4- Tragédie en C305

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La craie crissait contre le tableau noir. Le résultat de ce bruit désagréable était-il néanmoins fructueux ? Ce n'était pas l'avis de M.Traversin, un khôlleur de maths à l'air sympathique mais dont les paroles étaient plus acides et perfides que la bave d'un crapaud thaïlandais.

L'œil hagard, Florian soutenait le regard du khôlleur avec détermination alors que des gouttes d'un savant mélange de potassium, sodium et chlore dissous dans une grande quantité d'eau dévalaient son front qui s'apparentait alors aux chutes du Niagara.

- "Monsieur Volant ?"

Florian sursauta. Volant ? M.Traversin s'adressait à lui, ou... ?

- "Euh, je m'appelle Florian Vilain monsieur... ?"

- "Votre performance est certes vilaine, je vous l'accorde sans problème. Mais globalement, ce qui ressort le plus, c'est votre niveau pathétique qui ne vole pas plus haut que les pâquerettes.

Florian était estomaqué. Devait-il réagir ? Si oui, comment ? Il envoyait des regards paniqués aux membres de son trinôme qui s'appliquaient à regarder le sol avec une intensité et un dévouement rarement observés jusqu'alors par le poitevin.

- "Monsieur Florent Volant, vous avez bien fait votre scolarité en France ?" s'enquit M.Traversin.

- "Euh oui, dans un lycée agricole..."

- "Vous êtes né en France, vraiment ?"

- "À ma connaissance, oui..."

La panique gagnait de plus en plus le jeune poitevin.

- "Pourtant, on ne dirait pas que vous comprenez le français." lui asséna sèchement le khôlleur.

- "..."

Florian le regarda avec des yeux de merlan frits, assortis à son t-shirt clamant la fraîcheur du gardon.

- "Bah alors ? Bon, on va s'arrêter là, de toute façon ce n'est pas comme si vous auriez pu faire la suite de l'exercice."

Florian reprit ses esprits.

- "Euh oui, d'accord..."

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En revenant en salle de classe après cette khôlle désastreuse qui s'était conclue d'un solide sept (sur vingt, pas sur dix), Florian tomba pif-à-pif avec Jacques.

Jacques ne pût s'empêcher de remarquer les yeux fatigués et le front marqué par des fleuves de fluide minéralisé de son bien-aimé. Inquiet, il lui demanda promptement :

- "Dezhi hec'h-unan, Florian, que s'est-il passé ?"

- "Pas... la force... de commu... niquer..."

Florian s'étala bruyamment sur une table, faisant valser une trousse et un trieur.

Jacques sentit l'angoisse l'envahir. Florian n'allait pas bien ?! Il se DEVAIT de lui remonter le moral.

"Vite Jacques, trouve un truc à dire ! Pense pense pense, feuillet feuillet feuillet, caillette caillette caillette..."

- "Eh, t'as vu le dernier tracteur que *insérer nom de marque de tracteur* a sorti ?? Il est vraiment in-cro-ya-ble, et c'est pas péjoratif !!"

- " Ah... ?"

Jacques prit conscience de la gravité de la situation. Florian était au bord de l'arrêt cardiaque, le doute n'était plus permis. Il devait trouver la solution pour raviver la joie de vivre de son cher et tendre. Seulement, ni les discussions sur les pesticides ni celles sur les courgettes et les patates ne récoltèrent l'intérêt du poitevin. C'est alors qu'il eût une idée de génie (du moins plus intelligente que la plupart de celles qu'il avait d'ordinaire). Parler de courgettes lui avait rappelé le membre proéminent de son "ami" et la discussion sur le smoothie poire-papaye qui avait suivie.

Il décida alors de réunir tous les ingrédients nécessaires à cette mixture qui ravirait sans aucun doute Florian. Mais pour cela, il devait être parfait ! Hors de question de se contenter d'un pauvre lait matin léger de lactel en bouteille plastique qui finirait dans l'estomac d'une baleine au large du Pacifique !


Dans le prochain épisode :

Alors que Jacques s'attelle à la tâche de réunir les ingrédients pour le fameux smoothie poire-papaye, il se heurte à une grande difficulté : trouver du lait frais en pleine région urbaine...

Quand la campagne rencontre la beauferieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant