1- La Rencontre...

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Par une chaude journée de septembre, le jeune versaillais répondant au doux nom de Jacques se dirigeait vers le lycée Hochet où il s'apprêtait à faire sa rentrée en classe préparatoire aux grandes écoles de procrastination. En effet, un seul rêve occupait alors son esprit fébrile : devenir fonctionnaire dans la grande manufacture nationale de moutarde de Dijon. Après un discours long et rébarbatif de ses nouveaux professeurs, il se dirige vers les toilettes afin de régler quelques problèmes d'ordre technique. Jacques se délestait allégrement d'un grand volume azoté lorsqu'un bruit de pas retentit derrière lui. Un jeune homme petit, au regard fier et poitevin, s'approcha à sa gauche. Jacques jeta un coup d'œil furtif, mais ce dernier s'éternisa l'espace de quelques instants ; une importante longueur masculine captiva son regard.

- « Tu l'as déjà mesurée ? » demanda Jacques sans que son esprit eût le temps de retenir ces quelques paroles.

- « Pardon ?? » s'étonna le jeune poitevin.

Mortifié, Jacques détourna promptement le regard. Timidement, il tenta de calmer le flux afin de pouvoir remettre sa longueur bien moins impressionnante en endroit protégé de tout regard indiscret.

- « Tu es complexé ? » renchérit alors le bel inconnu. « Tu sais, ce n'est pas si dramatique ; ma sœur en a une petite, un peu comme la tienne, elle le vit bien. »

- « Ta sœur ? »

Jacques était complètement abasourdi. Sa longueur masculine était comparable à celle féminine ? Sa vie n'était-elle donc qu'une vaste clownerie ? Les mots tendres de sa mère, glorifiant sa longueur qu'il croyait jusqu'alors respectable, n'étaient donc que des gangeries ?

- « J'espère que je ne t'ai pas vexé... » pleurnicha l'inconnu. « Ce n'était point mon intention. Tu veux qu'on aille boire un smoothie poire-papaye ? »

- « Poire-papaye ? Mais tu sors d'où toi ?? »

- « Euh, de la campagne poitevine, pourquoi ? On va traire les vaches pour le lait et on cueille les poires dans nos jardins. Pour les papayes, on va chez Lidl. »

Jacques marqua un temps d'arrêt. Ses pauvres neurones saturaient sous le poids de toutes ces informations qui affluaient sans répit. Lui qui pensait que les cours seraient la raison de sa future surcharge mentale, il fut fort surpris de voir que ses sentiments seraient la cause de sa chute dans l'abîme de l'instabilité mentale.

En temps normal, sa beaufitude lui aurait permis de s'extraire de cette situation quelque peu gênante...Cependant, la présence de cet homme aux cheveux bouclés lui faisait perdre tous ses moyens. Il ne parvenait pas à effacer l'image du triple décimètre de son nouvel ami, il n'en avait vu que dans les films Jacquie et Michel...

- « Au fait, je m'appelle Florian » articula le jeune poitevin.

- « Ja..Jacques » répondit le versaillais encore tout retourné.

Jacques se prit à s'imaginer avec Florian dans sa maison de campagne à cultiver des courgettes et à bichonner ses abeilles. Jacques finit par accepter d'aller déguster un smoothie poire-papaye prochainement en gardant cette rêverie dans un coin de son esprit un peu tordu par moment. Ils sortirent des toilettes et ce fût avec surprise (et ravissement) qu'ils s'aperçurent qu'ils se rendaient dans la même classe.

Quand la campagne rencontre la beauferieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant