Un magnifique miroir, que je ne vis que l'instant après que j'ai enfilé cette robe noire, me faisait face. Je me dévisageais moi-même, dans ce long et imposant vêtement.
Je n'étais vraiment pas habituée à porter ceci. Elle me serrait à la taille, tout comme les robes que nous verrions maintenant au 19e siècle, et laissant seulement mes épaules dénudés, elle me recouvrait le bras de cette fine mais chaude laine. Celle-ci arrivait même à recouvrir le dos de mes mains, et je mis un moment avant de comprendre comment cela s enfilait.
J'essayais d'arranger mes cheveux châtains, en pétard, et les attachais en une tresse certes aux allures un peu folles mais au moins, j'étais coiffée. Mes yeux dorés, fatigués repassaient en révision mon corps et ma tenue.
De ce qu'on disait, mon physique était tout à mon avantage, à part peut être ma petite taille et mes formes qui me faisaient défaut à chaque fois que je me retrouvais dans des endroits avec de belles nymphes minces et grandes, parfaites.
Bien sûr, dire que des nymphes sont plus belles que moi, jamais je ne le ferai à voix haute. Je suis une déesse, je n'avais en aucun cas intérêt de me comparer à elle, sinon je me faisais et me fais taper sur les doigts.
Or Mère m'a toujours appris qu'il y a toujours meilleur que sois même, que nous ne sommes tous excellents dans certains domaines en particulier, il fallait juste trouver sa branche.
Je souris de mes fines lèvres roses à mon reflet, qui me renvoya seulement une moi que je ne reconnus pas. Une moi angoissée, fatiguée et préocupée dans une tenue de carnaval, enfin, c'est ce qu'il me semblait à ce moment là.
Je sortis de la salle en plissant les yeux et en mettant les mains devant, ne voyant pas où j'allais. L'obscurité était omniprésente ici. Manque de chance, je tribuchais et faillis tomber, alors que je m'accrochais à quelque chose, ou à quelqu'un.
- Tiens tiens tiens, voici une nouvelle invitée, fit quelqu'un, une femme reconnus-je.
- Euh, bonsoir, lui répondis-je en essayant de mieux la distinguer et en me reculant, gênée.
Mais je ne parvins qu'à voir sa fine silhouette et sa grande taille dans la pénombre.
- Que nous vaut cet honneur ? m'interrogea t-elle en se plaçant désormais dans la lumière.
Cette étrangère était vraiment d'une beauté époustouflante, avec ses cheveux rouges, impeccables, et ses yeux d'un marron noisette. Sa peau bronzée et son corps de rêve en aurait bien fait tomber des hommes. Elle devait être très jalousée ici.
- Eh bien, vous pourriez peut être m'aider...Je cherche Hadès... balbutillais-je, admirative.
Il fallait que je me reprenne, j'étais une déesse non ? Certes, Mère m'a appris l'humilité or, c'était une question d'honneur. Bon, on va dire que cette fois là, c'est la faute de la jeunesse.
- Pourquoi le seigneur des Enfers voudrait-il te voir ? se moqua t-elle.
Elle se mit à rire franchement, me prenant de haut. Je n'eu aucune réaction, chose tout à fait regrettable maintenant. Je me rappellerai toujours de ce rire là. A la fois d'une grâce absolue, mais tellement agaçant à l'oreille !
- C'est une longue histoire, disons seulement que c'est là mon hôte...Je m'appelle Cor..Perséphone, fis-je en lui tendant ma main.
-Menthé, répliqua t-elle en la serrant à contre cœur, un sourire professionnel aux lèvres. Tu as là une jolie robe, très jolie robe, ajouta t-elle en me dévisageant.
Je ne savais que répondre à cette femme qui semblait déjà me détester. Elle me regardait d'une façon tout à fait haïssable, avec cet horrible air supérieur sur son visage. Cela la défigurait. Elle prit ses cheveux entre ses doigts et claqua la langue contre son palais.
- Perséphone ? m'appela la douce voix d'Hadès, près de mon oreille. Oh, Menthé, salua t-il ensuite, se passant la main dans ses cheveux, horriblement gêné.
- Bonsoir, Monseigneur, répliqua t-elle sur un ton vexé me semblait-il.
Mais que se passait-il ici ? Ces deux là avaient l'air...Bizarres. Hadès ne savait pas quoi dire et Menthé semblait lui bouder.
Je surpris un regard entre ces deux là, mais Le seigneur des Enfers se tourna sur moi et me prit par la taille.
- Ravi de voir que vous vous êtes déjà rencontrées mesdames, déclara t-il, un sourire forcé figé sur son beau visage.
Menthé ne le regardait plus, ses yeux maintenant dirigés vers la main du dieu sur ma taille. Je ne comprenais pas. J'étais tellement naïve !
- Y a t-il un problème ? demandais-je après un long silence assez pesant.
- Pas le moins du monde, firent les deux intéressés au même moment, se fixant droit dans les yeux.
- Allez, viens Perséphone, nous avons des choses à faire, me déclara t-il en se tournant vers moi.
- Oh, vous allez la présenter aux Enfers ? demanda Menthé sur un ton qui se voulait piquant.
- Bien sûr, je suis son hôte, il faut bien qu'ils sachent que Perséphone est sous ma protection personnelle...
- Vous, son hôte ? répliqua la nymphe d'une voix calme.
- Pour le moment en tout cas, lui répondit-il en me serrant un peu plus contre lui.
Je ne relevais pas, mais alors que nous tournâmes les talons pour partir chacun de notre côté, je pris note de cet énorme et odieux mensonge : il y avait bel et bien un problème, seulement je n'étais pas invitée dans cette confidance, du moins, pour le moment.
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Une narcisse endiablée
RomanceCeci est une histoire reposée sur des faits mythologiques. L'histoire raconte celle du couple infernal (Hadès+Perséphone) du point de vue de la déesse qui finalement n'a pas eu beaucoup la parole dans ce mythe. Est ce une question d'attirance ? De...