2 : Pré-Au-Lard

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La Grande Salle était, comme à son habitude, débordante d'énergie. Quiconque détestant le bruit et l'agitation était malheureux en mangeant ici. Et en ce samedi matin, tout le monde semblait désireux de faire beaucoup de bruit. En cela, personne n'était étonné de voir autant de monde à tout juste neuf heures. C'était le week-end où les étudiants de la Troisième à la Septième Année pouvaient aller à Pré-Au-Lard. Alors ils comptaient bien en profiter.

Ron et moi étions installés à un bout de table et grignotions tous les deux notre petit-déjeuner, à la grande surprise de toute la tablée. D'ordinaire, l'appétit de Ron était impressionnant, surtout au vu de son tour de taille. Il avait un métabolisme qui rendait folles de jalousie toutes les filles de l'école, parce qu'il ne prenait pas un gramme malgré tout ce qu'il ingurgitait.

Les Poufsouffle de toutes les années savaient parfaitement que s'ils voulaient manger un petit peu, ils devaient arriver avant Ron ou s'éloigner le plus possible. Les elfes de maison qui se chargeaient de faire monter les plats des cuisines jusqu'à la Grande Salle le savaient également, de même qu'ils étaient au courant de la place habituelle du jeune homme. 

Là, par contre, chacun se demandait ce qui pouvait bien se passer pour que Ron ne mange pas autant. C'était à peine s'il avait touché à son assiette qu'il avait repoussée devant lui.

– Tu penses encore à elle, n'est-ce pas, je marmonnais à moitié. 

Mon meilleur ami avait une petite mine, signe qu'il n'avait pas ou très peu dormi. Il avait dit en tout et pour tout deux mots depuis son réveil et s'était replié sur lui-même.

Ron leva un peu la tête pour regarder en direction des Gryffondor installés deux tables plus loin. Hermione Granger leur tournait le dos mais sa tignasse brune ébouriffée était aisément reconnaissable.

– Non.

– C'est normal que tu y penses.

– Je ne veux pas en parler, grogna Ron.

– Ok, capitulais-je.

Je touilla mon bol de céréales sans grand appétit. Contrairement à Ron, je mangeais peu. 

– Salut vous deux, fit une voix féminine alors qu'un paire de bras vint enlacer les cous des amis.

– Salut crevette, je souris quand je reconnu Ginny, la sœur cadette de Ron.

Elle avait un an de moins que son frère et était allée comme les autres Weasley, à Gryffondor. je l'appréciais. Elle avait beaucoup d'humour, était mignonne comme tout et surtout, ne dédaignait pas Ron.

– Bonjour Ronny-chou, sourit la jeune fille en lui collant une bise sur la joue.

– Bonjour Gin', répliqua Ron d'une voix morne.

Ginny s'installa entre nous deux. Pour éviter à mon ami, assis en bout de banc de se retrouver par terre, je me décala légèrement.

– Que nous vaut l'honneur de ta présence à notre humble table ? demanda Ron plus aimablement.

– Je n'ai plus le droit de venir embrasser et demander des nouvelles au seul frère qui reste encore à Poudlard ?

Deux regards la fixèrent. Aucun n'était dupe. En général, la jeune Gryffondor de Sixième Année ne faisait que passer pour déposer un baiser sur la joue de son aîné avant d'aller rejoindre son groupe. Lorsqu'elle s'installait, c'était qu'elle voulait quelque chose.

– Je t'aime mais ne me prends pas pour un débile, Ginevra Weasley. Crache le morceau tu veux ? Je ne suis pas vraiment bien luné ce matin.

– Je n'avais pas remarqué dis donc, ironisa la rouquine avant de voler un bout de bacon dans l'assiette de Ron. L'appétit n'est toujours pas là à ce que je vois.

Devrais-je t'aimer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant