Chapitre 5

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Note

Comme souvent, ce chapitre n'était pas prévu. Mais après tout, comme j'écrivais cette histoire un peu à l'aveugle, je pense que 80 % des choses qui vont se dérouler à partir de maintenant ont été écrites sur le vif. Je ne fais pas toujours de rédaction spontanée, mais j'aime particulièrement ça. Ça me permet de vivre moi-même le suspense des situations :D.

Au fait, c'est le moment pour un peu de Ricky Martin ;).

*

Naruto n'avait jamais été du matin. Seule la force de l'habitude l'avait contraint à adopter la coutume ninja : réveil à l'aube, coucher avec le soleil. De temps à autre, il s'offrait une nuit blanche, pour le plaisir de profiter de la vie nocturne du village ou des contrées lointaines qu'il découvrait en mission. Cette fois, il avait dormi du sommeil du juste, comblé par sa folle soirée. Il n'avait pas même eu le temps d'avoir peur du lendemain. Il n'avait eu le temps de rien, trop satisfait et trop heureux de pouvoir distribuer à Sasuke un peu de son amour sans avoir à passer par les poings.

Lorsqu'il se redressa, il était seul. Sasuke aurait pu l'attendre, songea-t-il en cherchant de quoi se couvrir. Il aurait voulu profiter de l'intimité de la tente pour parler un peu avec lui, pour voir comment il réagissait. Vérifier que, si le masque était revenu, aucune fêlure nouvelle ne s'y était creusée à cause de leurs actes.

Il savait à quel point Sasuke pouvait être fragile, à l'intérieur. Il savait que la profondeur à laquelle était cachée cette faiblesse était telle que rien ni personne n'y parviendrait probablement jamais. Pas même lui. Mais Sasuke était encore en mesure de se faire souffrir par des réflexions amenant des décisions tout aussi destructrices.

Le masque ne le protégeait pas de lui-même, et Naruto craignait chaque traumatisme auto-infligé que son compagnon pourrait vivre. Si la brisure devait être de son fait, il ignorait s'il serait capable de regarder en face le visage ainsi balafré.

L'inconfort de son état, collant de toutes parts, accrochant aux draps, la peau tirée par le sperme séché, justifia l'absence de son camarade. Sasuke n'aurait pas supporté une seule seconde de rester dans cet état sa conscience recouvrée.

Lorsqu'il sortit au grand air, le soleil était haut dans le ciel. Il aurait dû être assez tourmenté pour ne pas prendre garde au paysage, mais l'esprit jouait parfois d'étranges tours. Le décor était sublime. La forêt peu dense commençait lentement à grimper les flancs de la montagne. Entre les hêtres et les cyprès clairsemés, on voyait les faîtes enneigés et les rocs gris clair. L'atmosphère avait l'odeur des bas-monts, froide, teintée de terre et de cette impression de nulle part qui, d'ordinaire, l'angoissait. Un peu comme Sasuke.

Il inspira profondément. Malgré l'air frais, l'astre du jour chauffait durement. Il hésita à boutonner sa chemise de pyjama, puis se rappela qu'il était couvert de sperme et que Sakura était sans doute debout depuis l'aube. Il restait quelques petites choses sur lesquelles son amie ne devait pas avoir droit de regard.

Il la repéra, assise sur un tronc d'arbre à proximité du feu éteint. Un ours mort gisait à quelques pas. Elle portait un simple débardeur noir, des lunettes de soleil, et ses cheveux courts étaient tirés en arrière par plusieurs pinces. Lorsqu'il s'approcha, elle leva les yeux du papier sur lequel elle griffonnait. L'éclat vert, par-dessus les grandes lunettes, luisit avec une telle intensité qu'il le sentit jusqu'au plus profond de ses entrailles. Avait-elle déjà tout découvert ?

À côté du cadavre d'animal se trouvaient de nombreux parchemins de stockage. Certains étaient ouverts et dévoilaient leur contenu : gâteaux secs, sauces sucrées et salées, chocolat en poudre. Le feu avait servi à faire cuire du bacon et des œufs.

Un Dilemme pas si cruelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant