Chapitre 4

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Alors que je perds espoir, j'entends un hurlement. Ma vue est trop brouillée pour que je distingue ses traits, mais je reconnais sa voix effrayée, c'est Léo.

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il me tire de toutes ses forces et me hisse sur le sol. Il m'éloigne du bord et avant que je puisse réagir il se jette sur moi. Me tâtant le crâne, le torse, il ne cesse de répéter : tu n'as rien, tu n'as rien...

Une fois que j'ai retrouvé mes esprits, j'éloigne ses mains de mon corps et tente de m'assoir. 

— Je... Merci... soufflé-je encore un peu sonné. 

— Tu... tu, tu peux... Pourquoi... Qu'est-ce que... je...

Léo agenouillé à mes côtés se prend la tête dans les mains en inspirant profondément. Lorsqu'il relève les yeux vers moi, son regard a changé. Il ne brille plus uniquement de terreur mais également d'incompréhension, d'inquiétude et d'énervement. 

— Peux-tu m'expliquer ce que tu faisais là au juste !? Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans ne fais rien d'idiot ! Je t'ai supplié ! Et toi tu te précipites dans le vide ! Mais qu'est-ce que tu as dans la tête ! Merde ! Timy... s'écrit-il d'une voix brisée en appuyant son front sur le mien. 

Je ne comprends pas. Pourquoi me montre-t-il autant d'affection ? J'ai une folle envie de l'embrasser. Il faut qu'il s'éloigne.

— Léo... Recule s'il te plait... 

— Alors là, pas question ! Je t'ai demandé de t'éloigner du bord. T'as fait quoi ? T'as sauté ! alors, tu peux toujours rêver !  Hors de question que je te lâche ! 

Je ne l'ai jamais vu dans cet état, il semble prêt à défaillir. Ses mains encerclent ma tête, une paume sur chaque joue et son front reste collé au mien.  

— Arrête, s'il te plait, lui dis-je en poussant sur son torse pour l'éloigner. 

— Tu me demandes d'arrêter ? Timy... Tu commences à sérieusement me taper sur le système ! D'abord, tu me donnes une lettre qui me retourne l'estomac. J'y réponds en te demandant de m'appeler pour qu'on puisse en discuter que tous les deux. Ensuite tu fais le mort pendant une semaine ! Je suis venu deux fois par jour chez toi, et chaque fois ta mère inventait des excuses bidons. J'étais terriblement inquiet ! J'étais terrifié à l'idée que tu es  mal compris mon message ! Et une semaine après tu m'appelles, enfin ! Mais en pleurs et sur le point de sauter dans le vide ! Mais merde ! Triple imbécile ! 

Il me serre désormais contre lui avec force, en s'exprimant la voix cassée. Je ne comprends plus... Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je veux me redresser mais il m'en empêche, une main dans mes cheveux, l'autre dans mon dos. 

— J'ai... Je... As-tu la moindre idée de la terreur pure que j'ai ressenti ? Mais je me suis dit : non, il ne peut pas faire ça... Tu parles ! Quand j'arrive, il est suspendu dans le vide ! Si j'étais arrivé seulement quelques minutes après tu serais mort ! Tu te rends compte ! Mort ! Tu serais mort... à cause de moi...

Et il se met à pleurer. Je ne l'ai jamais vu pleurer comme ça. Ses sanglots ne sont pas extrêmement bruyants mais son corps entier tremble et sa respiration semble si difficile. Et mon cœur, cette fois ci, se brise, incapable de supporter le chagrin de celui que j'aime. Faisant fi de prudence, je le prends dans mes bras et le serre contre moi comme j'ai toujours souhaité le faire. 

— Je suis désolé... Pardonne moi, je m'excuse... Je suis terriblement désolé... Pardon, pardon, pardon...

—Tais toi... souffle-t-il au bout d'un moment.

Cette phrase bien que loin d'être gentille me rassure et me donne instantanément le sourire aux lèvres. 

— D'accord... Je me tais...

Après avoir repris ses esprits, il me lâche et s'essuie le visage avec la manche de son pull. Puis tout en me fixant, remet ses mains sur mes joues.

— Timy... C'est moi qui m'excuse... Je n'ai vraiment pas été clair. Je suis désolé que tu es mal compris mes sentiments, je pensais que c'était pourtant flagrant ! J'attendais tellement impatiemment ton appel ! Tu comprends Timy ? 

— Non. Je n'avais pas compris et je ne comprends toujours pas... Expliques-moi, Léo ! Exprimes toi de façon claire ! 

— Tu veux que je m'exprime de façon claire... Je ne trouve pas plus clair, qu'en te disant que j'ai vraiment très envie de t'embrasser. 

Ma lettre (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant