Chapitre 3 : Revivre les premiers instants

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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Anaïs- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Cette chanson me rappelle le soir de notre rencontre.

Nous nous sommes rencontrés à la fête qui célébrait notre intégration à la fac. Nous étions tous les deux des premières années et nous sommes retrouvés dans le même groupe d'activité. Je ne savais même pas tout à fait comment il s'appelait, mais je l'ai directement remarqué. Excité comme une puce, ne tenant pas sur place, il gérait mal ton stress ; il gère toujours aussi mal ton stress. C'est la première chose que j'ai retenu sur lui : il est toujours dans l'excès : excès de joie, excès de tristesse, excès d'enthousiasme. Et ce jour-là, c'était un excès de stress et d'excitation, car on devait monter sur scène et présenter nos talents. Il allait jouer du piano, et moi chanter. Nous étions assis l'un à côté de l'autre et il se plaignait d'être tellement nerveux que ses doigts en tremblaient et moi de ma difficulté à choisir une chanson. J'avais le choix entre deux chansons, et je lui ai chanté un extrait de chacune pour qu'il m'aide à choisir. Parmi elles, la chanson qui résonne actuellement dans la maison d'Angelo « Halo, Beyoncé ». Ce jour-là, j'avais à peine lancé deux lignes de la chanson qu'il s'est exalté, m'a complimenté. J'ai décidé à cet instant que je l'aimais bien et que j'appréciais sa compagnie. Pas parce qu'il m'a complimenté, mais parce qu'on a les mêmes goûts musicaux. Et quand on aime la même musique, c'est qu'on est bien fait pour s'entendre non ? J'avais aussi décidé que je l'aimais bien parce qu'il était drôle : il a un humour de merde et lance des blagues toutes pourries, mais il me fait quand même rire, par sa gestuelle, sa façon de bouger, très maladroite. Il avait aussi cette candeur, cette joie en lui ; dans sa voix plus aiguë que grave qu'il essayait tellement de cacher pour être soi-disant plus masculin.

Il était tout maigrichon, voire fragile. Mais cette idée de fragilité s'envole dès le moment même où on remarque toute l'énergie et l'enthousiasme qu'il met dans chacun, de ses gestes.

Grand, enfin, juste comme il faut. On savait tout de suite qu'il était sportif. Basket, je devinais par ses longues jambes toutes fines dans son jean.

Il portait une chemise à carreaux qui flottait sur son corps maigre, laissant apparaitre ses bras, puis ses mains et ses doigts longs, fins et habiles, fidèles à sa qualité de pianiste.

Perché sur son coup assez long, une tête ni trop grande ni trop petite, un sourire insouciant, des joues assez importantes pour quelqu'un de sa corpulence ; et des yeux brillants, pleins de vie, mais fatigués qui m'ont directement fait imaginer une passion pour l'écran, les jeux je supposais, et j'avais raison.

Mais tous ces détails-là, je ne les ai remarqués qu'après sa chevelure. Il était difficile de ne pas avoir l'attention attirée par cette crinière sauvage, qui malgré sa longueur limitée ne pouvait s'empêcher de s'éparpiller en épis, formant comme des pics sur sa tête. Ça lui ajoutait un air encore plus enfantin.

Avant même de connaître son nom, j'avais décidé qu'il serait mon ami et qu'il était un hérisson (à cause de ses cheveux, mais aussi de ses joues). J'ai cette étonnante habitude d'imaginer les personnes que je connais comme étant des personnages de dessins animés, que ce soit en animal ou toute autre créature non humaine. Et ce nouvel ami était le hérisson maladroit, que l'on pouvait considérer comme un geek hyperactif, très gentil et avec un sourire éblouissant.

Il y avait en lui quelque chose d'exotique que j'ai décelé avant même de l'entendre parler, je m'attendais donc à un accent et fut surprise d'entendre un Français net, brut.

J'ai d'instinct deviné qu'il était italien quand il a prononcé son nom « Je suis Ricardo, en passant », « Hey hérisson Ricardo, je t'appelle comme ça parce que tu me fais penser à un hérisson. Anaïs ».

Et il a pouffé de rire. 

Voilà où me ramenait cette chanson qu'Angelo vient de mettre. Et je me suis rendue compte qu'à partir de maintenant, il fallait que je fasse attention aux chansons que j'écoute, car certaines pourraient me ramener à des souvenirs avec lui.

C'est douloureux de réaliser que le monde n'est plus pareil maintenant, et qu'il faut se débarrasser des parties de ce monde qui nous rattachent à une personne, car il faut s'en détacher.

Mais qu'est-ce qu'on fait quand chaque part de son monde est rattachée à cette personne ? Quand il n'y a rien qui ne te la rappelle pas ? Quand ton monde tourne autour de cette personne, car elle est au centre de ton univers. 

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Tadaaam , comme promis, je commence à publier un peu plus souvent. Même si j'avoue que ce n'est pas encore tout à fait ça, mais je m'améliore. 

Petit chapitre de même pas 1000 mots, pas de lettres, mais quelques souvenirs qui clarifient un peu plus l'histoire. 

Revivre leurs premiers instants avec Anaïs et comment elle l'a vécu. Ils n'étaient qu'amis à l'époque, mais est-ce qu'on accorde autant d'importance aux détails, est-ce qu'on admire autant une personne, quand on veut juste être amis ? Peut-être l'aimait-elle déjà plus qu'elle ne voulait l'admettre depuis leur première rencontre. 

Qu'en dites-vous ? 

Prochain chapitre très bientôt, avec la suite de la lettre qui s'est arrêtée où déjà ? 

... le centre de mon univers. 

Bises. 

Lettres à mon amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant