5- Cambriolage à APT

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Après avoir cogité toute la nuit avec sa frêle cervelle, Jacques avait enfin trouvé où se procurer du lait directement à la mamelle. Il se souvint en effet de la future sortie à Agro-ParisTech (APT pour les intimes) où il était supposé visiter avec sa classe le campus. Or, miraculeusement, le campus disposait de plusieurs Holstein qui seraient parfaites pour réaliser la succulente boisson.

Dès lors, il dût à nouveau rassembler toutes ses forces pour activer ses pompes Na+/K+ afin d'élaborer un plan digne d'un saccage de classe chez les BIOB ; notamment l'opération paillettes hydroalcoolisées dont le déroulement était le suivant : réunissant 5 personnes et un matériel d'une grande précision comprenant des paillettes argentées, une sonde cannelée ayant permis à Jacques de crocheter la serrure du distributeur de gel hydroalcoolique ainsi qu'une règle qui trainait au fond de la classe, deux personnes surveillaient le couloir. Pendant ce temps, Jacques devait crocheter le distributeur et introduire la pluie de particules brillantes de faible granulométrie. Il fallait ensuite mélanger la "préparation" avec le triple décimètre (qui n'était malheureusement pas celui de Florian).

En bref, une véritable opération de génie !

Il réunit donc l'entièreté de ses capacités cognitives très réduites et prépara son intrusion dans le campus d'APT. À la nuit tombée, c'est-à-dire vers 18h30 (vive l'hiver), il se rendit à Palaiseau, plus précisément boulevard Gaspard Monge. Lorsqu'il arriva sur place, il n'eût aucune difficulté à passer le lourd portail en fer, non pas en escaladant (car sa prise de masse inexistante ne le lui permettait pas) mais en passant à travers les barreaux tel un ficello. Mais, alors qu'il progressait dans la cour en longeant les murs avec l'agilité d'une belette, il vit une lumière s'arrêter sur lui. Il crût un instant que c'était un signe divin, mais il n'en était rien. Notre breton s'était fait surprendre par le gardien.

Le gros molosse s'avança vers lui. Il lui fallait trouver une explication à sa présence :

- "Qu'est-ce que tu fous là toi ?"


Malheureusement, le pauvre Jacques qui avait saturé son cerveau depuis quelques jours avec l'élaboration de ce plan ne trouva rien à répondre.

- "T'as intérêt de me répondre rapido." aboya le gardien.


Jacques trouva la force d'articuler une excuse en orientant ses pensées vers son bien-aimé.

- "Je suis désolé Monsieur, Je... J'ai oublié mon devoir..." balbutia le petit homme

- "Quel devoir ? T'es rentré comment déjà ?"


C'est alors qu'un divin et inattendu éclair de génie frappa Jacques :

- "Je ne suis jamais sorti en fait, je me suis endormi dans les toilettes. Vous vous rendez compte ?! Personne n'a vérifié s'il restait des gens dans les cabinets !" répondit-il feignant l'outrage. " Je me suis ensuite réveillé en me rappelant que j'avais laissé mon plant de courgettes dans la serre alors que j'en ai besoin pour mon projet !"

- "Mais comment est-ce que tu t'es endormi dans les toilettes ?!"

- "Vous savez monsieur, je faisais mon affaire, je me suis soulagé, peut-être un peu trop, et j'étais tellement bien j'ai dû tomber dans les bras de Morphée..."

- "... Sur les toilettes...?"

- "Exactement !" répondit fièrement Jacques.

- "Bon passons pour cette fois, je t'accompagne chercher tes courgettes et je te raccompagne à la sortie."

- "Oh merci ! C'est vraiment trop gentil de quitter votre poste et d'abandonner vos obligations pour moi, vous êtes un chic type monsieur" exagéra-t-il.

- "Bon c'est bon arrête ton cinéma, je t'attends à la loge à côté du portail, tu as 15 minutes."

- "Merci !"


Jacques courut dans la direction opposée afin de s'éloigner le plus possible du gardien et chercha un plan. Il trouva facilement le repère laitier et sélectionna avec le plus grand soin la vache la plus apte à donner le meilleur lait et cela en observant avec l'œil du paysan la corpulence des mammifères ainsi que l'allure des pis (mais en se grouillant quand même). Il sortit ensuite de son sac à dos trois bouteilles et un entonnoir et entreprit de traire la belle et docile bête. Son expérience lui permis d'agir vite et bien. Il remit ensuite son attirail en place dans son sac et tapa son meilleur sprint vers la loge (Usain Bolt en sueur).

Ce n'est qu'au milieu du chemin qu'il se rendit compte qu'il lui fallait des courgettes pour rendre son excuse crédible. Il fit volte-face et courut en haletant bruyamment vers la serre. Il vola donc un cageot dans l'édifice vitré, le remplit de terre et arracha quelques courgettes qu'il replanta dans son plant de piètre qualité. Le tout fut brillamment réalisé en 2min30. Il arriva tout de même essoufflé à la loge avec une minute de retard mais le gardien ne lui en tint pas rigueur.

Jacques rentra par la suite chez lui (moyennant multiples gaffes sur le trajet dont nous épargnerons le récit détaillé) en prenant grand soin de son trésor qu'il plaça dans son réfrigérateur.


Dans le prochain épisode :

Le temps presse, Florian n'a pas regagné sa joie de vivre légendaire et Jacques doit encore réunir deux ingrédients indispensables à la réalisation du smoothie poire-papaye.

Quand la campagne rencontre la beauferieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant