilla à côté de son ami et regarda ce que celui-ci tenait. Il vit que la tige n'était pas cassée de manière naturelle. La pluie ne pouvait pas causer de coupure aussi nette. Seule la grêle le pouvait mais il n'avait pas grêlé et même s'il avait, les feuilles qui protégeaient la tige auraient également présenté des coupures. De plus, si l'on regardait bien, on pouvait observer qu'un peu plus loin se situait plusieurs feuilles affaissées à intervalle régulier. Cette découverte confirma qu'une personne était passée par là et qu'elle ne voulait pas être remarquée.
"Je vais voir où se termine le sentier" proposa John en se levant. Pendant que Sherlock suivait la piste d'herbe, le médecin continua sur le chemin qui avait été recouvert de plantes. Ce dernier débouchait sur une porte à l'arrière de la demeure. De la peinture rouge s'écaillait des lamelles de bois en forme de Z qui renforçaient la porte. Sur les extrémités, le vieux bois était écorché et de multiples trous visibles créés par les mites ornaient la structure. La porte ne devait pas beaucoup servir. Probablement une sortie de secours. Il s'approcha et vit, sur le seuil, une demi-trace de boue en forme de semelle. Malheureusement pour lui, l'empreinte était insuffisante pour pouvoir émettre une approximation sur la personne qui portait les chaussures. Après cette découverte, il rebroussa chemin et se rendit à l'endroit où ils s'étaient quittés pour attendre Sherlock.
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Le criminel incriminé par erreur
FanfictionLors d'une soirée, un assassinat est planifié par la famille Moriarty. Malheureusement cela ne se passe pas comme prévu et William se retrouve accusé pour un meurtre qu'il n'a pas commis. ... L'intrigue se passe après l'arc des deux détectives à bo...