Chapitre 4

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Cela faisait une semaine que nous étions rentrés, une semaine donc que 17 enfants étaient hébergés au château. Ils avaient tous repris des forces et des couleurs, et j'étais contente de les avoir vers nous. Mais ça n'allait pas durer, Henry leur cherchait une maison, et je cherchais des personnes compétentes pour s'occuper d'eux. Les plus âgés avaient 12 ans, la plus jeune seulement un an. C'est avec elle que je passais le plus de temps. La pauvre enfant était trop petite pour tout faire seule, contrairement aux autres. Elle nécessitait une attention constante, et je n'avais pour l'instant que deux personnes pour s'en occuper, et elles étaient déjà bien assez occupées avec les autres. Alors je gardais Clara avec moi pendant la journée, et Antoinette venait parfois avec nous. Antoinette aimait bien jouer avec la petite, mais la personne qui l'aimait le plus de tous les enfants, c'était sans aucune hésitation Peter. Chose tout à fait normale, j'avais appris quelques jours après leur arrivée qu'il était son grand frère. Alors Peter venait voir sa sœur, il la regardait dormir, et dormait près d'elle le plus souvent. Il était fou d'elle. C'était l'amour le plus pur que je n'avais jamais vu. Un frère, qui n'a plus rien d'autre que sa sœur pour se rappeler sa vie d'avant. Ni parents, ni maison, juste un bébé, à qui il s'accrochait. Ils étaient touchants.

- Elaine, c'est l'heure, me dit Henry.

Nous étions mardi, il était l'heure d'aller assister à la séance de doléance.

Après plusieurs cas peu graves que nous avions pu régler en quelques instants, le marquis annonça un cas qui s'annonçait plus compliqué, un paysan du Nord.

- John Peter, paysan, annonça Arthur Gralf.

- Monsieur, que pouvons-nous faire pour vous ? demanda Henry.

- La famine ravage le pays, je n'ai plus rien pour nourrir ma famille. Pendant que vous faites des fêtes luxueuses, je vois mes voisins, mes amis et ma famille mourir de faim. Ce n'est pas juste.

- Vous parlez au roi, calmez-vous, dit le marquis, sévèrement.

- Et nous sommes là pour écouter ce qu'il a a dire. Donc laissez le parler.

- Monsieur, dis-je, nous sommes bien conscients de la situation actuelle du pays...

- Mais vous avez à manger à votre table à tous les repas, me coupa-t-il.

- Oui, c'est vrai. C'est injuste, je suis parfaitement d'accord avec vous.

- Mais voyez-vous, monsieur Peter, continua mon mari, toutes les familles du pays sont dans la même situation que vous, et nous pouvons difficilement aider toutes les familles individuellement.

- Et bien vous devriez. Vous avez la responsabilité de votre peuple.

- Je sais, bien sûr. Seulement, je ne peux pas nourrir toute une population. Je fais de mon mieux pour aider tout le monde, mais c'est compliqué. Alors si vous avez une idée, je vous écoute.

Le paysan semblait très en colère, et je le comprenais. Malheureusement, comment une seule personne pouvait avoir la responsabilité de tant d'autres ? La famine n'avait pas été décidée par Henry. Notre mode de vie me rendait mal à l'aise. Notre peuple mourait, et nous étions incapable de l'aider.

- Vous pourriez arrêter de faire la fête déjà.

- La dernière fête qu'il y a eu dans ce château était pour l'anniversaire de ma sœur, il y a cinq mois de cela. Nous avons aussi fait venir du blé directement de France. Nous avons engagé plus de personnel au château pour pouvoir leur offrir un salaire afin qu'ils puissent nourrir leurs familles. Et je me doute que ça ne sera pas satisfaisant mais nous avons réduit notre train de vie. Toute la cour a réduit son train de vie. Nous avons moins de nourriture à notre table pour pouvoir nourrir le personnel par exemple.

Elaine et HenryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant