Chapitre 4

240 11 0
                                    

Mes pieds, par de longs et lourds pas, m'emmène dans l'espace le plus terrifiant que j'ai déjà apprivoisé. Tout est sombre, simplifiant la tâche de me sentir menacée. On m'observe de tous les angles. Quelques uns préfèrent observer ma posture, d'autre analysent mon corps, se demandant ce que je suis réellement, ceux à chemise se questionnent à mon sujet, comme s'ils voulaient savoir si ça les rendrais comme moi de s'approcher trop du phénomène marginal que je suis. Je vois quelques personnes qui ont assez de pitié pour m'accorder de petits sourires compatissant, sans pour autant utiliser leur influence pour me sortir de la situation dans laquelle ils m'ont mis.

J'ai remarqué plusieurs jeunes comme moi, je n'en ai que compté trois. Nous pourrions nous allier, nous défendre, mais c'est chacun pour soi. Nous sommes comme des animaux jetés dans une fosse avec leurs prédateurs sans aucun moyen de défense.

Jamais nous ne pourrons nous adapter et nous le savons tous, c'est la cruelle vérité. Comment s'adapter maintenant qu'on nous a blessés ? Personne ne se décide à nous donner la réponse.

J'ouvre ce qu'ils croient être mon repère, en prenant bien soin de n'oublier aucune arme pour pouvoir me défendre de leurs attentats répétés de lavage de cerveau. Ils essaient de nous changer, alors que nous le sommes déjà. Ils ont eu l'occasion de l'observer à maintes reprises, mais jamais ils n'ont abandonnés leurs stupides techniques pour nous mettre sous leur contrôle. Je ne sais plus si c'est de l'entêtement ou une obligation du chef, mais des deux manières, il leur faudra beaucoup plus de temps et de pratique pour percer notre carapace, ainsi, accéder à nos secrets si bien cachés depuis la nuit des temps.

Parce que je sais que ce n'est ni moi, ni les deux autres adolescents similaires qui cracheront le morceau, qui baisseront garde un jour, qui laisseront le premier venu nous comprendre. C'est un principe que bien que nous ne nous accordons jamais la parole, a été acquis depuis que nous sommes une menace.

Je longe le couloir, en sachant que je me dirige vers le même enfer où on m'enferme depuis des années, je laisse mes doigts effleurer le mur composé de la même matière qu'un hôpital psychiatrique : du ciment, du ciment dur, brut et froid.

J'attends ma responsable de cellule, elle parait sympathique, mais ça ne l'empêche pas d'être comme eux. J'aimerais pouvoir dire que plusieurs m'ont appris à me méfier de cette catégorie de personnes, sauf que je l'ai su à mes dépens. On ne permet aucune communication entre les spécimens ici, les risques de perdre le pouvoir augmenteraient considérablement. On pourra dire ce que l'on voudra, il faut l'admettre, ils sont tout de même intelligents.

Ils ont besoin de l'être, nous ne sommes pas une espèce facile, eux aussi ont dû apprendre à se méfier, c'est probablement ce qu'ils font depuis des lunes : nous étudier. Pour mieux nous comprendre, nous, nos mouvements, nos pensées, nos réflexes. Tous les rouages qui pourraient rendre leur règne plus complexe.

Certains tentent de nous faire croire que leurs intentions sont nobles, mais nous ne sommes pas encore assez stupides pour leur faire confiance.

Brisant mon élan d'inspiration, Erin entre dans mon angle de vue.

J'aime plus ou moins la science-fiction, moi étant plutôt du genre à lire des œuvres romantiques, je considère que des rayons lasers et des extraterrestres n'égalent aucunement un baiser rempli d'attente, de désir et de passion.

Mais bon, chacun ses goûts.

Désormais je crois bien que mon opinion vient de changer, je guette patiemment l'arrivée de Madame Chasefield. Je n'arrivais pas à chasser les idées qui prenaient le contrôle de ma tête. Alors j'ai décidé d'abandonner le combat et de caricaturer mon école du mieux que je le pouvais pour donner un résultat qui je l'espérais, n'aurais pas trop l'air pitoyable.

Âme perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant