Chapitre 3 : Le retour
Cela faisais plusieurs mois que nous marchions. La distance entre nous et cette forteresse était beaucoup plus grande que je l'avais imaginé. Il est vrai que j'aurais sûrement été plus rapide si je ne devais pas me trimbalé Marc. Ce dernier jouait tellement bien son rôle qu'il en devenait insupportable et fragile. Nous nous étions certes un peu mieux entendus au cours du voyage mais il restait, à mes yeux, un poids de plus sur mes épaules et je n'avais vraiment pas besoin de ça.
Nous avancions sur un sentier, tout ce qu'il y avait de plus basique. Pour un endroit si peu accueillant je trouvais qu'il était terriblement bien agencé. Je sentis une odeur. Cela sentait le brûlé. J'accélérai le pas suivit de mon acolyte, encore quelques centaines de mètre. Nous nous arrêtions.
- Je croyais qu'il n'y avait personne ici.
- Moi aussi. Me répondit-il. De toute évidence les problèmes ne commencent pas ici, c'est déjà bien.
- La forêt noire, la pire de toutes les forêts. Tellement terrible qu'il y a un village au beau milieu !m'exclamais-je
Il leva les épaules et partit en direction des habitations. Moi qui étais joyeuse à l'idée de ne pas supporter la présence de ces humains, me voila bien déçue. Nous pénétrâmes dans les rues remplies de monde. Je n'avais jamais vu un village aussi reculé faire autant de commerce. J'avais enlevé la capuche de mes épaules, Marc me regardait ou plutôt me fixait. Ce n'était pas un regard oppressant, plutôt un doux regard. Encore pire. Je décidai de ne pas trop y prêter attention et de regarder ce qui m'entourait. Les femmes et les hommes étaient habillés de tenues somptueuses faites des plus belles matières de cette époque. Les enfants jouaient dans la boue, l'herbe et l'eau avec des vêtements à faire pâlir tous les paysans que j'avais pu rencontrer dans toute ma vie. Ils vendaient des produits basiques, comme des céréales, du pain ou des légumes à des prix exorbitants et pourtant personne n'avait l'air de marchander et payait la somme comme si l'argent tombait du ciel. Cet endroit était tellement reculé, qu'il avait l'air de marcher selon ses propres règles, selon sa propre loi sans jamais tenir comptes des codes de la société dans laquelle Marc et moi nous vivions.
Ils ne nous prêtèrent aucune attention, c'est à peine s'ils prenaient la peine de s'écarter pour ne pas nous heurter. Marc me fit signe de le suivre, et nous entrâmes dans une bâtisse en bois. L'intérieur était extrêmement sombre, on ne pouvait voir que grâce à quelques bougies accrochées sur les murs et par deux pauvres petites fenêtres qui donnaient sur la rue d'où nous venions. Je devinais, à voir l'agencement et les personnes se trouvant ici, qu'il s'agissait d'une taverne et contrairement à l'extérieur, elle n'était pas du tout luxueuse. Elle respirait la poussière, la pauvreté et l'alcool.
Nous nous installâmes sur une table tout au fond. Un homme gros et grand vint prendre notre commande et revint quelques minutes plus tard avec deux grands verres d'alcool. Je bus une gorgée et fus surprise de voir que je ne connaissais pas du tout cette boisson. Même cela était différent ici.
- Pourquoi tu as accepté de venir ? me demanda-t-il après plusieurs minutes de silence à contempler les toiles d'araignées.
- Pour la même raison que toi, retrouver la pierre de Nakmar.
- Quelque chose te pousse à continuer, je me trompe ?
- Pas du tout, lui répondis-je en souriant.
- Alors ? Pourquoi es-tu là ?
Je m'appuyai contre le dossier de ma chaise.
- Dit moi plutôt pourquoi ton roi veut cette pierre.