Compte à rebours : 2 mois
Lui : blondinet, probablement un col blanc dans une grande banque d'investissement, des lunettes plutôt insolites, une montre de marque mais sûrement d'imitation, des chaussures en cuir, costume, cravate, mallette, sans sourire, solitaire, peut-être mélancolique, sans doute marié avec une jolie femme, avec deux enfants – une fille et un garçon – et un chien.
Tous les jours, la même commande : café noir, sans sucre, avec un petit morceau de chocolat 100% cacao et son journal.
Toi : étudiante en dernière année de Master dans une université lambda, avec beaucoup de doutes sur mon avenir, dans un appartement qui fait 9m² à Tokyo, un visage médiocre qui se fond dans la masse, célibataire depuis le jour où le spermatozoïde de ton père à fécondé l'ovule de ta mère, squatteuse professionnelle de comptes Netflix, en retard avec sa thèse de fin d'études. Voilà, médiocre.
Tous les jours, la même tâche : accueillir les rares clients, les conseillers, chercher dans les archives et sortir trois heures après, la poussière au nez. Tu aurais bien aimé travailler dans le petit Starbucks bien fancy d'en face avec un tablier vert et une équipe toute jeune, un peu comme dans un drama ! Prendre une commande, tomber sur le prince charmant ! Ou encore, travailler dans la pâtisserie juste à côté, embibée dans la douce fragrance des gâteaux. Mais non, tu pues les livres. Soyons clairs, ce n'est pas l'odeur des pages neuves et jamais tournées ; tu pues les vielles pages emplaignées d'humidité et d'histoire, les pages oubliées par tout le monde, héritières du passé.
Depuis cette boutique oubliée par les dieux, on assiste à la vie. Le matin, la banlieue tokyoïte se réveille en douceur. Les petites boutiques ouvrent le rideau et les jeunes serveurs commencent à préparer les tables et les machines à café, après avoir mis leur tablier et leur faux sourire chaleureux. Le blondinet arrive tous les jours à la même heure, il rentre dans la même pâtisserie et il en ressort avec le même croissant au beurre. Tous les jours, il prend le même café noir sans sucre, il s'assoit et il lit son journal. Et tous les jours, tu es dans ta petite boutique de livres d'occasions, tu regardes passivement ce qui se passe et tu crées des vies aux passant, un peu comme pour le blondinet qui démarre ses journées en boudant sûrement à cause des mails de ses collègues !
Ah la routine ! Rien n'était plus rassurant que la sensation d'être maître du présent, de prévoir l'avenir. Tu sais parfaitement qu'à telle heure telle personne allait arriver, que tel message allait faire sonner le téléphone, que tel journal télévisé avec tel présentateur allait passer à la télé et que tel jour tu n'aurais toujours pas bossé tes partiels. Il suffisait qu'une seule variable change pour que le jour soit « bizarre », et c'est ce qui se passa un matin comme les autres. Tu vois les gamins habituels, les mêmes boutiques ouvrir tôt et les mêmes bus. Tout semble pareil, tout, mais... mais une petite dose d'énergie négative manque. C'était comme si les nuages manquaient au ciel. Trop de soleil, trop de bonne humeur, trop de sucre... ? Mais oui, le blondinet aux lunettes chelou ! Il doit avoir pris un jour de congé. Enfin, dans une banque d'investissement les congés existent ? Peut-être c'est l'anniversaire de sa fille. Naaah, trop bizarre, une tête de ce genre ne prendrait jamais de congés. Nuit blanche au travail ? Naaaaah, il faudrait du café dans tous les cas. Dans ton visage des grimaces peu gracieuses apparaissent les unes après les autres. Si seulement tu canalisais ton énergie dans tes études, tu serais probablement major de promo, ce qui n'est absolument pas le cas.
Oh, je vois... il doit tromper sa femme en utilisant comme excuse le taf. Je suis vraiment bête... j'aurais dû y penser en premier, tu soupires avec la plus grande des satisfactions, comme si tu avais démasqué un crime digne des services de renseignements.
Les heures passent et le soleil commence à offrir doucement ses derniers rayons de soleil. La pâtisserie ferme ses portes suivie par le café. Il restait encore une quarantaine de minutes avant la fermeture du magasin où tu travailles, Shinrinyoku books. Le propriétaire, un vielle homme barbu si fragile qu'il aurait pu s'en voler au premier souffle de vent, était persuadé que les meilleurs clients arrivaient la nuit, en rentrant du travail, à la recherche d'un petit coin où oublier le bureau et le foyer. Fatigués, ils se laissent simplement submerger par le poids des souvenir et l'odeur pénétrante des pages.
Plus que vingt minutes avant d'être libre.
Plus que dix minutes.
Plus que cinq.
« Bonsoir. »
Un gros, énorme, immense, infini soupir sort de ta bouche. Ton sourire, le sourire que tu étais en train de dédier à ton lit et à ta série Netflix sont disparu à une vitesse incroyable.
« Monsieur, nous sommes en train de fermer. Le magasin sera ouvert demain matin à partir de sept heure trente. » Le dos au client, tu fermes la caisse à clé.
« Je vois. Est-ce que vous pensez avoir des livres sur l'art danoise ? Pour demain, bien évidemment. » La voix profonde et au débit lent ne semblait pas vouloir insister.
A ce moment même, je me tourne pour ranger le registre et là, devant moi, j'aperçois la variable inconnue que cette journée m'avait tant perturbée. Tu restes en silence, muette, sans respirer. Tu sais avoir déjà vu ce visage. Tu le sais très bien. S'appelait comment déjà ? 'Tin... en plus il y a Abigail Hobbs !! Mais quel personnage inutile... Le truc là qui mange des hommes mais qui semble super gay pour son autre pote là, Will Machin!
« MIAS OUI HANNIBAL VOILÀ, LE DANEMARK ! » tu cries comme si en face de toi il n'y avait personne, avec une insouciance dangereuse. « Hannibal, oui, oui, voilà... vous avez des liens de parenté avec Mads Mikkelsen par hasard ? »
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Compte à Rebours
Fanfiction🔞 Ratiding: red 🔞 Mature content, s*x & violence Ship: Nanami Kento × Reader // !! Disclaimer : le français n'est pas ma langue natale mais je voulais quand-même essayer de sortir de ma zone de confort ! Soyez indulgents et n'hésitez pas à me dire...