Papier d'étoiles

Temps mort

L'herbe chaude me caresse les oreilles lorsque je m'allonge en soupirant d'aise. Je ferme les yeux, aveuglé par tes rayons qui tapent notre falaise. La brise de mer est agréable, et je n'entends que les vagues. J'imagine la ligne d'horizon immobile, couvant les subtils mouvements de l'eau ; votre duo formant des étincelles, de toute part ; toutes les créatures marines qui s'interrogent sur ce qu'il se passe à la surface. T'ont-elles déjà vu ? Elles subissent sûrement la crainte de nous faire face. Peut-être un jour, les verrai-je, lorsque je ne serai pas bercé par ta chaleur.

Qu'as-tu vu, aujourd'hui ? Beaucoup de monde, je présume. Des sourires couverts de glace ? Des courses d'oiseaux dans le ciel ? Des marques de bronzage insolites ? Je ris à cette idée. Tu n'as pas dû me voir ; je suis souvent resté dans ma salle de classe. À vrai dire, je n'ai pas passé une bonne journée. Les conversations furent souvent étouffées, mes cahiers souvent vides. J'ai hésité à te rejoindre ici. Mais la seule chose qui compte, c'est qu'on soit là tous les deux.

Je respire lentement, profite de la fragrance tout autour de moi. Je me sens apaisé. Et pourtant, je sens une main compresser ma cage thoracique. Un vrombissement couvrir le chant de la mer. Des larmes couler jusque mes oreilles. Je décide finalement de t'ouvrir mes yeux embués. Tu t'es rapproché de moi. Je regarde les nuages progresser dans le ciel maintenant taché de rose.

Je tourne mes yeux finalement secs vers toi. Je te souris. Tu me le rends, dessinant une courbe dans l'horizon. Je te regarde partir, me laissant aux mains de tes taches de couleurs. Elles partiront en même temps que les humains, pour enfin laisser les créatures explorer la surface.

La Lune prend le relai, pour bercer la nuit. Je recouvre l'herbe fraîche d'une couverture et prends silencieusement mon dîner.

Je ferme les yeux, laissant le monde observer les étoiles. Je te reverrai demain, à mon réveil.