Âme perdue

Chapitre 5

Chapitre 5

Toute la classe est assise sur les gradins extérieurs devant le terrain de soccer. Après ce cours de français aussi pathétique que tous les autres, c'est la période de sport qui commence.

C'est ma deuxième matière préférée au programme (la première étant les arts). Pourquoi j'adore l'éducation physique ? C'est simple, je suis bonne en sport et observer les différents types de caractères. Il y a les filles qui parlent toujours ensemble, celles qui ne portent aucune attention au jeu parce qu'elles ont peur de paraître stupides si elles sont trop compétitives. Il y a les compétitifs, qui eux ont constamment des embrouilles avec le reste de l'équipe parce qu'ils leur crient dessus afin de gagner, bref, ils ont rarement des amis. Bien que j'aime gagner, je ne suis pas de cette catégorie, je suis plutôt celle qui ne parle pas à personne, mais qui fait toujours de gros scores.

Je me rends compte que Chloé, (qui est assise à côté de moi), fixe un point au loin à ma droite. On dirait bien que le professeur fait son entrée.

Lorsqu'il arrive devant nous, il plante ses pieds fermement au sol, en fixant intensément quiconque oserait parler en même temps que lui. Alors que je l'analyse, il débute un discours sur la persévérance qui est péniblement cliché. Vous savez quoi, celui qui dit que si l'on ne se force pas des conséquences se feront remarquer dans le futur sur notre travail etc. Bref, je vais vous épargnez ce supplice. Parce qu'il est loin d'être crédule dans ce rôle.

Je veux dire, il a un surplus de poids évident, alors entraîner des jeunes et les réprimander s'ils ne sont pas en forme, c'est ridicule, à la limite narcissique.

Attention, cette règle ne s'applique pas à tous les professeurs de sport, seulement ceux avec un air hautain injustifié. Exactement comme Monsieur Smith qui se trouve devant moi en ce moment.

Bon alors je reprends ma définition : Mr. Smith est bedonnant, il a des cheveux courts grisonnants, avec une barbe naissante qui est également atteinte d'une légère teinte de gris. Comme pour alimenter les clichés, il porte un ensemble Adidas bleu un peu trop serré.

-Pendant les six premiers cours de l'année, nous allons profiter de cette fin d'été pour jouer à l'extérieur, c'est pourquoi j'ai décidé que nous jouerons au baseball. Je veux que la classe se sépare en deux équipe dis-.

Le professeur s'arrête de parler et fixe un garçon qui parle et rit avec ses potes plus hauts dans les gradins. Le pauvre garçon, qui est Jared, ne remarque pas que l'attention de tous est maintenant dirigée vers lui, alors il continue comme si de rien était, ce qui ne suffit qu'à frustrer encore plus le coach, qui éclaire sa gorge exagérément pour se faire entendre par Jared.

Le blondinet retourne alors sa tête lentement, comme s'il craignait une réaction effroyable de notre cher entraîneur.

-Je peux savoir qui t'as permis de m'interrompre jeune homme ?

Un autre garçon à deux ou trois rangées de Jared se permet alors de chuchoter quelque chose à un groupe d'amis qui l'entoure, ils éclatent tous de rire, en manquant cruellement de subtilité.

-Dis donc, ça a l'air drôle, je peux entendre ta blague moi aussi ? demande-t-il avec un air dur qui sous-entend qu'il mentait.

-Peut-être que vous l'avez interrompu et pas l'inverse ? suggère-t-il sans réelle conviction.

Je me retourne et le fixe, il vient totalement de se faire prendre la main de sac. Des yeux, il recherche n'importe qui susceptible de l'aider. Son attention se pose sur Jared et sans faire aucun mouvement je comprends qu'il le supplie de reprendre son propre problème en main. Bien sûr le blond tourne la tête comme si de rien était, et se décide à l'ignorer complètement, quel traître.