Emancipation difficile

Chapitre 2 : are you crazy ?

"Tu veux arrêter tes études l'année prochaine pour trouver un travail dans un supermarché ? me demanda calmement Julia.

- Euh... oui

- Mais, pourquoi ? elle me regarda, ne sachant pas si je plaisantais ou pas.

- Eh bien je crois que je ne suis pas faite pour les études. Je préfère les travaux... disons manuels. Eh puis cela me permettra de gagner ma vie plus tôt. Tu sais ça n'a rien d'exceptionnel d'arrêter après le bac. Il y en a même beaucoup qui ne vont pas jusque-là."

J'avais préparé ces arguments toute la nuit, sachant très bien ce qu'elle allait penser de mes projets.

"Mais est ce que tu es folle ? Je veux dire, tu es une bonne élève tu ne peux pas tout abandonner comme ça.

- Laisse tomber tu ne peux pas comprendre."

La matinée passa sans que nous échangions un seul mot. Je pense qu'elle m'en voulait et moi je n'étais pas prête à répondre à ces questions.

Il était 18h, nous repartions toutes les deux vers l'arrêt de bus. Je m'attendais à passer ce trajet sans un bruit mais Emmy arriva vers nous en courant. Visiblement elle a avait quelque chose à demander à Julia.

"Oh les filles ça tombe bien que vous soyez encore là. Je fête mon anniversaire vendredi soir de la semaine prochaine et j'espère vraiment que vous pourrez venir.

- Une vraie soirée ? lui demanda Julia avec un grand sourire.

- Oui ! J'ai mis pas mal de semaines pour négocier avec mes parents mais c'est bon il me laisse la maison pour toute la nuit, j'ai vraiment trop hâte !

- Tu m'étonnes c'est génial ! Bon écoute je demande à ma mère ce soir, mais je pense que ce sera bon. Je t'envoies un message ce soir pour te dire quoi.

- Super ! répondit Emmy. Et toi Chloé ?

- Euh j'aurais bien aimé mais j'ai déjà un anniversaire de prévu.

- Oh c'est vraiment dommage... Bon je vous laisse les filles, ma mère m'attend. Bon weekend !

- Toi aussi."

Une fois Emmy partie, il ne nous restait que 200m à faire pour monter dans le bus. Julia m'adressa un timide signe de la main avant de monter dans le sien. Le mien était en retard comme souvent. La musique dans les oreilles, je réfléchis à cette soirée d'anniversaire

En réalité, je n'avais pas déjà un anniversaire de prévu, mais c'était plus simple de prétendre cela que d'expliquer que mon père était contre. Quant à demander réellement à mon père, c'était hors de question. Une banale sortie au cinéma se négociait pendant plusieurs semaines, alors toute une soirée uniquement entre jeunes, c'était inconcevable. Les devoirs et la famille passaient -et c'était normal- avant ces sorties entre amies.