Partie 2

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   15 juillet 1976
(neuf jours après le départ de Sirius)

Regulus somnolait. Allongé dans l'herbe verte sur les rives de l'étang il laissait son esprit vagabonder, en écoutant les bruits de la nature: le chant d'une mésange , le clapotis d'un poisson dans l'eau, le bourdonnement d'une ruche au loin.

Lui, son père et sa mère étaient arrivés à leur demeure de vacances depuis plusieurs jours déjà, afin de profiter de quelques semaines de repos en compagnie d'autres membres de la famille. Le pavillon était rempli à craquer, pourtant Regulus se sentait étrangement seul. Non pas que cela ne lui déplaise, il n'était pas garçon particulièrement loquace. Aux débats enflammés sur la politique magique avec ses oncles, il préférait la quiétude des rives du lac, au fin fond du parc. Il passait ses après-midi à lire, étudier ou simplement réfléchir.

Autrefois, les vacances au pavillon des Black étaient synonymes de jeux avec ses cousines et amusements en tout genre. À présent, Andromeda et Sirius avaient quitté la famille, Narcissa faisait les yeux doux à ce Malefoy et Bellatrix se créait une place au sein de la société magique. En bref, les enfants Black avaient grandi.

Bellatrix était sa favorite. Elle était son aînée de dix ans et il avait toujours voué pour elle une grande admiration. Intelligente, belle, éloquente... pourtant elle avait toujours pour le plus jeune Black un sourire ou une parole gentille, n'hésitant pas à le défendre lorsque Sirius se moquait de lui, et l'incluant dans leurs complots malgré son jeune âge.

À présent elle était devenue une adulte accomplie, et bon nombre de jeunes hommes lui tournaient autour. Il y a quelques années, Regulus avait secrètement espéré pouvoir un jour faire partie de ses soupirants, (les mariages entre cousins étant fréquents dans les familles de Sang-Pur) hélas il avait vite compris qu'il ne serait jamais assez bien pour elle, et avait surtout découvert que malgré ses efforts, la gente féminine ne l'intéressait pas.

La jeune sorcière de vingt-six ans vouait elle-même une admiration sans borne à ce Lord qui dirigeait les pro Sang-Pur dans cette lutte contre les nés-Moldus. Regulus ne comprenait pas cette engouement. Il avait deux fois son âge et d'après les rumeurs, ressemblait de plus en plus à un monstre, aussi bien au niveau physique que moral.

À vrai dire, Regulus ne comprenait pas la ferveur qui s'était emparé des Sang-Pur pour ce mage sorti de nulle part. Regulus ne l'avait jamais rencontré en personne mais il se l'imaginait comme ses oncles ou son père : un homme mûr, bien habillé au visage austère et prédisposé à se sentir supérieur.

Quant à cette guerre, son unique préoccupation était de conserver l'honneur de sa famille. De plus, les Black avaient eu la présence d'esprit de choisir le bon camp, celui des gagnants, alors leur sécurité était assurée. Et même s'ils n'étaient pas ouvertement des mangemorts du Seigneur des Ténèbres, tout le monde les savaient adepte du mouvement. On disait même que Bellatrix deviendrait bientôt la lieutenante officielle du Lord. Elle le méritait, elle avait toujours été pétrie de conviction sur la pureté du sang.

Regulus n'était pas comme elle. Il n'était pas complètement obsédé par la pureté du sang. Bien sûr, il méprisait les Moldus et n'éprouvait que dédain pour leur engeance de né-Moldu, mais était-ce suffisant pour les éradiquer? Peut-être que les Sang-Pur devraient avoir la priorité sur les métiers politiques car après tout, ils connaissaient mieux le monde magique que les nés-Moldus, ayant été élevé en son sein, mais de là à les bannir totalement?Cela manquait de sens, les sorciers étant déjà en sous-nombre.

Les pensées tournaient pêle-mêle dans l'esprit du jeune garçon. Il avait toujours eu une tendance à sur-réfléchir, mais en ce moment toutes sortes d'idées noires ne cessaient de s'introduire dans son esprit sans lui laisser un instant de répit. C'était éreintant.

Finalement, bercé par le chant des cigales et le clapotis de l'eau, il finit par s'assoupir en laissant le vent lui caresser paisiblement le visage. Il aimait tant être seul.

Summertime Sadness (un été un peu seul)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant