Mots de l'auteur : Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien. Voici le chapitre 2, faites-moi savoir que vous me lisez, n'hésitez pas à laisser des avis ! La suite sera plus riche en émotion... Bonne lecture !
Les journées semblaient s'être allongées au fil des mois, devenant de plus en plus longues et interminables en plus d'être ennuyeuses. Le regard lasse d'Emma étudiait silencieusement le bout de plastique qu'elle tenait entre ses doigts qui effleuraient paresseusement la lance aiguisée. Puis, après un mouvement brusque du poignet, elle lança la fléchette qui s'écrasa au sol. Comme toutes les autres.
La blonde maugréa le manquement de sa cible en plongeant de nouveau sa tête en arrière, le dos enfoncé dans son fauteuil, les jambes croisées avec désinvolture sur son bureau. Un soupir s'échappa de ses lèvres rosées alors que son pouce et son index vinrent masser ses paupières qu'Emma aurait souhaité fatiguées comme au bon vieux temps, à l'époque des malédictions et des méchants.
Les appels étaient rares et malheureusement, Leroy n'avait pas encore été retrouvé ivre dans les rues ou au Granny's. Donc, pas non plus de compagnie si ce n'était qu'un vague cliquetis de la trotteuse qui bougeait en indiquant que le temps continuait réellement de s'écouler. Mais pour Emma, il était devenu plus lasse, moins savoureux.
Depuis qu'elle avait quitté Regina, la blonde s'était enfermée dans un mutisme sans s'atteler à la paperasse que son poste exigeait. Elle n'avait rien fait à part attendre. Les jours ont continué de s'écouler. Qu'est-ce qui aurait pu changer de toute façon ? Emma soupira. Le regard de Regina la hantait. Elle le voyait partout, dans une surface réfléchissante, un miroir, jusqu'à travers des murs et les objets. Et pourtant, le regard d'Emma ne percevait toujours que le vide. Elle aurait dû passer à autre chose elle le savait, mais c'était vain. Elle ne ressentait pas de jalousie ou de conneries de ce genre parce que tout ce qu'elle souhaitait c'était voir Regina heureuse. Oui, heureuse. Mais, est-ce qu'elle l'était vraiment ? Peut-être... peut-être qu'elle pourrait aller lui demander elle-même. C'était le rôle des amis de s'en soucier après tout. Et, peut-être que Regina pourrait lui donner du travail à faire ou qu'elles pourraient parler. Mais bon sang, faire quelque chose avant qu'elle ne finisse par pourrir dans ce foutu fauteuil qui n'était même pas confortable.
Impulsivement, Emma se redressa de sa posture de larve sur son fauteuil en se propulsant sur ses jambes tout en arrachant presque sa veste en cuir rouge du porte manteau, manquant de peu de le renverser. Elle n'y prêta pas attention et porta un furtif regard à sa montre, réalisant qu'il n'était pas loin des treize heures. Elle sentit un léger sourire se former sur ses lèvres tandis qu'elle quittait brusquement son bureau pour rejoindre le chemin jusqu'au Granny's. Peut-être que Regina ne serait pas contre un peu de compagnie aussi...
* *
*
Il n'avait fallu qu'une quinzaine de minutes avant que la voiture de patrouille d'Emma se stoppe grossièrement sur un emplacement qui semblait être une place pour se garer (et si ce n'était pas le cas, personne ne viendrait l'arrêter...) tandis qu'elle actionnait le frein à main avec une drôle de sensation. Elle préférait l'ignorer tandis qu'elle sortit rapidement du véhicule en claquant la portière pour se diriger vers la mairie. Elle s'infiltra calmement dans les couloirs, ses longues boucles blondes flottant avec légèreté dans son dos à chaque pas qui la rapprochait de Regina.
La blonde se stoppa enfin face à la porte en verre floutée du bureau du maire. C'était avec une assurance insoupçonnée qu'elle toqua, indiquant sa présence et agir vite avant de se voir rebrousser chemin. Emma essayait de se convaincre dans une flopée d'excuses que ce choix impulsif de retrouver la mère de son fils n'était rien de plus qu'une intention bienveillante et amicale. Pas autre chose.
─ Entrez.
Le ton froid et impersonnel de Regina transperça la porte tandis qu'Emma laissa reposer sa main sur la poignée en sentant un frisson qui la traversait. Elle se disait que ce serait toujours mieux que de jouer aux fléchettes dans une ambiance de mort. Après un léger soupir, elle se vit ouvrir la porte dans un lent mouvement de poignet en s'engouffrant dans la pièce flamboyante de lumière qui s'infiltrait à travers les rideaux. Elle était douce dans son mouvement pour refermer la porte derrière elle parce que quelque part, il y avait toujours cette incertitude dans ce qu'elle s'apprêtait à faire.
Rapidement, ses yeux verts balayèrent le lieu familier avec une forme de sérénité ; rien ne changeait de place, c'était une bonne chose de se sentir encore un peu à sa place quelque part, dans une ville qui se métamorphosait tant.
Ses billes émeraudes se posèrent rapidement sur la silhouette de Regina assise avec prestance dans son fauteuil à l'allure royale, le regard concentré et figé sur son ordinateur. Emma sourit un peu. Oui, certaines choses ne changeraient jamais. La brune sembla imperturbable comme oubliant qu'à l'instant, un intrus venait de pénétrer son espace. Regina continua simplement de taper presque furieusement sur les touches de son clavier, les traits de son visage assez durcis et fermés. Comme si rien ne pourrait l'atteindre. Pas même un son. Ni visiblement une présence.
Emma comptait pourtant bien se faire remarquer puisque dans un élan confiant et naturel, la blonde s'avança avec calme en direction de la femme plus âgée jusqu'à ce que le sac en papier kraft qu'elle maintenait dans sa main ne se pose nonchalamment sur la surface plate du bureau en verre du maire. Et cette fois, Regina s'arrêta de taper alors que ses yeux noirs surpris se relèvent pour rencontrer deux émeraudes scintillantes qui s'étirèrent dans le large sourire d'Emma.
─ Mademoiselle Swan, je ne–
─ Roh, allez Regina, pas de 'Mademoiselle Swan' je croyais qu'on en avait fini avec ces conneries ! gloussa la blonde en tirant une chaise du bureau pour s'y installer avec aisance, face à Regina.
Il y eut un moment de silence alors qu'Emma sentit la chaleur des yeux noirs de Regina la transpercer. Rien que de le sentir, un frisson la parcouru. Emma récupéra le sac en papier pour le poser sur ses genoux en redressant son vert pour ne rien manquer de l'expression sidérée qui s'imprimait sur le visage de la brune. C'en était presque cocasse. Ses lèvres pulpeuses couvertes d'un rouge à lèvre bordeaux, s'ouvrèrent plusieurs fois dans la confusion sans pour autant réprimer un grognement mécontent. Ses prunelles noires ne se décrochèrent pas des mouvements d'Emma qui sortait deux salades emballées avec des couverts, en les posant négligemment sur une petite pile de dossiers fermés.
─ Qu'est-ce que c'est ? s'empressa de demander la brune dans un léger mouvement de recul en fixant les emballages.
Elle haussa un sourcil, complètement médusée dans une expression durcie et ferme.
─ Des salades, je pense que tu connais le principe, je suis certaine que tu n'as pas encore mangé ! répondit Emma dans un sourire en récupérant des serviettes.
Regina roula des yeux face à l'immaturité naturelle du Shérif blond en s'adossant contre son siège. La vraie confusion qui traversa ses traits était plutôt d'interpréter ce geste. Cette présence soudaine.
─ Une seule m'aurait convenue, 𝑬𝒎-𝒎𝒂, grinça-elle en haussant un sourcil, les bras croisés sous sa poitrine en lacérant la blonde avec son expression irritée.
─ Quoi ? Mais non, l'autre est pour moi !
Emma rit avec légèreté en haussant les épaules calmement.
─ Es-tu en train de me faire croire que tu vas vraiment manger quelque chose de sain ?
Les lèvres de Regina se recourbèrent légèrement dans un rictus sournois, un sourcil haussé comme si elle n'y croyait pas, ou juste parce que c'était jouissif de taquiner cette blonde-là.
─ Un simple merci aurait suffi Regina, maugréa silencieusement la blonde en ignorant l'attitude condescendante de la femme face à elle en sortant deux boissons du sac.
Emma étudia silencieusement le visage impartial du maire en récupérant sa salade qu'elle commençait à ouvrir tranquillement en s'appuyant contre le dossier de sa chaise. Sa fourchette picora quelques morceaux de tomates tandis que son regard se plongea dans celui de Regina. C'était un silence remplit de tension au-delà d'une simple évaluation. C'était comme un air de défi qui flottait entre les deux femmes. Pour autant Emma resta sereine, et ça se lisait dans son regard. Elle était de plus en plus confiante et détendue parce que Regina ne réagissait pas négativement à sa présence. Du moins, pas encore.
Tandis que la blonde dégusta tranquillement sa salade sans quitter le visage qui l'observa, Emma sourit la bouche pleine, ce qui valut un roulement des yeux du maire. Mais en fait, la blonde commençait vraiment à connaître Regina. À lire à travers ses yeux qu'elle était intriguée mais pas révulsée tout comme son expression corporelle, qui présageait de l'inconfort. C'est vrai qu'elles s'étaient rapprochées mais pas au point de sortir en ville ou manger ensemble comme des meilleures amies, ou se confier sur leurs ressentis. Juste une relation légère qui faisait qu'elles appréciaient simplement la présence l'une de l'autre. Elles s'apprivoisaient en quelques sortes.
Alors même si Regina ne devait plus être étonnée de la pulsion qui avait amené la blonde dans son bureau – parce qu'Emma Swan... restait Emma Swan, aussi imprévisible, frivole et intrépide soit elle – la lumière qu'elle apportait était rare et chaleureuse. Encore davantage quand leurs regards se croisaient. Emma était comme une boîte qui distribuait des soleils. Regina sentait qu'il y avait des non-dits, des choses un peu étranges qu'elle reniait amèrement, tout comme la douleur qui s'était enfoncée dans sa poitrine lorsqu'Emma l'avait vue dans les bras de Robin. Elle ne devrait pas s'en sentir coupable, mais c'était pourtant le cas. Maudite Emma Swan.
Regina se redressa un peu crispée en attrapant calmement sa salade. Elle releva ses yeux et s'immobilisa sous le regard silencieux et souriant de la Sauveuse. Ses dents se resserrèrent et son menton se redressa légèrement. Ses gestes étaient lents et gracieux. Elle serait d'humeur à brûler la ville si ses dossiers étaient cornés ou abîmés. Regina soupira. Oui, elle n'avait pas à se sentir coupable de sortir avec l'homme qui lui était destiné.
─ Ne devrais-tu pas assurer ta permanence, Shérif ? commença-elle en brisant le silence, neutre, sans relever la tête.
─ C'est en cours, j'ai juste changé de bureau, répondit Emma avec facilité.
Mais lorsque Regina resta silencieuse à la remarque, elle poursuivit peut-être pour se justifier un peu.
─ Depuis la fin de la malédiction, on dirait qu'il n'y a plus rien d'intéressant à se mettre sous la dent à part récupérer des chats égarés et réprimander Leroy. Certaines choses ne changent pas !
Emma rit doucement avec légèreté. Ce n'était pas la même ambiance que lorsqu'elles étaient au Granny's pour assurer leur image de mères qui déjeunaient ensemble par politesse. Elles étaient juste deux amies qui discutaient. Avec moins de formalité. Mais pour percer un peu plus, il faudrait creuser la carapace de Regina. Ce n'était pas gagné.
─ Il semblerait, confirma finalement la brune impassible.
D'une certaine manière cela rendait les choses plus réelles parce qu'elles se voyaient juste toutes les deux, et ce n'était pas vraiment encore arrivé depuis trois mois. Ni même jamais. Il y avait toujours eu Henry pour les pousser à se rencontrer. Et là, elles étaient seules avec la sensation que le temps s'était suspendu dans l'air.
Regina se redressa pour récupérer une serviette et tamponner délicatement ses lèvres en s'autorisant pour la première fois depuis un moment à plonger ses prunelles dans celles d'Emma. Sans quitter son masque qui la protégeait de toute émotion, tout débordement, Regina continua à déguster sa salade en ouvrant un dossier rempli de chiffres en tout genre retenant ainsi toute son attention, comme pour oublier la présence d'Emma Swan.
Emma ferma finalement ses yeux en plongeant sa tête en arrière en soupirant. Peut-être que Regina ne voulait pas parler du tout. Mais être ici, c'était toujours mieux que d'être seule. Et comme dans son bureau, la trotteuse d'une imposante horloge moderne, et chic reposant dans un coin de la pièce attirait son attention pour constater que le temps s'écoulait. Un temps qui lui filait entre les doigts. Une sensation douloureuse, lorsqu'elle pensait à son avenir à Storybrooke maintenant que tout allait bien. Henry. Ses parents. Killian.
Grognant de frustration, Emma se redressa brusquement en abandonnant sa salade sur le bureau tout en tapotant les poches de sa veste et de son jean d'où elle récupéra son téléphone qu'elle déverrouilla. Regina focalisait toujours son attention sur son dossier qu'elle feuilletait lentement. Puis, un sourire en coin, la blonde déposa son téléphone sur le centre du bureau en verre en augmentant le volume avant de reprendre sa salade et croiser les jambes sereinement. Un son s'éleva, couvrant celui de la trotteuse et bientôt retenait la curiosité de la brune qui leva la tête en haussant un sourcil. Rapidement, un doux rythme mélodieux enveloppait la pièce. C'était de la musique. Le volume n'était ni trop fort, ni trop bas. Juste ce qu'il fallait. Juste appréciable.─ Qu'est-ce que tu fais ?
C'était une réelle demande. Regina gesticulait dans son siège en fixant le téléphone comme s'il s'agissait d'un objet... magique inconnu. C'était plutôt de la consternation, de la surprise.
─ Bah, je mets un peu de musique, y'a un silence de mort à combler ici ! répondit simplement Emma.
Regina faisait mine d'accorder son attention à ses documents, bien que sa curiosité ne prenne le dessus sur le nouvel élément perturbateur – en plus de la présence de la blonde dans son espace – ses yeux vacillaient entre les papiers et le téléphone d'Emma. Si bien qu'elle finît par abandonner sa paperasse en croisant ses bras sous sa poitrine dans un haussement de sourcil.
─ C'est... spécial, fit remarquer Regina dans un ton assez sec, un peu sur la défensive. Elle ne voulait pas être poussée hors de sa zone de confort et Emma sembla le comprendre, sans pour autant désactiver sa musique qui se poursuivait dans un rythme lent.
─ C'est du reggae, certainement quelque chose que vous n'avez pas l'habitude d'entendre dans la forêt enchantée.
Elle avait réussi (enfin) à capter l'attention du maire d'une façon assez légère. Comme pour profiter, arrêter de se cacher derrière Henry, le travail et de s'affronter vraiment. Aux risques et périls de courir à leur perdre. Leur relation était si étroite qu'un simple mot trop élevé ou un geste brusque suffirait à tout détruire. Il fallait savoir trouver les bons mots et être douce, compatissante, présente, mais pas trop.
Et même si Emma ne comprenait pas d'où lui provenait cette obsession de vouloir à tout prix savoir si Regina était heureuse, elle voulait simplement s'imprégner de sa présence. De sa magie qui pourrait peut-être permettre à la blonde de se ressourcer. Trouver des réponses et solutions à sa relation chaotique avec le pirate.
Emma sortit de ses rêveries en redressant sa tête qui jusqu'à présent, avait pendu un peu dans le vide, les paupières clauses pour un moment de répit, bercée par les airs de reggae. Elle ne fut pas surprise de trouver le siège face à elle vide. Emma soupira en posant les paumes de ses mains à plat sur ses cuisses, les sourcils froncés. Il ne lui semblait pas avoir fermé les yeux assez longtemps pour que des heures soient passées et que tout le personnel dont le maire, soient rentrés chez eux avec la Sauveuse qui squattait les lieux.
Cependant, elle n'avait pas besoin de se retourner pour sentir la présence de l'ancienne Reine derrière elle. Elle n'avait qu'à... ressentir, simplement. D'un coup de tête, Emma déplaça son buste et son corps, chevauchant sa chaise à l'envers pour finalement trouver Regina debout devant son armoire, le nez à nouveau dans les dossiers.
─ Tu ne peux pas t'en empêcher hein, je te perturbe autant que ça pour que tu m'évites ?
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Je te choisis
FanficRegina était là, assise sur un tabouret haut du bar tenant entre ses doigts un très petit verre au liquide transparent. Ses cheveux ébènes étaient comme à leur habitude, lisses effleurant à peine ses épaules. Elle était vêtue d'un chemisier rouge éc...