Chapitre 2

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Rejoindre l'arène ne lui prit pas énormément de temps. Planté au cœur de la ville, non loin des quartiers chics où se pavanait la bourgeoisie, le bâtiment circulaire aux arches impressionnantes en imposait.

De nombreuses rangées de gradins entouraient un sol de terre meuble où se réunissaient les combattants. Parfois les mécènes pouvaient jeter des armes ou des vivres à leurs poulains alors qu'ils affrontaient, d'autres fois ils se contentaient de hurler comme des porcs.

L'un dans l'autre, ça en revenait au même ; du sang était versé quotidiennement. Si c'était encore gentil et sans réel danger à bas niveau, les combats qui attiraient la foule conduisaient indubitablement à la mort.

Plus la représentation était impressionnante, plus les paris étaient gros, et le spectacle battait son plein.

C'était comme ça que Grimm s'était offert un appartement de luxe et qu'il pouvait se payer les créations d'Akan. Comme quoi, un guerrier pouvait très bien s'en sortir dans ce bas monde, à l'inverse de Tirn'ânog où il n'avait eu droit qu'à une simple chance.

— Tu es en avance, lança Wraith, perchée sur une caisse de marchandise.

Sa crinière couleur de vin remontée en queue de cheval, la démone pencha la tête avant de lui tendre un biscuit. Ses cornes recourbées luisirent tandis qu'elle s'agitait, une moue sur sa bouche couverte d'un rouge à lèvres sombre.

— Je suis passé chercher mes armes, répondit Grimm en acceptant l'offrande. J'avais rien d'autre à faire aujourd'hui.

— Dis plutôt que tu as mal dormi et que tu ne voulais pas rester tout seul, répliqua-t-elle avant de bondir sur son dos.

Les longues jambes musclées de Wraith enroulée autour de la taille, Grimm leva une main pour caresser une de ses cornes lisses. Aussi adorable qu'elle pouvait être monstrueuse, son amie avait tendance à le prendre pour un destrier.

— T'es pas censée rendre Lehto fou ? demanda le déchu en croisant ses yeux rouges, si sombres qu'ils en étaient presque noirs.

Il lui attrapa les cuisses pour la stabiliser lorsqu'il gravit les escaliers menant aux bureaux.

— Je suis de mauvaise humeur, aujourd'hui, souffla la démone en appuyant sa tête sur l'épaule de Grimm. J'ai pas envie de me faire cajoler.

Parvenus devant la porte qui cachait l'antre du bookmaker, Wraith glissa jusqu'au sol et il lui empoigna le menton. Son regard ténébreux sembla transpercer son âme, pourtant il n'y prêta pas la moindre attention.

Elle était mortelle, une beauté assassine qui pourrait probablement le réduire à néant si elle le décidait, mais la démone longiligne était surtout son amie.

— Tu souffres, nota Grimm.

Wraith repoussa doucement sa main avec un petit sourire.

— Ça va, ne t'inquiète pas, répondit-elle. Les pulsions d'unions sont plus fortes quand j'ai mes cycles et l'avoir aussi près de moi tient de la torture.

— Je croyais que ça s'était calmé avec le temps.

— J'imagine que c'est pire quand on veut vraiment une famille, murmura la démone avec un petit haussement d'épaules. Je sais que c'est lui et uniquement lui, et ça me tue de ne pas pouvoir l'avoir.

Putain de destin ! Elle était incapable d'accepter une autre femelle, la seule condition pour qu'ils puissent se lier véritablement comme deux compagnons. Alors l'un comme l'autre souffrait d'une distance qu'ils ne pouvaient combler seuls à cause de leur nature.

[1] Grimm [PUBLIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant