Acte II scène 1
Le décor représente l'intérieur d'une cabane bricolée dans les décombres. À gauche, une petite ouverture triangulaire est formée par trois blocs de béton posés en équilibre. À droite, une ouverture plus grande servant de porte est masquée par un morceau de toile de tente, installé en rideau. Entre, les murs sont faits d'empilements de béton et de morceaux de carcasses de voitures. Au centre, une longue planche en bois posée sur des pierres sert de table. À côté, une grosse pierre peut servir à s'asseoir. Derrière, plusieurs tissus ont été posés en tas pour former un fauteuil. Deux morceaux de plastique cassés sont posés sur la table comme des bols.
Deux contaminés sont dans cette pièce : Alfy et Nizz. Alfy est peu touché, sa respiration est normale, mais Nizz est très difforme et on comprend difficilement ce qu'il dit. Il est assis sur les tissus, parfaitement immobile, et semble dormir. Pendant ce temps, Alfy fait les cent pas. Mme Arriem, Elza, Luis et le lieutenant prisonnier entrent en trombe.
Mme Arriem : Alfy ! Nous avons besoin d'aide !
Alfy : Vous en avez eu un ! Félicitations ! Tuons-le tout de suite !
Il s'avance vers le prisonnier, un couteau à la main. Mme Arriem lui fait barrage de son ombrelle. Le lieutenant, bâillonné, gémit.
Mme Arriem : Non, pas tout de suite. J'en ai besoin.
Alfy : Pourquoi faire ?
Mme Arriem : Avoir des renseignements.
Alfy : Pour s'évader ?
Mme Arriem : Non, Alfy, je suis désolée... Ce que je cherche, c'est comment recueillir des preuves, maintenant que je sais ce qu'il s'est passé. Et les renvoyer à l'extérieur.
Nizz (sans bouger un muscle, les yeux toujours clos) : Dit. Ce. Qu'il. S'est. Passé.
Mme Arriem : Bien, Nizz. Ensuite, on choisira ce qu'il faut faire, mais je pense que tu seras d'accord avec moi. Mais avant toutes choses, Luis, donne-leur ce qui reste du colis.
Luis : Quoi ? Tu me l'as donné !
Mme Arriem : S'il te plait, Luis. Ce monde est suffisamment impitoyable pour ne pas en rajouter. Eux aussi veulent vivre un peu plus. Donne-leur.
Luis très abattu : De toute façon, demain, c'est le neuvième jour. Qu'est-ce que j'en ai à fiche ? Il jette sur la table les restes du colis en carton, attaché avec des morceaux de vêtements. Alfy l'ouvre frénétiquement et sort deux petites bouteilles d'eau, un sandwich et des biscuits sous emballage individuel.
Alfy attrape les deux bouteilles et les tend à Nizz : Regarde, Nizz, regarde ! De l'eau ! Elle a trouvé de l'eau !
Nizz : Raconte.
Mme Arriem s'assoit sur la pierre, la robe étalée autour d'elle, pose son ombrelle contre la table : C'est très simple. La grande campagne de vaccination préventive était en réalité un moyen d'injecter un virus aux personnes ciblées.
Archy : Ciblés ? Pourquoi ils nous auraient ciblés ?
Mme Arriem : Par erreur. Il ne fallait qu'une dizaine de malades pour déclencher la peur de l'épidémie et faire acheter des millions de placebos. Mais quelque chose s'est mal passé et tous les habitants de la zone ont été infectés. Quand les responsables l'ont su, ils ont organisé rapidement le faux attentat qui a détruit les maisons, et ont fait sécuriser la zone.
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L'ombrelle de Mme Arriem
Science FictionPièce de théâtre : dans un décor post-apocalyptique, une mystérieuse femme vêtue de dentelle rôde parmi les ruines, évitant les soldats, et cherche la vérité derrière une étrange contamination.