Chapitre 14

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« Tu es bien Maggie Pearson ? demanda le jeune homme

- Euh... Oui. Et vous êtes... ?

- Agent Smith, dirigeant de l'organisation des Silencieux »

Maggie se figea. Il n'y avait pas encore eu de victime à Dallas. Elle allait être la première. Elle allait mourir à cause de ce cambriolage de l'année précédente.

« Tu ne vas pas mourir. » dit Smith

Elle sortit de sa torpeur et le regarda avec un air interrogateur.

« Enfin si tu vas mourir, reprit-il, mais ce n'est pas la peine que je te tue dans l'immédiat. Tu n'as pour l'instant pas commis de crime que nous jugeons passible de la peine de mort.

- Mais... Le cambriolage...

- J'y viens. Tu n'as pas volé pour le plaisir d'ôter le bien de quelqu'un pour t'en servir toi-même. Tu as montré à un milliardaire imbu de lui-même que c'était un con en volant son diamant chéri tout en lui rappelant qu'il était censé appartenir à une tribu traditionnelle d'Afrique subsaharienne et tout ça sans même qu'il ne puisse porter plainte contre toi. Du grand art ! Raconte-moi comment tu as fait dans les détails.

- Eh bien... Je ne veux pas vraiment... En fait...

- Maggie tu as en face de toi le type le plus dangereux actuellement présent dans cette ville alors te fie pas à mon sourire et fais ce que je te demande ou je te cale une balle entre les yeux. »

La jambe de Maggie commença à trembler. Elle s'était laissée berner par son air sympathique. Ce type était un meurtrier. 72 personnes ! Il avait 72 morts sur la conscience et il était assis à une table de café avec elle et discutait, l'air de rien.

« J'avais lu dans un journal laissé dans le métro l'histoire de ce pourri-gâté, commença-t-elle, j'avoue que je me souviens plus de son nom. Mais c'était un fils qui avait hérité de la boîte à plusieurs milliards de papa et qui en profitait bien. Il avait acheté un diamant énorme pour une bouchée de pain à des africains qui vivaient dans un village isolé. Ils savaient pas qu'ils se faisaient avoir. Et ce connard a jugé bon de s'en vanter dans les journaux puis de parler en détail de toutes les sécurités qu'il avait fait mettre en place pour se protéger des vols. Je voulais donner une bonne leçon à cet imbécile suffisant. Donc j'ai créé un plan. J'ai étudié ses dispositifs de sécurité, j'ai appris à les déjouer et j'ai volé son diamant. Pour le plaisir.

- Mais tu ne t'es pas arrêtée là, je me trompe ?

- Non. A la place du diamant j'ai laissé un mot. Un truc du genre : « La prochaine fois ne vous avisez pas de voler un trésor ancestral. Je vous rendrai votre diamant demain à cette adresse » (j'ai oublié l'adresse) « Si vous essayez de me retrouver je vous humilie publiquement en dévoilant le vol. Cordialement » Je lui ai rendu le diamant et voilà »

Smith resta bouche bée, l'air presque admiratif avec une fascination dans le regard qui était à la fois flatteuse et terrifiante. Il sourit.

« Je vais être honnête avec toi, dit-il, je veux te recruter dans mon organisation.

- Quoi ?!

- Tu as de bonnes compétences en planification d'opérations, tu as des connaissances solides en systèmes de sécurité et surtout une expérience du terrain.

- On ne s'est pas compris je crois... Pourquoi je voudrais rejoindre ta bande de meurtriers ?

- Alors « bande » je ne sais pas vu qu'on n'est que deux... Et ensuite commence par répondre à une de mes questions...

- Et si je le fais pas ?

- Tu veux que je te ressorte le laïus sur le danger que je représente pour ton intégrité physique ? Non ? Alors écoute et réponds. Est-ce que tu as aimé voler ce fil à papa ?

- Hmmm... Ce n'est pas le voler qui m'a plu. C'est le rabaisser, avoir la sensation d'être du bon côté de la morale. Pas du bon coté de la loi certes, mais j'avais l'impression de faire le bien.

- Je vois. C'est ce qu'on s'efforce de faire avec mon associé. On ne prétend pas être des chérubins, des humains parfaits, pas du tout. On pense juste qu'on fait le bien. On punit les personnes que personne n'aurait osé punir avant. On est pareil toi et moi.

- Vous tuez des gens ! Moi je n'ai fait qu'emprunter un diamant.

- Maggie, tu penses que nos cibles font la différence ? Ce que je te propose c'est de faire plus que voler des portefeuilles. Je t'offre une opportunité de changer les choses en profondeur. »

Elle resta muette. Smith se leva. Elle en profita pour regarder autour d'elle et se rendit compte que les serveurs comme les clients les regardaient bizarrement. Smith lui fit un grand sourire et parla plus fort qu'à l'accoutumée afin que tous l'entendent :

« Félicitations Mademoiselle ! Vous avez été très convaincante ! Vous serez parfaite pour le rôle. Tenez si vous êtes intéressée venez demain à midi au lieu indiqué sur la carte »

Il partit en laissant une carte de visite sur la table

Le lendemain, 11h57, lieu indiqué sur la carte

Zhang regardait par les vitres de la voiture en fronçant les sourcils. Il tapotait nerveusement sur le volant.

« Elle n'est pas là. » dit-il

Smith sourit avec un petit air suffisant

« Elle va venir. »

Les SilencieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant