6: Salle Commune

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Les couleurs vertes et argent ne permettaient plus le moindre doute. J'étais bel et bien dans le nid des Serpents.

Si la salle commune des Poufsouffle était assez grande et très bien éclairée par les larges fenêtres arrondies, celle des Serpentard était aussi grande mais plus sombre. Au vu de ce qui se passait de l'autre côté de fenêtres, nous étions bien sous le Lac Noir. Des poissons nageaient sous mon regard.

Le plafond était bas, de lourdes lanternes d'argent pendaient dans le vide. Aux murs, il y avait des tapisseries médiévales. Bien loin des objets en cuivre, autres décorations ou plantes que Chourave aimait déposer pour égayer la salle commune des Poufsouffle.

Je me fis poussé vers un fauteuil en cuir vert, face à une large cheminée allumée. Je sentais devoir dire quelque chose, sauf que rien ne venait et surtout on m'avais oubliée. Ce qui, au final, n'était pas plus mal. Malefoy s'était perdu dans un livre. Quant aux autres, ils étaient Merlin savait où.

– C'est... sympa ici.

Très calme. Je prit conscience qu'il n'y avait que nous, un livre et le feu qui brûlait.

– T/p, tais-toi.

– En tout cas, vous savez recevoir, y a pas à dire. Je ne me suis jamais autant amusé.

Et dire que j'aurais pu retourner dans ma salle commune et faire exactement la même chose sans que personne ne me donne le moindre ordre. Mieux encore, je s'amuserais avec Ron, parlerais de tout et de rien, des filles, des cours, des Weasley... Mais non, j'étais là, à subir le silence, à regarder Malefoy tourner les pages d'un livre sans avoir l'autorisation de parler.

– L'éclate...

Une bouche impérieuse recouvrit la mienne tandis qu'un corps chaud se collait contre moi. Le parfum doux de Malefoy me remplit le nez.

Le baiser fut bref. Je me surprit à chercher encore après les lèvres fines de mon « petit ami » lorsque ces dernières disparurent.

– Tais-toi. Je termine ça et après tu pourras parler.

J'aurais voulu répliquer quelque chose. Cependant, ma bouche refusa de bouger et mon cerveau ne trouva rien à dire.Je garda donc le silence et regarda Malefoy continuer sa lecture, à peine troublé par ce qu'il venait de faire.

Lorsque la couverture claqua, je sortis de ma torpeur. Je vis mon « compagnon » se lever et me faire signe de l'imiter.

– J'ai envie d'aller me promener, annonça Malefoy.

– Pardon ?

– J'ai envie d'aller me me promener, répéta le Serpentard.

– Tu te fiches de moi là ! On est venu ici pour que tu lises et ensuite on s'en va ? J'ai poireauté trente minutes en silence, pour ça ? Juste pour que tu lises ton truc ?

– Oui. Cela te pose-t-il un problème ?

J'espéraix vraiment que Malefoy plaisantait. Toutefois, en le regardant, je pouvais affirmer que ce n'était pas le cas. Le Serpentard était on-ne-peut plus sérieux.

– Outre le fait que depuis huit heures ce matin, j'ai dû manger à ta table, j'ai été contrainte et forcé de te suivre, traîné par terre, aveuglé, assourdie, réduite au silence et maintenant je dois te suivre, je doute que la question se pose vraiment !

– Oh, alors tout va bien.

– Non, Malefoy, tout ne va pas bien ! Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? D'être une plante en pot ! Si tu veux une jolie poupée qui ne dit rien et fait tout ce que tu lui demandes, alors achète-toi une poupée gonflable ! Je suis...

Encore une fois, je me retrouva réduite au silence par la bouche de mon « petit ami » posée sur la mienne.

– Tu parles trop t/p. Cela dit, tu peux continuer. J'aime bien cette façon de te faire taire.

Malefoy me prit la main et m'entraîna à sa suite. Oubliés les sorts, je pouvais voir où se trouvait la salle commune. Sauf que j'étais perdu dans mes pensées et me devait de tenir debout que par automatisme.

Le Serpentard m'avait embrassé. Deux fois. Des baisers impérieux mais des baisers tout de même. Et ce regard...l'avais-je imaginé ou Malefoy m'avait réellement regardé avec désir ? Tout comme cette voix... chaude, envoûtante.

Notre histoire – si un tel terme pouvait s'appliquer à nous – commençait à peine et j'étais déjà complètement perdu.

– ...aud. Oh ! T/p, je te parle.

Mais il y avait cela. Ce ton froid et implacable quand Malefoy s'adressait à moi. Cette façon qu'il avait de cracher mon nom de famille. Cette manière de me donner des ordres comme si mon avis ne comptait pas.

C'était comme si le jeune homme avait deux personnalités en une. Très étrange et franchement déstabilisant.

– T/n ! cria presque Malefoy, me tirant de mes pensées.

– Quoi ?

– Je te parle, tu pourrais au moins faire semblant d'écouter ! Je te disais que je voulais aller dans le parc. Sauf qu'il ne fait pas chaud.

Je n'avais pas de cape non plus. Je ne portais qu'un gros pull.

– Tu joues à quoi Malefoy ?

– Je ne joue pas. Jamais.

– Alors tu veux quoi ? Ça rime à quoi cette... chose, ce qu'on est en train de faire ?

– Je ne vois pas où se trouve le problème. J'ai envie de passer du temps avec ma copine, c'est tout.

Non, ce n'était pas tout.

Le Serpentard m'attira à lui m'entoura ma taille de ses bras. Je le laissa faire. Le laissa embrasser ma bouche encore et encore, déposer sur mes lèvres de petits baisers aériens qui me perdirent encore un peu plus.

Nous ne pouvions pas être un couple. Parce que je n'avais jamais voulu cela, sortir avec son « petit ami ». Ce n'était qu'une mascarade.

– On se retrouve dans dix minutes dans le Hall. Va chercher ta cape, de quoi te couvrir. Il fait froid dehors.

– Je ne veux pas aller dehors, répliquais-je en le repoussant.

– Dix minutes, t/p.


Devrais-je t'aimer?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant