Chapitre 4 : Meurtres à New-York

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— Monsieur ! s'écria Garcia en se lançant à la poursuite de son supérieur. Monsieur, attendez-moi.

Grimpant les marches de l'escalier, menant à la salle de réunion, celui-ci se retourna, le regard interrogatif. L'analyste technique précipita le pas et rejoignit Hotchner.

— Vous avez choisi quel dossier finalement ?

Le rôle de Garcia, en plus d'aider les agents de terrain à distance, était de trier chaque dossier (et donc chaque affaire), afin de savoir lequel était prioritaire. Malheureusement, ce jour-là, elle n'avait pas réussi à trancher entre deux affaires. Elle avait donc déposé les deux sur le bureau de son chef.

— New-York. Les affaires de tueurs en série passent toujours en prioritaire.

— Je sais, mais c'était deux affaires deux meurtres en série.

Aaron Hotchner atteignit la porte. Il saisit la poignée et laissa passer son analyste.

— Exact, confirma-t-il en prenant place sur une des chaises qui entouraient la table. Mais le risque de perdre une nouvelle vie humaine était plus imminente dans celle de Manhattan.

Garcia resta debout devant son supérieur et acquiesça d'un mouvement de tête.

Le reste de l'équipe les rejoignirent, un gobelet rouge à la main pour la plupart.

— Où est-ce qu'on décolle ? demanda JJ en tirant une chaise vers elle.

— Manhattan, répondit Hotch en faisant glisser la pile de dossier. Garcia, prête ?

— Toujours ! s'exclama-t-elle en allumant l'écran.

Paradoxalement, pour quelqu'un qui voyait défiler des centaines de photos horrifiques sur son écran depuis 9 ans, et sur papier depuis plusieurs mois ; Garcia avait horreur du sang, des armes et des cadavres. Plus généralement, tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec son métier la terrifiait. Ainsi, elle alluma l'écran, mais ne se retourna pas. Cette image de corps féminin dénudé, le ventre tranché, le visage défiguré et nageant dans son sang ; la hantait déjà assez.

— Adelyn Clarke, 23 ans, informaticienne. Elle vivait en colocation avec sa meilleure amie d'enfance, dont le nom n'est visiblement pas dans le dossier.

— Elle a été poignardée, violée et tabassée à mort, rajouta Hotch.

— Ça ressemble à un crime de haine et à une pulsion meurtrière à la fois, fit remarquer le Dr. Blake.

— Vu la plaie béante dans son ventre, ça a été fait avec au moins un couteau de boucher, analysa Morgan en rapprochant ses yeux de l'image qu'il tenait en mains.

— Sois tu aimes te faire du mal, sois tu as besoin de lentilles, répondit Garcia avec une mine écœurée.

— Ce meurtre est horrible, il n'y a pas de doute, mais pourquoi on nous appelle s'il n'y en a eu qu'un seul ? demanda Reid qui s'était relevé pour remplir son gobelet.

— Arrête de boire autant de café, Reid, tu vas finir insomniaque, lui dit Rossi en le regardant porter le récipient à ses lèvres.

— Ce serait horrible, beau gosse, tu serais obligé de prendre des médicaments, tu te rends compte ?

Le génie de 32 ans secoua la tête comme pour chasser cette horrible pensée. Il poussa son gobelet à quelques centimètres de lui.

— Ça vous dérangerez d'essayer de rester concentré plus de trente secondes ? s'énerva Hotchner en lâchant les documents sur la table. Morgan ? Reid ?

Ironique.
Pour ce qui est du second, il pouvait rester des heures à observer une fleur, si elle lui paraissait intéressante.

Rossi sourit en expirant.

— Ça marche aussi pour toi, Dave, rajouta l'ami de celui-ci en replongeant son regard dans les photos.

Dave (diminutif de David) releva la tête, presque indigné. Lui et Aaron s'étaient rencontrés en 1997, pendant l'affaire Thomas Yates. Ils avaient très vite accroché, mais ne s'étaient jamais reparlés jusqu'en 2008. Et pourtant, le jour de leur retrouvaille ils s'étaient pris dans les bras, comme des amis de toujours.

— N'empêche, la remarque de Spence n'était pas bête. Il y a eu d'autre meurtre ? se renseigna JJ.

— Malheureusement, confirma Pénélope. Mais, ils ne sont pas dans vos dossiers ?

— Te vexe pas, p'tit cœur, mais je crois que tu as oublié de nous les mettre.

— Ce n'est pas grave, intervint Blake. Est-ce que tu peux quand même les afficher ?

— Bien-sûr, bien-sûr. Les voici. Il y a eu 7 autres femmes.

— Comment se fait-il que la première victime n'ait pas été poignardée comme Adelyn Clarke ? remarqua Rossi.

— Je ne pense pas que le premier élément de chacun des meurtres fasse parti du mode opératoire, répondit Reid. La victime n°1 a été étranglée, la n°2 a reçu une énorme décharge électrique. En fait, on dirait plus que "l'important" pour notre homme est le viol, ainsi que les coups. La strangulation, la décharge, la lame, etc ... ; ils ne servent qu'à immobiliser la victime.

— Les victimes doivent certainement avoir en elles l'ADN de leur meurtrier, non ? supposa Morgan.

— A condition que tu mettes un 's' à "meurtrier", répondit Jennifer en mettant son doigt sur la ligne du dossier qui le signalait.

Après un court instant, Derek dit :

— Ah, c'était écrit.

— Ils ne devaient pas être dans la base de données ? devina JJ.

— Ni dans celle de la police, ni dans celle du FBI. Ils sont inconnus au bataillon.

— On va faire en sorte qu'ils ne le soient plus. Départ dans 30 minutes.

Hotch se leva, suivit par le reste des membres de l'unité.

— Faîtes attention à vous, surtout ! s'écria Garcia. Et revenez tous ... vivant.

Elle soupira. Nul ne pouvait imaginer la peur que ressentait Garcia à chaque nouveau départ. Cette crainte que l'un d'eux ne revienne pas, ou qu'un guet-apens leur soit tendu ; lui broyait l'estomac depuis des années. Chaque retour était un nouveau souffle, qui se coupait à la lecture des dossiers, à la vue des images et à ce « départ dans trente minutes ». Elle ne pouvait rien faire en regardant les portes de l'ascenseur se fermer, si ce n'est tapoter nerveusement sa jambe gauche et marcher lentement jusqu'à son bureau.

Les yeux dans les yeux [FANFICTION ESPRITS CRIMINELS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant