/!\ Trigger Warning : Dissociation, TCA, alcool, tabac, sexe, parcours médical et psychologique. (Mais vous en faites pas c'est pas totalement sombre cette fois-ci promis).
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Je me sens léthargique en ce moment.
Comme si j'observais ma vie de l'extérieur. En tant que spectatrice. Je regarde tout ce qui se passe, mais j'ai l'impression de n'éprouver ni réelle joie ni réelle tristesse.
Les souvenirs sont brouillons, j'ai l'impression de ne voir que des gribouillis. Voir les expressions sur les visages ne me fait pas revivre ces expressions par mimétisme. J'observe. C'est tout.
J'essaie de trouver du plaisir un peu partout où je peux.
Le week-end dernier mon plaisir ça a été de boire du Get 27 après des années sans avoir bu. J'ai trempé mes lèvres dans de la bière (et c'est horrible au passage t'as l'impression de transpirer le beauf rien qu'avec l'haleine que tu dégage après une minuscule goutte) mais pas vraiment "bu". J'ai dansé, j'ai bu, j'ai ri. Mais ai-je réellement apprécié ? Est-ce que j'ai savouré ce moment ? Est-ce que je n'ai pas cherché à oublier par l'alcool ? Est-ce que je n'ai pas cherché désespérément une façon de me détendre alors qu'habituellement je m'auto-définis comme "non buveuse" ?
J'ai longtemps cherché quelque chose pour me détendre. Je me suis souvent dis "ne serait-ce pas mieux de fumer ? Au moins pour faire passer les moments compliqués ? Juste pour ne plus penser qu'au geste ? Et l'alcool ?"
Ou le sexe. Je couche, au moins quelqu'un que j'ai choisi, s'occupe de moi pendant la durée que j'ai décidé, et je ne suis pas obligée de m'attacher. Je ne suis pas obligée de donner plus d'attention que cela. Je peux toujours me consacrer à moi. Je ne pense plus aux autres, au stress, je pense à mon plaisir et à une seule autre personne pendant un court instant. Puis je repars, en ayant passé un bon moment, en ayant eu mes besoins.
Mais après ? Après quand j'y repense, qu'est-ce que je me dis ? Est-ce que je le vois d'un œil romantique ou est-ce que je calcule ?
Je me suis rendue compte que je calculais constamment.
Je calcule l'avantage que cela m'apporterait d'avoir des ami•e•x•s en fonction de mon bien-être, je calcule l'avantage d'avoir une mère présente en fonction des facteurs bénéfiques qu'elle peut m'apporter, je calcule l'intérêt d'avoir une relation sérieuse avec une personne en fonction du bien-être que cela m'apporterait et de l'impact que ça aurait sur mon bien-être personnel.
J'ai l'impression d'avoir constamment une balance en fonction de chaque personne.
Je vais me tenir face à ces personnes, et inconsciemment je vais mettre des poids de chaque côté en fonction des qualités et des défauts pour en faire un débrief conscient plusieurs heures plus tard.
Je ne sais plus quand je suis dans l'émotion et quand je suis dans la raison.
Est-ce que je suis consciente de ces moments bien distincts ou est-ce qu'ils sont constamment homogènes ? Est-ce que je calcule mes émotions en fonction de chaque situation de façon inconsciente ou est-ce que je sais avoir des émotions spontanées ?
Je ne me laisse plus porter par les émotions. Je me laisse porter par ma raison et ma logique selon des arguments que j'ai auto-affichés comme "objectifs" et je dirige mes actions en fonction de ces avis "objectifs".
J'ai l'impression que ma vie est une équation.
De plus, j'ai réalisé que j'étais trop probablement autiste.
En me renseignement, j'ai remarqué que je cochais les principales "cases" du syndrome "Aspeg*r", même si les concerné•e•x•s n'utilisent plus ce mot à cause du passif du médecin à l'origine du nom de cette neuroatypie.
Je me suis donc posé la question "est-ce que je dois continuer d'écrire ici ? Est-ce que je suis toujours légitime alors que tous les médecins n'ont rien remarqué dans toute mon enfance ? Est-ce que je suis légitime de remettre en question l'avis psychiatrique ?"
Puis j'ai fait mes recherches. Je me suis de plus en plus reconnue. Je me suis rendue compte que malheureusement, l'autisme chez les femmes et perçu•e•x• s comme telles est extrêmement mal diagnostiqué puisque les études ont été faites par et pour des hommes. Sauf que l'autisme ne se traduit pas forcement de la même façon en fonction du genre du sujet ce qui introduit de gros biais. Les études n'ont pas été faites avec des femmes - ou peu - donc la traduction de cette neuroatypie est mal comprise et donne souvent lieu à des diagnostics erronés, comme le TPL, Trouble de la Personnalité Limite, ou Trouble Borderline. Est-ce que ce diagnostic n'a pas été posé dans une période où je ne me sentais pas bien et où je rentrais donc dans des schémas de dépression et d'autodestruction ? Je pense que si.
Je pense que j'ai juste des besoins spécifiques, et qu'ils ont besoin d'être respectés. Je pense que je me suis construite une vision des autres et des interactions sociales influencée par la perception des autres et la négation de mes seuils de tolérance et de mes autres besoins. Depuis que je pense être autiste, j'ai compris qu'être seule ne me causait pas spécialement de tord. Qu'être seule c'est aussi profiter d'un moment agréable pour soi, pour faire des choses que l'on aime quand on le sent, quand on en a l'énergie. J'aime découvrir cette partie de moi, me comprendre même si cela signifie que je prends de plus en plus conscience des difficultés du monde qui m'entoure. J'aime découvrir que je suis moi, et que ma vie ne se résume pas à des calculs, que je peux aussi des parties de moi spontanément même si cela me demande de la réflexion. L'écriture est pour moi ma façon d'évacuer et enfin comprendre et m'éclairer via ma réflexion spontanée. Plus j'écris, plus je me laisse guider, plus je me rends compte que ma pensée ne se limite pas aux calculs et aux équations.
Mes interactions sociales ont peut-être besoin d'être réglementées, l'engagement ne m'attire pas car cela voudrait côtoyer de plus en plus un individu même spécifique, mais j'apprends à me connaître et je trouve ça beau.
Je prends conscience de mes intérêts, de ce qui serait vraiment bénéfique à mon développement moral, ce qui serait bénéfique à mon bien-être et à ma santé mentale.
Même si je sais aussi que je suis boulimique, que mon parcours psychologique ne fait que commencer, je m'aime avec mes difficultés.
Un peu. Prenez pas la confiance.
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VIS MA VIE DE BORDERLINE.
Non-FictionLe Trouble de la Personnalité Limite (/Borderline aussi appelé TPL) est le trouble de personnalité le plus connu, mais savez-vous réellement comment cela se définit-il au quotidien ? Les personnes qui en souffrent ont une peur extrême et exagérée...