Sur la fin, mes mains tremblaient tant que j'ai eu du mal à déchiffrer, mes yeux embués n'aidant pas. Pourquoi a-t-il fallu que je sois si attaché à lui. Pourquoi c'est si difficile de lui dire au revoir?
Alors que je jette un dernier regard à ma lettre chiffonnée, mes yeux sont tombés nez à nez sur une inscription griffonnée que je n'avais pas vue.
Deux mots simples et lourds de sens: Appelle-moi.
Pourquoi avoir noté ça? Veut-il vraiment me parler? Non. Bien sûr que non. Il veut seulement mettre un terme à cette situation désastreuse.
Il va peut être me remercier pour nos années d'amitié et va me congédier. Mais quitte à vouloir lui dire au revoir, autant le faire en beauté et l'appeler.
Alors, les yeux brillants de larmes à peine contenues et la gorge nouée, je compose son numéro.
Une sonnerie... deux sonneries... il décroche...
— Allo? Timy ?! Enfin, tu m'appelles ! Pourquoi tu réponds pas quand je t'appelle ! Merde Timy ! J'étais super inquiet...
— Arrête... tu n'as pas besoin de faire semblant. Je peux entendre ce que tu as à me dire...
Pourquoi a-t-il fallu que ma voix se brise ?
— Timy...
Oh non... ne prononce pas mon prénom de cette façon. Par pitié ne me donne pas de faux espoirs...
— S'il te plait Léo, finis en vite. Pourquoi vouloir que je t'appelle ?
— Timy... Où es-tu ?
— Réponds à ma question, Léo, c'est la seule chose que je te demande...
— Timy, dit moi où tu es !
Pourquoi insister autant et à quoi bon pour un adieu ?
— Je suis sur la falaise.
— Qu'est-ce que tu fous sur la falaise, Timy !?
Pourquoi semble-t-il soudain paniqué ?
— Je te fais mes adieux.
Du moins j'essaye... mais il y a une sacré différence entre balancer une lettre à la mer et balancer un téléphone.
— Quoi ?! Arrête ça tout de suite ! Merde Timy ! Je t'en supplie arrête ça tout de suite ! Je ferai tout ce que tu voudra mais ne fais pas ça... S'il te plait...
Pourquoi sa voix se brise ? Il ne veut vraiment pas couper les ponts avec moi ?
— Je pensais que c'était ce que tu voulais...
— Quoi ! Mais non ! Timy, non ! Jamais ! Merde, comment as-tu pu croire ça ?!
— Léo... je croyais...
Ce n'est pas le moment de ne pas réussir à s'exprimer !
— Ecoute moi bien, Timy ! Par pitié, recules et ne fais rien d'idiot ! J'arrive ! Timy, je suis en chemin, j'arrive bientôt ! Alors je t'en supplie... Je t'en supplie...
Non ! Il ne faut pas que je le vois, sinon je n'arriverai pas à tirer un trait dessus.
— Quoi ! Non ! Ne viens pas !
— Timy... Je t'en supplie... si tu m'aimes... ne bouge pas...
Il n'a pas le droit ! Il n'a pas le droit d'utiliser ça ! Comment suis-je sensé résister ? Avec ce murmure suppliant...
Sans réussir à m'en empêcher, je laisse échapper un sanglot et paniqué raccroche en espérant que Léo ne l'ai pas entendu.
Je ne peux pas bouger et Léo est en chemin. Conclusion, il faut que je me dépêche de jeter ma lettre avant de changer d'avis.
Toujours les jambes dans le vide, je recule pour pouvoir poser pieds au sol. Une fois debout au bord de la falaise je ne peux empêcher un certain sentiment de malaise de m'étreindre. Je dois avouer que j'ai un peu le vertige et il y a de bonnes rafales de vent.
Sans perdre d'avantage de temps, je relis mes passages préférés, ceux où je me livre entièrement. Quelque larmes viennent diluer l'encre.
Mais avant d'avoir le temps de la serrer contre mon cœur, elle m'échappe des mains. Je me penche in extremis pour la rattraper mais perd l'équilibre et avance mon pied droit pour répartir mon poids. Malheureusement il ne rencontre que le vide et je me retrouve à m'accrocher de toutes mes forces à la paroi de pierre, tentant de trouver appui sur mes pieds.
Je panique, mes yeux sont embués, mes jambes tremblent. Je n'ai plus de force... Je n'arrive pas à remonter...
C'est vraiment comme ça que je finis ?

VOUS LISEZ
Ma lettre (BxB)
Nouvelles" Mais malgré tout je t'aime, et ce de la manière la plus pure et vraie qu'il soit " Timy est amoureux de son meilleur ami, il ne peut rien y changer et cela dure depuis de nombreuses années. Mais pour contrer sa timidité et son manque d'assurance...