4: Rendez-vous

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À sept heures vingt, j'étais parfaitement réveillée et me demandais encore ce que j'allais faire avec Malefoy. Deux options s'offraient à moi. La première était de ne pas se rendre à sa table pour le petit-déjeuner mais les conséquences risqueraient fortes d'être désagréables.

La seconde était de s'installer avec lui et de voir.

À huit heures moins le quart, je sortis de ma douche.

À huit heures moins cinq, le petit groupe et moi quittèrent la salle commune pour se rendre vers la Grande Salle. Nous étions onze et étions peut-être plus bruyants que les Gryffondor, ce qui n'était pas peu dire.

Un dimanche matin, d'aussi bonne heure, il n'y avait que quelques élèves. Des Serdaigle pour la plupart et des Serpentard. Malefoy était présent, avec sa cour. Tous mangeaient en silence. Aussi quand les Poufsouffle débarquèrent bruyamment, les têtes se tournèrent vers eux.

Je repéra à la table des vert et argent la chevelure blonde de Malefoy, les dreadlocks de Blaise Zabini, les boucles brunes de Théodore Nott et le visage de pékinois de Pansy Parkinson.

– Courage ? me souffla Ron pendant que son groupe se dirigeait vers sa propre table encore déserte.

Le courage, je n'en avait pas. je n'étais pas une Gryffondor. J'étais à Poufsouffle. Cependant, je me dirigea vers les Serpentard lentement, essayant de déterminer ce que pouvait bien penser Malefoy qui ne cessait de me fixer depuis mon entrée.

Apparemment, sa décision était prise.

Malefoy me fit signe de venir m'installer à ses côtés. Il y avait une place de libre qui semblait n'attendre que moi.

Dans le silence qui régnait, j'entendais le chuintement de mes baskets résonnant sur les dalles pendant que je faisais le tour de la table. Le son déjà fortement désagréable en temps normal était insupportable. À mon grand soulagement, j'arriva enfin près de Malefoy qui reprit son petit-déjeuner. De près, sa place était envahie de miettes de croissants. J'enjamba le banc et m'installa sans dire un mot.

C'était étrange de voir les autres tables d'ici et mes amis qui formaient un bloc dans un coin chez les Poufsouffle. Tous me regardaient. Je leur fis un micro-sourire, désirant être avec eux et non ici. Ce n'était pas ma place. Je sentais parfaitement que je n'étais pas la bienvenue.

J'étais installé entre Parkinson et Malefoy. Ma voisine me donnait le sentiment de n'être qu'un vulgaire insecte. Sentiment accentué par le fait qu'elle portait des vêtements de marque et à la dernière mode, tandis que moi j'avais sur le dos les nippes encore en bon état de son cousin.

J'aurais pu aller faire les magasins, sauf que j'avais une sainte horreur du shopping et sans personne pour me guider, je ne savais pas quoi acheter.

Le petit déjeuner se déroula dans un silence pesant. Je joua avec mon œuf sur le plat, comme presque tous les matins, grignota mon toast sec et but mon verre de jus de citrouille.

D'ordinaire, je parlais avec Ron, riais avec les autres. En bref, je m'amusais.

Ce matin-là, je m'ennuyais. Même les cours d'Histoire de la Magie avec le professeur le plus soporifique du monde seraient plus intéressants en cet instant. Enfin, jusqu'à ce que Malefoy s'essuie la bouche et se lève. Les autres l'imitèrent. Je soupira de soulagement, sa torture était finie. J'allais enfin pouvoir quitter cette table et retourner dans ma salle commune.

– T/p, tu viens, ordonna le Serpentard à la tête du petit groupe.

Je fus presque surprise de les voir tous en train d'attendre.

– Quoi ? Où ?

– Mais qu'elle est bête, râla Malefoy en me prenant le bras.

– Hé ! m'écriais-je, outré et étonné de cet enlèvement au su et au vu de tout le monde.

Les autres élèves me regardèrent, interloqués mais personne ne bougea, sans doute trop abasourdi pour faire quoi que ce soit. Résultat je me retrouva emmené Merlin savait où, avec une bande de Serpentard qu'il ne valait mieux pas fréquenter.

Je ne pensa à me libérer de la poigne de Malefoy qu'une fois dans le couloir.

– Mais ça ne va pas toi ! m'exclamais-je , les sourcils froncés en arrachant mon bras à l'étreinte, se moquant des autres. D'abord, tu m'obliges à sortir avec toi et ensuite, c'est à peine si tu ne m'enlèves pas en public.

– Tu n'as pas montrée de beaucoup de résistance !

– Maintenant j'en fais ! Je n'ai pas envie de venir avec toi et tes amis ! Le deal c'était de manger ce matin avec toi !

– Non. Si tu acceptais de sortir avec moi, tu venais à ma table. Manger n'était que la suite logique.

– Et me kidnapper, c'est aussi la suite logique ?

– Merlin tout puissant ! On sort ensemble, non ? Il me paraissait normal de vouloir passer un peu de temps avec toi !

Je me figea à ces mots. On sortaient ensemble ? Drago Malefoy et moi sortions ensemble ? À l'évidence oui, du moins pour l'un. Pour moi... c'était bien loin de l'image du couple que j'avais imaginé.

Cependant, en venant à la table des Serpentard au petit-déjeuner, c'était bien pour cela et non pour autre chose.

– T/p ! l'appela Malefoy.

– Quoi ? répondis-je d'une voix blanche.

– Est-ce que tu ne sais dire que quoi ou pourquoi ? Ton vocabulaire est d'une pauvreté.

– Hein ?

Des ricanements me tirèrent de mon état de surprise. Je me réveilla tout à fait pour tomber nez à nez avec le groupe de Serpentard qui se moquait allègrement de moi. Sentant qu'une insulte venait d'être proférée à mon encontre, je serra les dents et contourna la petite bande.

– Tu vas où ?

– Loin !


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