Chapitre 4

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Mon sentiment de solitude, si présent depuis la mort de mon fils, commence enfin à s'estomper. Ma nièce, installée dans nos appartements depuis bientôt trois mois, occupe une grande part de mon temps. C'est une enfant souriante et agréable qui fait déjà quasiment ses nuits, ce qui satisfait particulièrement mon époux, soucieux de préserver son intimité avec moi. Je sais bien cependant qu'il désapprouve mon initiative et ose un jour l'interroger directement sur le sujet :

- « Loki, même si tu m'en as donné l'autorisation, je sens que tu n'apprécies pas la présence de Tallia à nos côtés... Peux-tu m'en expliquer les raisons ? »

Mon seigneur fronce les sourcils et sa bouche se plisse. Il est évident qu'il s'apprête à me dire des choses peu agréables :

- « Marie, je vais être très clair. Ce n'est pas ma nièce qui me dérange, je la trouve adorable au contraire. Mais je crains que sa présence ne te dissuade encore plus d'avoir un autre enfant. Or, il me faut un héritier à tout prix ! Je crois t'avoir laissé suffisamment de temps et si tu ne te résous pas à te plier à ma volonté, je te forcerai à le faire. Tu porteras mon nouveau fils que cela te plaise ou pas. »

Je suis si stupéfaite de la violence de ces paroles que mes jambes manquent se dérober sous moi. Le souffle coupé, je n'ai même pas la force de me révolter. Je n'arrive pas à croire que mon époux envisage de pratiquer un nouveau sortilège pour rendre notre union fertile sans mon consentement. Il devrait pourtant comprendre que je ne parvienne pas à oublier Arax et ne puisse accepter l'idée de le remplacer ! Je quitte la pièce sans même le saluer pour aller retrouver Tallia, qui me réconforte de son innocent sourire. Afin de chasser mes idées sombres, je la prends dans mes bras pour l'emmener promener dans la roseraie du palais.

Une heure plus tard, alors que nous avons parcouru l'ensemble des allées du jardin et que je m'apprête à rentrer, il se produit un phénomène très étrange qui me laisse sans voix. Alors que la fillette tend sa petite main vers une rose orangée, les pétales soyeux se détachent soudainement de la fleur et se mettent à tournoyer autour de son visage. Ravie, l'enfant s'agite et cherche à s'en emparer dans un éclat de rire cristallin. Stupéfaite, je me saisis d'un pétale pour l'examiner alors que retentit derrière moi la voix puissante de mon seigneur, sans doute venu à ma recherche, qui me fait sursauter :

- « C'est une sorcière », dit simplement Loki, avant de faire demi-tour sans ajouter un autre mot.


(Loki songe)

Ma découverte éclaire la situation d'un jour nouveau. Si la fille de Thor est apte à être initiée, je pourrai sans nul doute en faire ma disciple. Mais ce ne sera pas sans contrepartie. Mon frère devra auparavant accepter de désigner Kay comme notre légitime successeur. Je serai si fier de voir un jour mon fils monter sur le trône d'Asgard ! Je décide de rendre immédiatement visite au dieu du tonnerre, sans doute comme à son habitude en séance d'entrainement au combat. Je le trouve en effet les armes à la main, affrontant lady Sif, plus virevoltante que jamais, sous le regard attentif des trois guerriers. Comme il parvient à la désarmer d'un habile coup d'épée, la jeune femme, feintant sur le côté, lui assène un magistral coup de poing qui le fait tituber et chuter au sol. Je profite de cette interruption involontaire pour manifester ma présence :

- « Bonjour, mon frère. J'espère que la pierre n'est pas trop dure ! Pourrais-tu m'accorder quelques instants, je souhaite te parler. »

Le dieu de la foudre, visiblement humilié de sa défaite, me répond néanmoins avec une amabilité forcée :

- « Bien sûr. Nous pouvons retourner dans mes appartements pour être tranquilles, si tu préfères. Nous nous verrons plus tard, mes amis. »

ANGE ET DEMON, UNE LEGENDE D'ASGARD - TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant