Les Dragons Ont Le Sang Chaud [MxM]

Chapitre 13 - 1/2

Terence écrivait.

Sa plume préférée – une folie que Theodore lui avait offert pour son anniversaire – s'affairait sur du parchemin de qualité, le couvrant d'encre petit à petit, au rythme de son inspiration. Parfois, il lâchait son parchemin des yeux pour les perdre dans un livre ou deux, à la recherche d'informations précises... puis il reprenait sa séance d'écriture dès qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait.

Theodore ne lui avait pas menti ; la bibliothèque était désertée par tout le clan des MacFusty. Du moins, la plupart du temps... Il arrivait parfois que des gamins viennent l'embêter, courir entre les allées remplies de livre, briser le silence, la sérénité de l'endroit ainsi que sa petite bulle hors du temps et de l'espace.

Terrence ne leur en voulait pas – il trouvait même leurs irruptions récréatives ; ils l'obligeaient à sortir de son petit monde, à se reconnecter à la réalité... à descendre de son petit nuage. Parfois, les gamins étaient accompagnés d'un adulte, qui nourrissait le Terence sauvage directement dans sa tanière avec thé et autres petites gâteries. Ce qu'il appréciait beaucoup.

Cela arrivait régulièrement qu'il ne quitte pas son antre de toute la journée, qu'il passe celle-ci à travailler sur ses récits, avant de retrouve la vie du clan le plus naturellement du monde. Il s'était fait relativement rapidement au rythme de vie du clan, avait trouvé sa place sans trop de mal, et appréciait de pouvoir se concentrer sur sa carrière d'écrivain – même s'il ne voyait pas beaucoup son petit-ami.

Généralement, celui-ci passait la journée dehors, à s'occuper des Dragons, et quand il rentrait enfin, il tombait de sommeil après avoir avalé un bon repas. Mais Terence ne se plaignait pas. Il sentait bien qu'il était épanouie, qu'il aimait ce qu'il faisait, et c'était tout ce qu'il demandait à Merlin.

Cinq ans s'étaient presque écoulés depuis qu'ils s'étaient installés au château, mais ni l'un ni l'autre ne semblait blasé de cette vie. L'île était grande, la vie agréable – même si elle accueillait des Noirs des Hébrides en nombre... le clan faisait en sorte qu'ils se sentent chez eux, intégrés, bien qu'ils ne partagent pas leur vie depuis longtemps.

Terence cessa d'écrire pour perdre son regard sur le mur de pierre en face de lui, à la recherche de la bonne formulation. Il s'étira, trouva le sens dans lequel mettre ses mots, puis repris sa besogne.

Il était en pleine rédaction de son troisième roman. Le premier, celui qu'il avait écrit d'après les idées de Theodore, avait été édité et s'était vendu comme des petits pains. Du jour au lendemain, Terence Higgs était passé de l'écrivaillon blasé et démotivé à la dernière plume à la mode, à qui on prévoyait une longue et florissante carrière dans l'écriture.

Il avait dû se faire à une nouvelle vie de personnalité connue : les séances de dédicaces, les interviews, les soirées mondaines auxquelles son éditeur le forçait à assister... contrairement à ce que l'on pouvait penser, cela lui plaisait. Du moins, quand ce n'était pas tous les trois jours. Cela lui permettait de quitter l'île, renouer avec le monde extérieur, faire quelques emplettes, se gaver de petits fours et de vin hors de prix.

Son second roman – qu'il avait écrit seul, bien que Theodore lui ait donné un avis franc sur ses idées – s'était aussi très bien écoulé, confirmant ainsi qu'il était un écrivain de renom et non pas un écrivain par coup de chance.

Le troisième, qu'il écrivait actuellement, était sans doute celui qui le satisfaisait le plus pour le moment. Probablement parce qu'il en était encore au premier jet et que le scenario l'enthousiasmait encore.

Terence cessa d'écrire lorsqu'il entendit les bruits caractéristiques de gamins qui ne tarderaient pas à débouler dans la bibliothèque pour l'obliger à lâcher sa plume... ce qui arriva justement.