Chapitre II

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23h50 : 10 min avant minuit

Tout le monde était en place. Leur cible, le Comte Charles De Ribaucourt, venait de sortir de la salle principale il y a une dizaine de minutes. William se dirigea vers le hall d'entrée menant directement à l'étage. Il échangea un dernier regard avec ses frères puis passa le seuil de la porte. A l'extérieur, les nuages s'assombrissaient dangereusement et une fine pluie commença lentement à tomber.

23h55 : 5 minutes avant minuit

C'est le vide qui l'accueillit dans le hall, les derniers nobles rejoignaient l'extérieur et l'absence des gardes aux portes remplissaient la salle de silence. Moriarty possédait un intervalle de 5 minutes afin de finir la touche finale de l'assassinat. Grâce à une légère diversion exécuté par Moran, les gardes n'arriveront pas avant une dizaine de minutes mais d'ici là, il sera revenu dans la salle principale. Dehors, la pluie gagnait rapidement en intensité et une brise glacée s'était rajoutée, il devait se dépêcher, les invités n'allaient pas tarder à revenir à cause du mauvais temps.

23h57 : 3 minute avant minuit

Il monta calmement les marches, sa destination perpétuellement en tête. Son corps continuellement en alerte, captant tous les sons. Seulement, en arrivant sur la fin des marches du palier du 1er étage, ses yeux captèrent un mouvement dans sa vision périphérique. Il s'arrêta et plissa les yeux vers le couloir à sa droite. L'étage se trouvait englobé dans d'épaisses ténèbres, seuls les rares chandeliers accrochés aux murs permettaient de distinguer l'environnement. Au loin, il aperçut des flammes bouger irrégulièrement mais il ne put rien distinguer de concret.

Son instinct lui hurlait de reculer et il aurait dû l'écouter, mais il avança. Bien entendu, il n'était pas du genre à agir en premier et réfléchir ensuite. Cependant, il y avait plusieurs explications face à sa décision. La première, si quelqu'un le voyait, son plan deviendrait plus complexe. Expliqué à quiconque la raison de sa présence au premier étage alors que la fête ne se passait pas ici n'était pas calculé. Il pouvait anticiper plusieurs situations mais il préférait ne pas s'y risquer. Deuxièmement, William était curieux et même si les mystères étaient associés à Sherlock, Moriarty les trouvait également intrigants. De plus, il lui restait encore un peu de temps alors il n'hésita presque pas.

23h59 : 1 minute avant minuit

Un silence étouffant régnait dans le couloir. Il commença à le remonter, le plancher grinçant sous ses pieds. Les flammes vacillaient sur son passage, projetant son ombre deux fois plus grande contre le mur. Vers le milieu du chemin, il vit de la lumière provenir d'une porte entrouverte. En s'approchant, il reconnut l'endroit comme celui qui débouchait vers le bureau du Duc Howard, l'hôte de la soirée. Il se déplaça prudemment en face de la porte, lorsqu'il fut sûr de n'entendre aucun bruit émaner de la pièce, il empoigna lentement la poignée et l'ouvrit.

00h00 : minuit

La pièce rectangulaire était faiblement éclairée et s'ouvrait sur deux fauteuils se faisant face. Au fond de l'espace, un bureau rempli de papiers prônait l'endroit. Des prix et des trophées enfermés dans des cadres luxueux étaient exposés aux murs. La pièce, richement décorée, laissait place à plusieurs fioritures. De grandes fenêtres donnaient vers l'extérieur. Dehors, l'orage grondait, sa puissance ne faisait que s'accentuer, la pluie battait violemment contre les vitres. Le vent s'écrasait sans relâche contre la façade du manoir dans un sifflement inhumain. Malgré la chaleur de la pièce, l'air ambiant avait baissé de plusieurs degrés en quelques secondes, laissant une atmosphère pesante et anxiogène.

Au centre de la pièce se trouvait le Duc Howard à moitié affalé contre le bureau. Sa tête, d'un pâle cadavérique, pendait sur son épaule droite. Ses yeux étaient révulsés vers l'arrière et sa bouche entrouverte salivait abondamment, ses bras ballants le long de son corps le faisait ressembler à un pantin dont l'on avait coupé les fils. Sa chemise, d'un blanc immaculé était maintenant recouverte de sang, le liquide cuivré imbibait lentement le tapis dans un cercle rouge. Soudainement, un éclair transperça le ciel et frappa brutalement le sol éclairant la pièce dans une vision d'horreur. Moriarty resta figé pendant un court laps de temps, sa main toujours sur la poignée, essayant d'assimiler toutes les informations. La faible lueur des chandeliers illuminaient son visage gelé d'une façon maladive.

Le criminel incriminé par erreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant