Chapitre 11

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Ah ! Enfin une journée de terminée ! Bon, en revanche, parmi Sasha ou Spencer -Colin étant dans la même classe que moi, je vous rappelle-, je suis la seule ayant terminée tôt. En parlant de Colin ; pour je-ne-sais quelle raison, il m'a à moitié ignoré tout l'après-midi. Il m'évitait, c'était flagrant. Ce qui m'a valut un travail d'anglais toute seule ! La vie est si triste...

Enfin bon, maintenant, je suis tranquille, et Colin reviendra me parler s'il veut. Assez parlé de lui, j'ai actuellement faim donc, je vais m'acheter à grignoter -à Sasha, aussi-. Honnêtement, cette journée aura été un peu épuisante, mais cool. Je me sens bien, là, sûrement dû à la petite sieste étouffée par le bras de Spencer. Tant que j'y pense, ça me surprend beaucoup parce que je me suis très vite endormie. Peut être parce que la musique était apaisante. 

Tout en sortant du lycée, je sors mes écouteurs, les enfonce dans mes oreilles et repasse la musique. 

- What a shame !? Baby, what a shame... je fredonne. 

C'est marrant, il n'y a personne dans la rue. Même les petits vieux qui habitent aux alentours ne sont même pas sortis pour arroser le jardin. D'un côté, tant mieux, j'aime bien encore une fois être isolé dans ma musique. Le soleil tape un peu, par contre... 

Un lycéen, m'ayant sûrement repéré -oui parce que, je suis une sublime créature- passe en moto à côté de moi, faisant ces affreux bruits en me fixant. Quand je croise son regard, il affiche un sourire dragueur. A la place, je pointe mon index vers ma bouche ouverte, dégoûté. Comme je m'y attendais, il se vexe comme un poux et repart en faisant encore plus de barouf qu'il y a quelques secondes. En attendant, j'augmente le volume de ma musique. Ah... On est pas bien, là ? 

Subitement, des mains entourent ma taille et un souffle chaud dans mon cou me fait sursauter. Je m'apprête à retirer mes écouteurs mais on me plaque au mur de la vieille usine du trottoir, si fort que je grimace de douleur. Un de mes écouteur glisse de mon oreille, et je soupire de soulagement en voyant que ce n'est que Colin.

- Oh, c'est toi ! Tu m'as fait peur !

Il paraît livide, comme s'il était en manque de quelque chose. Je fronce les sourcils.

- Tu vas b...

Il m'embrasse sauvagement, coupant ma parole. Bah dis donc, il n'y va pas de main morte ! Il me fait un espèce de lavage de bouche, collant son corps au mien sans hésitation, et me serrant les hanches. Je n'aime pas spécialement me faire accoster comme ça, on dirait que je suis un jouet, un divertissement... Mais je ne parviens pas vraiment à protester. Je ne peux pas. Il me bloque littéralement, avec son large corps et sa tête qui plaque la mienne contre le mur de béton abîmé. Mes mains, comme par hasard, se sont retrouvées derrière mon dos. Mais bon, il n'ira pas loin, normalement ! 

Cependant, il laisse balader ses mains sur mon corps, allant de ma taille, passant par ma poitrine et redescendant dangereusement vers les délimitations de mon haut.

- Colin... arrête, s'il te plaît...

Mais il descend ensuite sa tête dans mes épaules, ses doigts broient mes hanches pour remonter lentement vers le haut de mon ventre. Je tente de détourner la tête, mais d'une main, il m'emprisonne la mâchoire. Bordel ! Mais qu'il me laisse partir !

- Colin, arrête ! Je parviens à dire avant qu'il ne m'embrasse à nouveau. 

C'est alors qu'il se dirige vers l'agrafe de mon soutien-gorge. Je courbe brusquement le dos, libère une de mes mains et sans penser aux conséquences, je lui décoche un coup de poing. Il retombe dans un gros bruit, mon corps se remettant doucement de sa panique. J'ai terriblement envie de glisser jusqu'au sol pour calmer les tremblements qui s'emparent peu à peu de moi, mais je dois me montrer courageuse ! Comme si ça ne m'avait pas touché ! 

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "arrête" ?! Je m'écrie, les poings serrés. 

Il se rassoit au sol, un bleu à la joue. 

- Je...

- Tu quoi, hein ?! 

Les yeux baissés comme un pauvre chien battu, il marmonne :

- J'en avais besoin...

- C'est pas parce que tu en ressentais le besoin que tu devais me tripoter comme ça, Colin ! 

Son petit rire me fait un peu reculer. 

- Tu en avais autant envie que moi... Dit-il en relevant la tête. 

Son regard, aux pupilles extrêmement dilatées, me fait déglutir difficilement. 

- Je crois pas, non ! Si j'en avais eu envie, je te l'aurais dit et je n'aurais pas essayé de te dire d'arrêter ! Et je me serais au moins bien retenue, moi ! 

- Mais regarde ! Il se relève, me pointant de ses mains. Tu trembles d'envie !

Mes tremblements augmentent encore plus. Je tente de les masquer. Il est vraiment con de croire que mes tremblements viennent de ça, bien au contraire !

- Je... Tu... Mais, qu'est-ce que tu crois ?! Je trembles tellement tu m'énerve à croire une chose pareille ! Je crie. 

Faux ; je tremble parce que j'ai eu vraiment peur.

- Mais n'importe quoi ! Tu m'embrassais comme une folle, et tu ne me repoussais même pas avec tes mains ! Redescends sur terre, tu n'ose pas m'avouer que tu ressens ce sentiment aussi fort ! Sérieusement, la prochaine fois, évite de te mentir à toi-même et de m'accuser quand c'est toi qui m'allume, à ne pas me parler pendant des heures rien que pour me rendre encore plus fou ! Tout ce que tu fais, c'est juste me faire souffrir parce qu'on dirait que tu me repousse parce que tu ne m'aime pas...

Et tandis que je le regarde, estomaqué, il s'éloigne d'un pas rageur, en répétant "Reviens à la raison !". Mais... je... Et s'il avait raison ? Si je ne parvenais même pas à comprendre que j'ai juste envie de lui ? Je suis vraiment bête, d'avoir réagit comme ça. On est en couple, c'est tout à fait normal qu'il veuille m'embrasser...

- Bah... Alia ? 

Oh non mais qu'est-ce qu'il fout là, lui ? Spencer, la bouche pleine de Doritos, me regarde d'un air surpris. Prise d'une impulsion, je me jette sur lui, lui arrache son paquet de gâteaux apéro et l'écrase en criant "Stupide ! Imbécile ! Bouffonne ! Argh !". Tandis que, comme un bambin, je saute à pieds joints sur les triangles épicés, Spencer fixe son paquet décapité. Quand je finis enfin d'écraser une simple bouillie de morceaux oranges, le paquet emporté bien loin de nous par le vent, je recule en ponctuant d'un "Vilaine !". 

- Alia ! S'étrangle Spencer, en me voyant tremblante et sur les nerfs.

A Cœur OuvertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant