Chapitre 4

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     Externe

   Gwendolyn passa le reste de la journée près de son professeur, comme il le lui avait demandé.

   Lorsqu'elle rentra chez elle, elle retrouva ses parents et ses frères, tous plus âgés qu'elle. Ils avaient ramené le repas du soir : un cerf encore chaud de la chasse. La jeune femme se contenta d'une fine tranche de l'animal qu'elle accompagna de pommes de terre cuites au four avant de s'isoler dans les combles aménagées, dans sa chambre.

   Gwendolyn était le petit mouton noir de sa famille, les Stevens, mais surtout de sa meute.

    L'humaine. La seule humaine de la meute. Pas d'amis de tout genre, pas de liens, pas de chasse. Bien que sur ce dernier point, elle ne se plaignait pas.

   Petite, on la considérait comme de la porcelaine : "Attention à ci", "Attention à ça", " Attention à toi !", " Tu vas te faire mal !". Et après de nombreux rappels, ils se contentaient, maintenant, de lui tendre la boîte de premiers secours. La chose fragile, l'humaine. Le fardeau de la meute. Voilà ce qu'elle était.

   La meute ne l'avait jamais intégrée et, petit à petit, sa famille l'avait mise à l'écart : pas d'invitations aux cérémonies de marquages, ni à l'intégration des louveteaux, non plus aux conseils de la meute. Rien. Elle n'était rien.

   Le seul qui s'intéressait un tant soit peu à elle était Uriel, le dernier de ses trois frères. Âgé de vingt ans, il ne travaillait pas avec ses frères et son père dans la scierie familiale, mais dans une petite supérette du côté humain de la ville. De temps en temps, il lui ramenait des petites friandises.

   Des coups résonnèrent contre la porte de sa chambre.

- Qui est-ce ?

- Ton frère préféré ?

- Isaac ?

- Quoi ?

   Uriel démonta presque la porte en entrant dans la chambre.

- Cette espèce de blond californien accro aux stéroïdes est ton frère préféré ? s'insurgea le loup.

- Uriel, de un : tu es aussi blond qu'Isaac et Maxwell ; de deux : il n'est pas accro aux stéroïdes, il soulève des arbres toute la journée ; et de trois : tu sais bien que c'est toi, mon frère préféré !

   Le jeune homme s'affala sur le lit, libérant ses mains pleines de quelques friandises chocolatées.

- Je préfère ça ! Je t'ai rapporté tes immondes choses au poison marron du magasin.

- Merci ! Si ce n'était pas mauvais pour ta part lupine, tu aimerais sûrement ça.

   Uriel regarda les barres chocolatées, septique.

- Mouais. Alors ? reprit-il.

- Quoi ?

- Et bien, tu avais une sortie aujourd'hui, non ?

- Oui, à Elk River, précisa la jeune femme.

- Alors ? C'était bien ?

- Bien ? C'est une prison !

- Justement. Ne te fais pas emprisonner, je ne t'apporterais sûrement pas d'orange.

- De toute façon, je ne suis pas sûre qu'ils laisseraient entrer des humains, s'attrista la jeune femme.

   Malaise.

   Encore et toujours ce racisme envers les humains. Depuis que la population lupine avait explosé et prit le dessus sur cette espèce, cette même communauté subissait un gros manque de considération et ils étaient assez mal vus depuis lors.

- Désolée, s'excusa-t-elle.

- Non, tu as sûrement raison.

   La conversation s'arrêta là et Uriel fut appelé par son frère cadet, Maxwell, du bas des escaliers.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Gwendolyn.

- Une réunion pour la chasse groupée du mois.

- Oh.

   Le loup se redressa, embrassa le front de sa sœur et la quitta en lui souhaitant bonne nuit. Gwendolyn entendit plus distinctement qu'à l'accoutumé ses frères s'exciter sur la chasse groupée qui approchait. Chaque mois, tous les loups de la meute se réunissaient et chassaient ensemble pour resserrer les liens de la meute. Gwendolyn y avait participé étant petite lorsqu'une louve pleine avait gardé les plus jeunes, mais elle n'en avait aucun souvenir.

   Les premières larmes inondèrent les yeux de Gwendolyn quand les nombreux hurlements de la meute résonnèrent ensemble pour signaler le début du conseil. Alors l'humaine enfouit son visage dans son oreiller et s'endormit, épuisée.


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