Je serais censée aller au local de retrait, mais je n'en ai pas du tout envie, alors je me dirige à mon casier tout en essayant d'éviter les agents de sécurités : ils m'emmèneraient au retrait et iraient avertir ma professeure de mes actions. Sauf que ça n'arrivera jamais, ce n'est pas la première fois que je sèche les cours, je connais leur itinéraire de garde par cœur. Bien que je ne sois pas dans une prison à haute sécurité, j'ai parfois l'impression qu'on pourrait facilement comparer les protocoles des deux établissements. Mes pieds me traînent immédiatement à une des portes de sorties dans la cage d'escaliers et prend le trajet qui me mène à la porte d'entrée la plus discrète et inutilisée qui se trouvent à quelques pas de mon casier. Personne ne sait qu'elle existe puisqu'elle est comme toutes les autres de l'école : elle est brune, massive et n'a aucune fenêtre. De plus, elle est au fond d'un petit couloir mal éclairé. Tout les jeunes croient que c'est l'entrée des produits d'entretien ménagers, autrement dit, le local du concierge, mais non, ce n'est pas le cas.
Pourquoi je sais cela ? Je me promenais dans le sous-bois, mon endroit de prédilection pour m'échapper de mes cours sans me faire prendre. J'analysais ce qui m'entourait et j'ai vu la trace d'une roue de vélo dans la boue. Je l'ai suivie du regard et j'ai vite constaté qu'elle menait à un support à vélo. La bicyclette était chaînée sur celui-ci. Ensuite un recoin particulièrement sombre avait attiré mon attention, on ne voyait pas très bien ce qu'y si trouvait alors j'avais décidé de m'approcher, déterminée à savoir qu'est ce qui s'y cachait. J'ai été surprise de voir de l'argent reluire, d'autant plus que cet argent était en fait une poignée de porte. Je n'ai pas pris bien du temps à me relocaliser dans l'école en y entrant par cette entrée inconnue puisque c'était les mêmes gens qui se promenaient près de mon casier.
Parce que je suis une des rares personnes qui peut être seule dans ma case, on me l'a assigné pour tout mon secondaire. Pourquoi seule ? Disons que personne n'osait vraiment s'approcher de moi et le fait que ma mère venait tout juste de quitter le pays faisait de moi un cas peut-être futurement problématique, alors ils n'ont pas trop voulu me brusquer.
D'habitude je déteste qu'on me prenne en pitié, mais si ça me permet d'être seule dans mes affaires... C'est parfait pour moi, je peux prendre ce rôle sans hésiter. Évidemment pas devant Julianne, mais pour le reste je le peux très bien.
Je prends deux billets de vingt dollars dans mon sac après avoir déverrouillé mon 'garde-robe' si je peux le dire ainsi. Je sais que l'école appelle ça des casiers et que puisque la majorité des jeunes sont en pair ceux-ci sont majoritairement propres, sauf que le mien... Je suis dans le même depuis quatre ans maintenant alors disons que ce n'est pas parfaitement nettoyé, je veux dire, j'y trouve encore des shorts que je portais en secondaire un. Vous avez tous compris, c'est mon désordre et je m'y retrouve, enfin la majeure partie du temps.
Bref, je prends mon sac et le met en bandouillère, enlève ma casquette du support à manteau, par contre je ne la mets pas tout de suite puisqu'une règle de l'école stipule que nous ne devons porter aucun chapeau dans l'école par respect. Je ne comprends pas où est le non-respect, mais je sais bien que je ne peux pas changer le monde alors je suis la règle sans argumenter. Je pourrais la porter avant de sortir : il y a aucun agent qui passera ici avant encore quinze longues minutes, sauf qu'on dirait bien que c'est devenu une habitude parce que je n'y pense même pas.
Je sèche les cours mais en suivant le code vestimentaire de l'école. Sarcastique non ?
Je ferme mon 'garde-robe' en m'assurant d'avoir mon carnet de dessins, mes recueils de poèmes et tout mes crayons au cas où j'aurais une soudaine envie de créer. Je me redirige vers ma sortie secrète et prends la piste-cyclable, j'enfile ma casquette bleue foncée à l'effigie de Nintendo et mes écouteurs et mets la chanson « Working Man » de Imagine Dragons avec le volume au maximum. Je m'essuie les yeux, je n'ai pas envie qu'on me regarde étrangement parce que j'ai des débris au coin de ceux-ci. Je pourrais peut-être tomber sur Julianne après tout. Ce serait surprenant, mais je n'ai tout de même pas envie de me négliger et que ça me retombe dessus par après.
VOUS LISEZ
Âme perdue
Romance*Histoire lesbienne donc ne lisez pas si vous n'êtes pas ouverts d'esprit* Ayant été abandonnée par sa mère il y a 4 ans, Azaëlle est plutôt anti-sociale et ressemble à n'importe quelle autre adolescente en quête d'indépendance, cependant quand on a...