Summertime Sadness (un été un peu seul)

Partie 4

—Entre mon garçon.

Regulus s'exécuta, et, poussant la grande porte d'ébène, il imprima sur son visage un air sérieux et noble caractéristique des Black.

Le Seigneur des Ténèbres était assis au bureau d'Orion, l'occupant mille fois mieux que le chef de la famille Black. Le fauteuil semblait être devenu trône sous sa personne. Ses coudes étaient posés sur la table, et sa tête reposait nonchalamment sur ses mains nouées. Tout son être rayonnait de domination. Regulus ne laissa pas paraître son intimidation et s'avança devant lui, sans pour autant s'asseoir. La tête droite, les mains croisées dans son dos, il fit face au Seigneur des Ténèbres sans ciller.

Ce dernier eu une sorte de rictus -sans doute un sourire- en constatant que le jeune homme lui tenait tête.

-Regulus, le rejeton des Black. Tu ressembles un peu à ton frère, n'est-ce pas? dit-il en penchant légèrement la tête sur le côté afin de détailler plus aisément le visage de son interlocuteur.

Il se tourna vers Bellatrix qui était debout dans le coin de la pièce.

—Que devient-il celui-là depuis son bannissement?

—Il se serait réfugié chez les Potter, des Sang-Pur de Godric's Hollow.

—Dommage... il aurait fait une recrue de choix. On le dit puissant et malin.

—...Mais aussi instable et excentrique. C'est un amoureux des Moldus, et il a donné du fil à retordre à sa mère qui n'a pas réussi à le mater.

Regulus toussota légèrement afin de rappeler sa présence. Cela recommençait. Malgré tout le mal qu'il avait fait autour de lui, on ne parlait de Sirius qu'en termes élogieux.

—Tout ce que peut faire mon frère, je le ferai mieux. Contrairement à ce que tout le monde pense, il n'est pas un génie mais un paresseux qui ne se soucie que de lui. Je n'ai rien à voir avec lui, donnez-moi vos ordres et je m'exécuterai.

Lord Voldemort éclata de rire. Un rire suraigu, difficilement soutenable.

—On peut dire que tu ne manques pas de cran. Et bien soit, je vais te donner l'occasion de prouver que tu vaux mieux que ton traître à son sang de frère. Je prévoyais de confier cette tâche à Sirius, mais le sort en a décidé autrement, ainsi c'est à toi qu'elle incombe.

Il marqua une pause dans son discours (Regulus nota ses talents d'orateurs: il savait tenir son public en haleine), but une gorgée de son alcool et reprit.

—Je me suis bien renseigné sur vous, les frères Black. Nobles, purs, intelligents, puissants. Vous avez tous deux conscience de votre valeur. Cela fait longtemps que j'observe de loin la progéniture de tous les sangs-pur, les Mulciber, les Avery, les Rosier... mais j'ai bien l'impression que Sirius et toi êtes les seuls à comprendre l'importance du conflit qui se prépare. Malheureusement, ton imbécile de frère a fait le mauvais choix. C'est donc en toi que je vais placer ma confiance. Tu rentres en cinquième année d'études à Poudlard n'est-ce pas?

Regulus opina du chef sans le couper.

—Très bien. Regulus Black, pendant cette année et les prochaines, tu seras mes yeux et mes oreilles à Poudlard.

—Je vous demande pardon?

—Tu m'as bien compris. Vois-tu, je suis démuni face à cette école et ce vieux sénile de Dumbledore. J'ai besoin de me créer des repères là-bas et c'est toi qui en sera chargé. Les prochaines années seront compliquées pour Poudlard et des camps se formeront en son sein. Tu ne dois pas représenter les pro Sang-Pur -je vais laisser cette basse besogne au rejeton Mulciber, il se débrouillera très bien pour instaurer un vent de terreur chez les nés-Moldus. Non, toi, cela sera plus subtile. Je veux tout savoir sur ce qui se passe à Poudlard. Qui est favorable à mes idées, qui s'y oppose, de quel côté sont les professeurs, comment Dumbledore va s'organiser face à cela...

—Un espion, en quelque sorte... ne put s'empêcher de remarquer Regulus d'un ton accusateur.

—Tu peux appeler cela ainsi. Moi, je dirai plutôt un informateur. Je place beaucoup d'espoir en ce rôle, si tu te sens incapable de le remplir...

—J'y parviendrai. Vous avez dit que c'était une tâche subtile? Je le suis. Je ne vous décevrai pas.

Voldemort eut un sourire carnassier.

—Je n'en doute pas. Tu vas m'être d'une grande aide, Regulus Black. D'une très grande aide. Je vais laisser une note à Bellatrix sur les détails de ton travail, elle te la donnera dans les jours qui viennent. Tu peux prendre congé.

Regulus s'inclina légèrement, fit un signe de tête à Bellatrix et sortit. À l'instant où il allait refermer la porte derrière lui, le Seigneur des Ténèbres lui lança une dernière phrase.

—Nous ferons de grandes choses ensemble, « petit roi ». De grandes choses.