Partie 9

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« On dit que l'amour est beau, que ça rend fort, que ça rend meilleur, mais c'est faux. L'amour non réciproque n'est jamais beau, ça fait mal, ça nous prend aux tripes, ça nous détruit à petit feu, mais on continue. C'est ce qu'on appelle le paradoxe de l'amour, on a beau souffrir, l'amour est tellement intense, tellement profond, tellement ancré en nous qu'on finit par s'y faire, par s'y habituer. »

Depuis l'épisode confession avec Ruzgar, ça va beaucoup mieux entre nous, enfin je veux dire on est devenus amis, et je n'ai pas décidé de le « bannir » de ma vie. Il y est entré quoi que je fasse, que je le veuille ou non, il y est, je ne peux pas lui dire d'en sortir comme je l'ai fait parce que quoi qu'il en soit il fait partie de ma vie maintenant.

Ruzgar c'est un gars vraiment étrange... Enfin pas dans le sens où il est différent genre un Alien, non, juste qu'il est trop mystérieux... J'essaie pourtant de le cerner, on se parle souvent quand il est à l'hôpital avec sa cousine, mais j'ai l'impression de ne pas avancer avec lui... Enfin j'ai l'impression qu'il a tout un tas de choses à raconter, un lourd passé, mais je n'en connais pas une miette.

Le cas de Sevgi (la cousine à Rüzgar) s'aggrave, on voit tous que son cas ne s'améliore pas du tout, elle passe une fois chaque semaine, la chimio montrait ses effets négatifs. Elle perdait toute la chaleur de son visage, elle était blanchâtre, elle avait maigri, était frêle et commençait à perdre une masse importante de cheveux... On craignait tous le pire.

Un jour, Rüzgar avait accompagné sa cousine, pendant sa séance je passai la voir.

Moi - Sevgi, tu vas bien ma chérie ?

Sevgi (avec un sourire triste) - Oui El Hmadulillah, mais faut pas se voiler la face, je vais tout droit dans le mur. Ma fin sonne

Moi - Saçmalama canim, Allah'tan ümit kesilmez (Ne dis pas n'importe quoi ma chérie, on ne perds jamais espoir)

Sevgi (toujours en souriant) - Tu sais, si c'est ma fin que je lutte ou non je vais devoir partir, ça sert à rien de se voiler la face.

Moi (les larmes aux yeux) - Mais non dis pas ça, t'es une fille forte, tu vas t'en sortir tu as toute ta famille tous tes amis derrière toi, toutes les prières de tes proches. (je laissai couler une larme)

Sevgi - Rho ma chérie arrête de pleurer, moi j'accepte mon destin. J'ai peut être pas eu la vie dont je rêvais, mais j'accepte, ça ne servira à rien de lutter on ne fait pas le poids face au destin.

Je laissai couler mes larmes, j'avais tissé une merveilleuse amitié avec Sevgi... Elle était formidable comme fille, forte courageuse, elle avait une foi magnifique, vraiment. Je la pris, et la laissai, je m'en allai, j'avais une journée chargée. En sortant de la salle je n'ai pas vu Ruzgar, je n'y prêtai pas attention et continuai mon travail.

Un samedi j'étais avec Defne et Sofia au McDo, elles étaient au courant pour notre « nuit » avec Ruzgar. On parlait tranquillement, quand on voit Fatih et Ruzgar entrer dans le McDo. Il avait un plâtre au bras, et des pansements un peu sur le visage suite à son accident. Fatih s'arrêta a notre hauteur et dit :

Fatih - Vous n'avez pas changé vous, toujours fourrées au McDo

Sofia - Selem à toi aussi Fatih

Fatih (rigolant) - ça va Sof', tu vas pas saouler

Oh mon dieu, j'avais oublié à quel point son rire était magnifique... Mais je ne laissais rien paraître sur mon visage je mangeais mes frites, la tête baissée, je n'avais plus envie de lui parler, de lui adresser ne serait-ce qu'un regard. Par contre Ruzgar m'a lancé un petit sourire que je lui rendis aussitôt, puis il me dit

Chronique de Cemre - un amour perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant