Chapitre 5 Une jalousie inexplicable :

118 11 4
                                    

Je ne voyais pratiquement rien ici. Le Roi à qui je m'agrippais maintement me dirigeait je ne savais où à travers ces couloirs sombres. Le sol était toujours aussi chaud et agréable.

Je voulais savoir pour Menthé, mais quelque chose me disais de me taire.

Je me mordais l'intérieur de ma joue droite. Je n'allais quand même pas être jalouse d'elle ! Le seigneur des Morts pouvait très bien fréquenter qui il voulait quand il le voulait, cela ne me ferait rien. Non, rien du tout.

Mais alors pourquoi je me posais tant de questions sur cette nymphe ? Pourquoi je me mettais à la détester du plus au point ? Pourquoi tout mon être ne désirait qu'une chose, l'envoyer valser ?

Quelles questions... Ce n'était là en rien de la jalousie, seulement de la curiosité mélangée à de la haine pour cette nymphe qui a osé rabaisser une déesse.

Je tentais d'observer mon hôte qui tourna la tête en ma direction. Il me sourit mais je ne le lui rendis pas. Non. Moi aussi j'allais lui bouder.

Tout d'abord, il me kidnappe, comme ça, alors que je cueillais tranquillement des fleurs et gambadais avec mes amies; ensuite, il me dis qu'il me veut à ses côtés pour l'éternité juste avant que je croise cette Menthé avec qui il avait l'air de se passer quelque chose... Mais c'était qui elle au juste ?! Ce regard. Il avait eu ce regard à la vision de son corps bronzé.

Je voulais m'arrêter, lui lâcher le bras et partir, partir loin de lui. Je savais que je n'avais pas de quoi pour le moment, mais je me sentais trahie. C'était quoi ce délire ?! Avait-il eu vraiment une liaison avec elle ?

Hadès fronça les sourcils d'un air inquiet dans la pénombre. Je ne le regardais même plus, attendant d'enfin voir le bout de ces tunels.

-Perséphone, tu vas bien ? s'inquièta t-il. Ecoute je ne sais pas ce que t'a dit Menthé mais... tu ne dois pas en tenir compte, termina t-il après un moment d'hésitation.

"Ce n'est pas le moment, me soufflait une voix dans la tête, ce n'est pas le moment... Tu ne voudrais pas qu'il pense que tu es jalouse ? "

Je me tus un instant, partagée entre mon intinct et ma curiosité. Non, si Mère m'a bien appris quelque chose, c'est d'écouter son instinct.

- Pas d'inquiètude, je suis juste un peu anxieuse, je vais quand même devoir me faire présenter devant les Enfers, ce n'est pas rien...

Hadès soupira, visiblement un peu soulagé. Il s'attendait sûrement à ce que je lui parle de Menthé, d'ailleurs, il ne releva pas le fait que, comme une très mauvaise menteuse que je suis, j'ai balbutillé, évitant son regard.

- Perséphone, tu es très bien comme cela, tu n'as pas à t'en faire, et puis, tu es sous ma protection durant ce séjour ici...

- Vous comptez me rendre à Mère ?

Celui-ci se tendit à cette question. Pourtant, il a bien parlé de séjour non ? Cela voulait dire que tôt ou tard, j'allais être libre ?

- Non, tu demeureras à mes côtés, du moins je ferai tout pour, répondit-il alors qu'une lumière aveuglante se faisait voir au bout du couloir. Nous y sommes, tout ce que tu auras à faire, c'est te taire et me laisser la parole, ajouta t-il, un sourire en coin.

- Bien, Monseigneur, dis-je de façon à ce qu'il comprenne mon mécontentement.

Et il le comprit très bien. Il me lançait un regard enjoué en biais et s'arrêta avec un sourire éclatant sur le visage.

- A vous l'honneur, Coré, me souffla t-il, me laissant passer devant.

Je ne sus pas pourquoi, mais le fait d'entendre de sa bouche le nom que l'on m'a toujours donné depuis petite me plu. De lui, ce nom paraissait extraordinaire et magnifique. Mais, il n'empêche que cela ne me plaisait toujours pas ces manières.

Une grande assemblée semblait m'attendre depuis une éternité. Il est vrai que je n'ai pas pensé une seconde à eux depuis que l'on est venu me dire que j'allais être présentée face à eux. Les pauvres.

- Chers résidants de ce beau royaume, j'ai le plaisir de vous annoncer l'arrivée d'une invitée très chère à mes yeux. Perséphone ici présente nous tiendra compagnie et sera sous ma protection personnelle, respectez la comme une reine, je compte sur vous tous, sinon, une punition et augmentation des taxes se fera sans plus attendre. Merci.

Les personnes applaudirent dans l assistance tandis que troublée, je me tournais vers le dieu à mes côtés. Il avait besoin de moi juste pour dire ceci ?

Hadès fit signe de se taire.

- Je préférerais aussi qu'aucune photo d'elle ne sorte d'ici, ni qu'aucune information soit transmise en dehors de notre royaume. Ceci est une longue histoire, mais c'est tout ce que vous avez besoin de savoir. Moi et Perséphone serions ravis maintenant de répondre à toutes les questions que vous voulez.

Sur ce, il me prit par la taille et nous fîmes descendre du haut balcon qui nous faisait dominer toute l'assistance.

Un premier journaliste fonça droit sur moi.

- Mademoiselle Perséphone c'est cela ? Pouvez vous dire que vous avez su vous et vous seule séduire notre bon Roi ?

Je regardais Hadès. Menthé me vint de suite à l'esprit. Je me retournais vers le journaliste.

- Je ne sais pas si ces mots sont bien appropriés, répondis-je, un sourire gêné aux lèvres.

- Oh ils le sont..Oui, je n'ai su résister à ses charmes, fit-il alors que je baissais la tête.

- Très bien, pouvez vous Monsieur, dire à présent que Perséphone est votre seule fréquentation et que c'est pour être avec elle que vous l'avez enlevé ?

- Oui, on peut dire cela... répliqua Hadès qui s'était raidi à mes côtés.

- Est-ce que vous, Dame Perséphone, comptez vous devenir notre Reine ?

Je ne su quoi répondre. Moi, devenir leur reine ?

- C'est une question délicate vous ne trouvez pas ? lança le seigneur des Ombres sur le ton de la rigolade.

Mais au fond, on le savait tous, il ne rigolait pas.

- Oh, mes excuses, seulement le royaume s'impatiente...On pensait qu'avec Menthé...

- Perséphone est peut être fatiguée maintenant, rentrons, le coupa t-il.

- Mais, et nous ? lancèrent les autres derrière.

- Plus tard, grogna t-il. Plus tard j'ai dis ! s'emporta le dieu des morts lorsqu'un autre voulu l'intercepter.

Tandis que la fureur s'observait dans ses yeux qui tournaient au rouge, je gravis les marches, arrivais au balcon, et courus jusqu'à ne plus en pouvoir dans cet énorme bâtisse qui servait de demeure divine.

Menthé, Menthé et Menthé, ce nom revenait trop souvent aujourd'hui. Pourtant, ceci ne fut que mon premier jour aux enfers.

Allais-je vraiment être jalouse pour quelqu'un que je ne voulais même pas posséder ?

Je me mordis la lèvre. Non, Mère m'a mieux élevée que cela, du moins et je l'espérais.

Ce n'était là que de la haine non pas par rapport à Hadès, seulement parce que je détestais les gens qui prennent les autres de haut, alors même qu'ils ne sont pas en position de le faire.

Une narcisse endiabléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant