Chapitre 32

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(Point de vue)

Je vois Apolline dans un état qui fait peine à voir. Elle est là, debout devant moi. Des cernes qui grandissent de jour en jour, ses cheveux en batailles, ses yeux rouges à cause de ses pleurs, l'odeur du tabac froid sur ses vêtements, et ses mains qui tremblent sans cesse. Je n'ose pas m'approcher d'elle. Elle se fige en plongeant son regard dans le mien. Je décide de couper ce silence qui devient oppressant.

Moi : Qu'est-ce qu'il se passe ? Dis-je d'une voix très douce, que je n'ai pas l'habitude de prendre.

Elle baisse les yeux sur le sol. Je m'approche et la fais rentrer, pour ne pas qu'elle attrape un rhume. Nous nous asseyons sur le canapé, et lui pose un plaid sur ses épaules. Elle me sourit après ce geste. Quelques perles d'eau roulent encore sur ses joues, mais moins qu'avant. Je la laisse reprendre ses esprits, et pars dans la cuisine faire un café pour chacun de nous. Je reviens après quelques minutes. Elle regarde le vide, je la sors de ses pensées en lui tendant une tasse. Elle me sourit timidement pour me remercier, et je m'assois de nouveau.

Apolline : J'ai une dépendance affective. Elle est liée à borderline. Dit-elle d'une voix à peine audible.

Ses yeux sont plongés dans son café, après avoir pris une première gorgée. Je ne dis pas un mot, et la laisse continuer.

Apolline : J'ai toujours besoin d'avoir quelqu'un pour me rassurer, me donner de l'attention et de l'affection. C'est à cause d'un manque de confiance en soi, ce qui est totalement le cas.

Elle lâche un rire nerveux, qui me fait esquisser un sourire triste.

Apolline : Je déteste la solitude, mais quand je suis seule dans ma bulle, ça me dérange pas. J'ai peur de l'abandon, donc je suis possessive avec les gens que j'aime, ce qui les font fuir. Je me sens horriblement seule, et je crois que depuis... depuis déjà quelques temps... je me suis attachée à toi. Et comme nous ne sommes pas proches, ça me détruit encore plus. Dit-elle avant de poser sa tasse sur la table basse, et d'enlever le plaid de son dos.

Apolline : Je sais même pas pourquoi je te dis tout ça, tu ferais mieux de tout oublier. Dit-elle en se dirigeant vers le couloir.

Je la suis et lui attrape le bras avant qu'elle ne puisse ouvrir la porte de sa chambre. Elle se retourne vers moi, je la lâche, nous nous retrouvons face à face. J'hésite un instant, et décide finalement de la serrer dans mes bras. J'essaye d'être le plus doux et de transmettre le plus de tendresse possible. Elle se tend quelques secondes, avant de se détendre petit à petit et de resserrer l'étreinte. Elle cache sa tête dans mon cou, et je pose ma tête sur la sienne. Je me sépare d'elle et la regarde.

Moi : Dans 10 min on sort, prépare-toi et fais-toi jolie. Dis-je avant de me diriger dans ma chambre, en souriant.

Je la laisse donc seule dans le couloir, elle doit sûrement pas comprendre ce qu'il se passe.

15h30

Je l'entends sortir de la douche, et aller dans sa chambre. J'y vais à mon tour, l'odeur de son shampooing est partout dans la salle de bain. Je prends rapidement une douche, m'habille assez différemment de d'habitude, et retourne dans la pièce à vivre. J'écris un mot aux gars et le pose sur la table de la cuisine. Je mets mon téléphone et mon portefeuille dans ma poche, et débarrasse aussi nos tasses, que nous avons même pas fini de boire. Je m'assois sur la canapé en l'attendant. 

(Point de vue Apolline)

Jérémie m'a donné dix minutes pour me préparer. J'ai donc pris une douche, et me voilà devant mon dressing, habillée qu'avec des sous-vêtements et d'une serviette sur la tête. Je décide finalement de faire simple pour ne pas le fait attendre. Un jean large, un t-shirt, un gros sweat, et des Doc Martens. Je repasse dans la salle de bain pour m'occuper de mes cheveux et me maquiller un peu. Je sèche mes cheveux et les laisse détachés. Pour le maquillage, quelque chose de simple, comme d'habitude. J'ai toujours son collier qu'il m'a offert, et ajoute des bagues à mes doigts. Je sors enfin de la salle de bain, et vais dans le salon, où il m'attend, je l'avais vu quand je suis allée de-nouveau dans la salle de bain. Il se lève quand il m'aperçoit. Je suis assez surprise de sa tenue, il porte un jeans. Vous vous rendez compte, Jérémie porter un jeans !

Moi : Pas mal le pantalon, ça change des survêt'. Dis-je en le désignant, en souriant.

Jérémie : Tu m'étonnes, je devrais en mettre plus souvent. Dit-il en riant légèrement.

Il pose ensuite son regard sur moi, son sourire ne s'efface pas.

Jérémie : T'as respecté ce que je t'ai dit, t'es jolie.

Mon regard retrouve mes mains, avec lesquelles je joue. Je suis sûrement rouge de gêne.

Jérémie : T'as rien oublié ? On peut y aller ? Dit-il d'une vois assez calme.

Je vérifie si j'ai mon téléphone dans ma poche, et lui dis que nous pouvons y aller. Nous mettons nos blousons, et sortons de l'appartement, après avoir fermé à clés. Nous descendons, et marchons dans les rues de Rennes. Après une bonne dizaine de minutes, en riant avec les quelques blagues qu'il fait pour détendre l'atmosphère, nous arrivons devant un café, pas beaucoup peuplé.

Jérémie : Tu verras, ils font les meilleurs gâteaux, encore mieux que ceux en boulangerie ! Dit-il avant d'ouvrir la porte.

Nous entrons, et nous installons. J'aime beaucoup l'ambiance de cette endroit, ils sont très accueillants. Nous commandons des boissons ainsi que des gâteaux, et parlons un peu de différents sujets. 

18h30

Je prends mon téléphone pour regarder l'heure, ah oui quand même. Nous sommes ici depuis déjà quelques heures, nous n'avons pas vu le temps passer. Il y a beaucoup de notification sur la conversation du groupe, je regarderai ça plus tard.

Jérémie : Bon je crois qu'on va rentrer, ils nous attendent à l'appartement.

Moi : T'as lu les messages dans la conversation ? Lui demande-ai-je en mettant mon manteau.

Jérémie : Vite fait, mais ils parlent plus de ce week-end. Dit-il en faisant la même chose.

Moi : Il y a quoi ce week-end ?

Jérémie : Et bien... Avec Sacha, Yro, Rico et Zarma, on va sur Paris pour la semaine du Planète Rap à Skyrock. Dit-il, comme s'il se sentait coupable.

Moi : Ah oui ! J'avais totalement zappé ! Dis-je en souriant, en me souvenant qu'ils en avaient parlé il y a peut-être une semaine, ils étaient totalement surexcités.

Il a l'air de se détendre et me dit de l'attendre dehors pendant qu'il paye. J'ai pas tellement le choix, étant donné que je n'avais pas pris d'argent avec moi en quittant l'appartement. Je l'attends donc devant le café, il commence un peu à pleuvoir. Il me rejoint et nous continuons notre conversation, en marchant sur le chemin du retour.

Jérémie : T'auras l'appart' pour toi toute seule. Tu... tu penses que ça va aller ?

Il me demande ça avec beaucoup d'inquiétude. Non, je délire complètement, il veut juste savoir si tout se passera bien pour les courses, ou même le ménage.

Moi : Oui, ça ira, je passerai plus du temps avec mon frère, ou même Noémia. Et même le groupe entier, faut que je rattrape le temps perdu, en une semaine, ça se fera. Lui dis-je en souriant.

Jérémie : Tant mieux. Dit-il lui aussi en souriant, avant de reprendre. Tu sais que... qu'on sera pas là pendant plus d'une semaine ?

Je fronce les sourcils un instant en le regardant, puis me souviens qu'ils partent directement en tournée après leur semaine à Paris. Je regarde alors devant moi, en ne lui répondant pas. C'est pour ça qu'il avait l'air si inquiet. La pluie tombe de plus en plus fortement. Nous nous dépêchons alors pour rentrer. Le trajet se fait en silence. 

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-On a roulé- | Lorenzo [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant