4. Cacher.

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L'écran ne cesse de s'allumer, encore et encore depuis plus de deux heures, et après une seconde d'hésitation, je décide de l'éteindre complètement. L'appartement est sombre, aucune source de lumière ne vient éclairer les mur, la pluie continue de battre contre la vitre de la fenêtre, seul son brisant le silence dans lequel je me mure depuis maintenant deux jours. Mes boucles brunes effleurent mes épaules, un frisson me parcourt de haut en bas, mes muscles se tendent. Il est tard, la ville s'est peu à peu endormie, et seul les lampadaires illuminent les rues sombres du quartiers. Je ne parviens pas à dormir, car à chaque fois que je ferme les yeux, les images macabres me reviennent sans cesse. J'ai l'impression de voir du sang partout, que les gouttes de pluie forment une rivière sanglantes glissante sur les murs des immeubles. J'ai peur de sombrer dans le sommeil et de revoir cette scène. Je sais que mon téléphone n'aurait pas arrêté de sonner si je ne l'avais pas éteins plus tôt, mais quoi que je fasse, personne ne viendra me chercher chez moi pour s'assurer que tout va bien, puisque personne ne sait où je vis, et c'est mieux ainsi. Ma tête trouve le mur, je ramène mes genoux contre ma poitrine, et enfile mes écouteurs en lançant une playlist au hasard. Les secondes, les minutes et les heures défilent encore jusqu'à ce que je trouve enfin le sommeil, un sommeil dénué de rêve. 

Le soleil vient à peine de se lever lorsque j'émerge enfin. Dans un premier temps, aucun mouvement ne m'est permis. Allongée sur le sol, mon dos me fait souffrir, tout comme ma tête. Je parviens enfin à me redresser, puis à me diriger vers la douche en me déshabillant en même temps. L'eau n'est pas chaude, comme la semaine dernière, mais je ne réagis pas plus que ça, l'habitude, je suppose ? Je trouve ma serviette après m'être bien savonnée puis rincée au point d'avoir les avant bras rouges à force de frotter. J'attrape mon uniforme que j'enfile rapidement, sans prendre la peine de bien mettre ma cravate. Sac sur les épaules, écouteurs aux oreilles, et bonnet noir sur la tête, je traverse l'appartement en prenant au passage un paquet de biscuit. Les rues me paraissent étrangement vide ce matin, tout comme les routes. Le bus est même moins bondé à cette heure-ci, peut-être parce qu'il est trop tôt pour qu'une enfant soit de sortie. Le trajet me paraît long, aujourd'hui. Mais il ne pleut pas, ce matin, ce qui me procure un sentiment de soulagement. Je me perds petit à petit dans mes pensées, dans le rythme constant de la musique, j'en oublie presque la présence du chauffeur, du peu de gens qui se trouve en ma compagnie, de l'heure, du monde qui m'entoure. Lorsque je descends du véhicule en saluant de conducteur, le vent frais m'ébouriffe les cheveux. Mes pieds me mène jusqu'au haut portail du lycée, par lequel je m'engouffre, sans vraiment réfléchir à quoi que ce soit. Je doute que beaucoup d'élèves soient présents aussi tôt, quelle que soit leur filière. J'arrive en haut des escaliers, et parcours le couloir jusqu'à atteindre la salle de classe qui nous est attribuée, à nous la Seconde A. Comme je m'y attendais, personne ne s'y trouve, alors j'attends. Après quelques secondes d'hésitation, je décide finalement d'entrer et de m'installer à ma table, en apparence tranquille. Je sors mes affaires, en essayant de me rappeler ce que nous avons comme cours aujourd'hui. Mes paupières se font lourdes, je dois lutter pour ne pas les fermer, et m'abandonner au sommeil, ma tête est posée dans mes bras, cachant ainsi mon visage. Pourtant, sans que je puisse l'empêcher, je commence à somnoler, jusqu'à ce qu'un bruit me sorte de cet état. Je relève lentement la tête, parcourant la salle du regard, jusqu'à trouver la source. 

- Tu dormais ? Tu es...

- Non, j'étais réveillée, je dis simplement en regardant le garçon.

- Depuis combien de temps tu es là ?

- Aucune idée. Tu comptes rester debout devant la porte encore longtemps ?

- Ah oui, pardon... me dit-il un peu penaud, en se dirigeant vers moi. Il pose son sac par terre, en me regardant toujours.

En l'analysant avec attention, mon rire s'échappe sans que je puisse le retenir, provocant l'incrédulité chez mon camarade. Je me lève finalement et je m'approche de lui. Mes mains se dirigent vers sa cravate afin de refaire le noeud correctement, puis vers ses cheveux qui son dans un état hilarant. Il entrouvre les lèvres, sans qu'aucun mot n'en sorte. Comme Ochaco l'a dit, Izuku est un garçon u  peu effacé, bien que très sympathique. Je me suis rapidement rapproché de lui, bien que je ne le considère pas vraiment comme un ami. C'est une personne avec qui je n'ai pas peur d'être comme je suis, avec qui je suis à l'aise. Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je lève les yeux vers lui, sans que je ne sache pourquoi, des images reviennent, retournant mon estomac comme cette fois-là, il y a deux jours. Je me détourne pour retourner à ma place, profitant clairement de l'agitation naissante dans le couloir. Si il a remarqué quelque chose, il n'en dit rien. Nos camarades de classe entrent à leur tour par petits groupes, mais je n'y prête pas plus attention que ça, laissant les évènement s'enchaîner d'eux même. Que ce soit les discussions ou le cours qui suit. Pourtant lorsque la sonnerie retentit pour la deuxième fois de la matinée, ce sont les filles qui viennent me trouver.

- J'ai essayé de te joindre toute la journée, hier ! 

- Problème de batterie, désolée Momo. Qu'est-ce que tu voulais ?

- On va sûrement sortir le week-end prochain, la pâtisserie à côté a renouvelé sa recette ! s'exclame Mina.

- On ne fait pas souvent de sortie entre filles, c'est l'occasion de toutes se voir ! ajoute Toru.

- Je suis désolée, encore, mais ça sera sans moi. J'ai des choses de prévues, je ne peux pas me joindre à vous. 

Sans attendre une minute de plus, je rassemble mes affaires pour quitter la salle de classe, en m'excusant avec un simple sourire. J'ai l'impression de perdre pieds, de ne plus être maître de mon propre corps. Plus les minutes passent, plus j'ai le sentiment d'être déconnectée de la réalité. Je sèche un cours, puis deux. Je me cache dans un couloir, j'inspire, j'expire, j'attends que mon coeur se calme, que ma respiration s'apaise. Je suis fatiguée, je souhaite dormir, tout simplement. Mais je dois rester forte pour arrêter l'auteur de ces crimes. Une main se pose sur mon épaule, et je me crispe. All Might se tient derrière moi, sous sa forme imposante, un large sourire collé sur le visage.

- Tu veux en parler ?

- J'ai le droit ?

- Viens, suis-moi, Eraser Head nous attend. 

Pourquoi ? Pourquoi vous vous occupez de moi ? Voilà ce que j'avais envie de lui demander, mes aucun son ne franchit la barrière de mes lèvres. Je me content de le suivre, plongée dans le silence le plus total. Vont-ils me réprimander ? Jouer aux psychologues ? M'empêcher d'agir ? Se mettre en travers de ma route ? Sir Nighteye les a t-il appelé pour les prévenir ? Cela m'étonnerait, bien que je ne sois à l'abri de rien. C'est sous leur responsabilité que je me trouve ? Je ne veux pas. Je dois cacher ce que je ressens, je suis une héroïne, je ne peux pas me permettre de vriller de la sorte, quitte à inquiéter les autres. J'ai l'impression que tout avance trop vite pour que je puisse suivre convenablement, que ce soit les cours ou bien tout le reste...





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⏰ Last updated: Jul 02, 2021 ⏰

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