Chapitre 11

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La gorge d'Homson s'assécha. Il eut l'impression que son estomac se tordait. Peut-être que c'était du bluff. Mais il ne pouvait pas en être sûr. Il ne devait rien dire aux hommes qui l'entouraient. Il répondit :

Vous : « Qu'est-ce que vous voulez ? »

Numéro masqué : « Je vous l'ai dit : juste parler. »

Numéro masqué : « Que pensez-vous de l'homme à votre droite ? »

Il laissa échapper un regard du coin de l'œil sur sa droite et ne vit que la chemise de Gelly. Tous les autres hommes présents dans la réunion étaient assis soit en face de lui, soit à sa gauche. Cependant, ce Smith n'avait pas donné le nom de la personne dont il parlait. « L'homme à votre droite ». Ça aurait pu désigner n'importe qui. Il décida de tâter le terrain.

Vous : « On ne dirait pas vraiment qu'il est le directeur d'un bureau des fédéraux. Avec son crâne chauve je l'imaginerais plutôt informaticien. »

Numéro masqué : « Je sais ce que vous essayer de faire et ce n'est pas la peine. Je vous vois. La personne à votre droite est Joe J. Gelly. Donc que pensez-vous de lui ? »

« Je vous vois ». Le sang d'Homson se glaça dans ses veines. Où pouvait se cacher le meurtrier. Il releva la tête en essayant de masquer sa panique. Les bureaucrates dévisageaient l'inspecteur, l'air interrogateur, à l'exception de Gelly qui était retourné au pays des songes et ronflait même, emplissant la pièce d'un bruit désagréable.

Numéro masqué : « Arrêtez. Vous avez l'air suspect. Dites que vous parlez à votre supérieur d'une autre enquête. »

Homson s'exécuta.

Numéro masqué : « Parfait. En vérité, si je vous pose la question c'est parce que Gelly a fait obstruction pour éviter toutes interventions au QG de Don Pachi en échange de pots-de-vin. Enfin bref. Si tout se passe comme prévu vous avez décidé de faire croire à la population que le FBI a organisé l'opération. Je me trompe ? »

Vous : « Si vous pouvez surveiller ce que je dis pourquoi me poser la question ? »

Numéro masqué : « Refaites le malin et je m'assure que votre mort soit bien plus douloureuse que prévu. »

Homson déglutit. Il avait vu juste. Smith ne pouvait pas entendre la conversation. Cependant il pouvait voir. Il ne devait pas paniquer. Surtout pas.

Numéro masqué : « Je voulais simplement vous rappeler que si vous mentez à la population, il est possible que nous leur apprenions la vérité. A vous de voir. Soit vous leur dites la vérité et affrontez des conséquences négatives. Soit vous leur mentez et prenez le risque d'affronter des conséquences dramatiques. Réfléchissez-y. Et faites part de cette réflexion à vos compères. »

L'inspecteur releva la tête et dit :

« Messieurs, je pense que nous devrions changer de stratégie.

- Et pourquoi donc ? demanda Milor en levant un sourcil

- Je vous demanderai de ne pas paniquer. Je communique actuellement avec le responsable du meurtre de Don Pachi et il me fait part de... »

Les tympans de Homson semblèrent exploser et la vitre également. Le bruit était horrible. Un sifflement strident. Puis une détonation. Homson se jeta en boule par terre. Il vit alors M. Gelly, écroulé au sol, la cervelle répandue autour de sa tempe. Le bourdonnement dans ses oreilles s'atténua, Joe avait cessé de ronfler et était désormais silencieux.

Smith sourit insolemment dans l'immeuble d'en face. Zhang se chargeait quant à lui de ranger le fusil de précision et le fusil sonique, capable de détruire même les vitres blindées. Smith attrapa la bombe de peinture et graffa un grand rond rouge avant de dessiner un grand S à l'intérieur. Les enquêteurs qui allaient arriver trouveraient ainsi le dossier inculpant Joe Gelly ainsi que le logo de l'organisation. Mais aucune trace d'eux. Des idées et des actes uniquement, pas de personnes. Le meurtre parfait. Ils descendirent quatre à quatre l'escalier de l'immeuble, montèrent dans la voiture de Zhang dont ils avaient changé la plaque d'immatriculation et roulèrent jusqu'à l'appartement où ils logeaient.

4 heures plus tard, 22h15 :

L'inspecteur faisait les cent pas dans sa chambre d'hôtel. Son supérieur ne décrochait pas le téléphone ce qui l'irritait passablement. Sa journée avait été à chier. Il s'était disputé avec Milor sur la capacité de résistance au choc de la vitre durant tout le trajet jusqu'au commissariat puis les policiers l'avaient interrogé pendant une heure. Une heure à se répéter. L'interrogatoire aurait pu être bouclé en 15 minutes s'il l'avait fait lui-même. Pas étonnant que les criminels courent les rues avec des lourdauds pareils. Enfin le directeur de son agence décrocha.

« Bonsoir Monsieur, excusez-moi de vous déranger mais je vous appelle car je voudrais que vous me confiiez l'enquête sur les Silencieux. »

Les SilencieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant