Aurore s'approche fébrilement du bar. Colin lui a donné rendez vous la veille. Comment s'est il procuré son numéro ? Elle n'en sait rien. Cela fait maintenant une semaine qu'Aurore s'est rendue au Camp des Loges afin d'y déposer son curriculum vitae. Pas de réponse. Aurore commence à désespérer. Va-t-elle finalement rester toute sa vie derrière le comptoir de ce magasin de vêtements ? Elle soupire.
La première chose que lui a dit son père lorsqu'elle lui a annoncé le rendez vous donné par Colin c'est : " Mon frère est un con".
A quelque mètres d'elle, Colin lui fait un signe de la main afin qu'elle le rejoigne. Ils sourit franchement. Il semble content de rencontrer Aurore après toutes ces années.
- Aurore !
Il s'approche d'elle et lui fait la bise. Il remarque quelque chose autour de son cou. Un médaillon gravé Aurore Dagba. Il sourit, il a le même chez lui. Leurs pères ont du le graver en même temps, lorsqu'ils étaient encore nourrissons. Cette fille, il ne la connait pas mais il se sent déjà proche d'elle.
- Je voulais te voir pour te le dire de vive voix. Tu as été prise comme photographe officielle du Paris Saint Germain ! J'avoue que j'ai un peu appuyé ta demande de job.
L'attitude de Colin est radicalement différente de la semaine dernière. Aurore pense que le stress de la rencontre l'a perturbé l'autre fois, c'est ce qui a du provoqué cette timidité.
L'annonce qu'il vient de lui faire la surprend. Elle met du temps à se rendre compte des mots qu'il vient d'énoncer.
- Tu commences lundi.
Aurore sourit. Elle ne sait pas quoi dire. Elle trouve cette situation bizarre. Retrouver ce cousin perdu de vue ressemble à un roman cliché pour adolescent mais pourtant c'est ce qu'elle est bien en train de vivre. Et ce cousin est assis en face d'elle. La jeune fille regarde son téléphone. Maria doit la rejoindre bientôt. Avant le rendez vous, son amie lui a promis d'être à ses côtés, seulement si elle passait quelques minutes en tête à tête avec Colin.
Plus elle regarde son cousin, plus Aurore se dit qu'il plairait bien à Maria.
- Qu'as tu fait durant ces vingt dernières années, se hasarde-t-il à demander.
- Je... je suis devenue une femme.
Elle marque en silence. Sa tentative d'humour semble avoir échoué. Colin n'a même pas esquissé un petit sourire.
- J'ai fait des études de photographie, je suis passionnée par l'art. Et de puis quelques mois je cherche un travail stable.
- Tu regardes les matchs du PSG ?
- Non, répond Aurore à demi-mot. Je suis pas fan de football. En fait je trouve que c'est un sport de crétin arrogant.
Aurore se rend compte que ses mots sont sortis tout seuls. Elle regarde Colin, gênée et murmure un petit "oups". Contre tout attente, son cousin éclate de rire. Un rire franc et communicatif. Aurore ne peut s'empêcher de rire elle aussi.
- En tout cas, tu as tapé dans l'oeil de Kylian, continue-t-il.
Aurore s'arrête de rire. Elle repense à ce garçon qu'elle a rencontré en boite de nuit. Car, oui, ses souvenirs sont revenus à propos de cette nuit là. Elle se souvient bien avoir beaucoup bu, puis être sortie de la boite de nuit. Elle se souvient également avoir vu pour la première fois Kylian à l'extérieur du bâtiment puis, trou noir. Elle se souvient ensuite de la présence du jeune homme dans la chambre d'hôpital, à son réveil. Elle se rappelle de son sourire lorsqu'elle a ouvert les yeux.
Pourtant, lorsqu'elle l'a revu il y a quelques jours, elle l'a trouvé terriblement arrogant. Son sourire moqueur, quand il s'est rendu compte qu'il se trouvait en face de la fille ivre morte qu'il avait aidé, l'a terriblement agacée. Ses tentatives de drague à deux balles constituées de disquettes en tout genre et aussi éclatées les unes que les autres l'ont déplu.
- C'est un con.
- Pourquoi tu dis ça ? C'est vrai qu'il a l'air un peu con au premiers abords mais c'est quelqu'un de très bien. Tu verras.
- Je n'ai pas envie d'apprendre à le connaitre. Les cons ça se repère à des kilomètres.
- C'est un de mes meilleurs potes.
- C'est peut être un con qu'avec les filles.
- Tu lui plais, avoue Colin. Il est maladroit, c'est tout. Laisse lui une petite chance de te prouver que c'est un gars bien.
Aurore soupire quand elle aperçoit au loin son amie Maria. Maria et elle se connaissent depuis le collège. Dans la même classe en sixième, elle se sont de suite rapprochées. Les professeurs les appelaient les deux siamoises. L'une n'allait pas sans l'autre. C'est avec Maria qu'elle a fait ses premières bêtises et qu'elle a vécu des expériences inoubliable : comme la fois où elles ont décidé de partir à l'autre bout du monde sur un coup de tête. Puis elles ont rencontré Laure, au lycée. Ca a été le coup de foudre amical. Depuis, elle ne se lâchent plus. Les études les ont séparé : Maria est partie en médecine tandis que Laure s'est dirigée vers une faculté d'économie.
- Salut les deux cousins ! s'exclame Maria.
- C'est qui ? demande Colin.
- Maria, ma meilleure amie.
Aurore remarque que Maria rougit devant Colin. Elle lui file un petit coup de coude dans les côtes afin qu'elle arrête de le dévorer des yeux.
- Je suis content d'avoir enfin pu te rencontrer, déclare Colin avant d'attraper son sac et de se préparer à partir au centre d'entraînement.
- On se retrouve lundi, de toute façons, rappelle Aurore en souriant.
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Voici le 2e chapitre !