Chapitre 4 : Forêt noire
La lame disparue presque aussitôt. Je devais sûrement me tromper, toute cette histoire me montait à la tête même si je ne pouvais m'empêcher d'y penser.
Les Kalems avaient disparu, il fallait partir au plus vite et essayer de rejoindre le château. Nous n'étions plus très loin, encore quelques kilomètres et c'était bon. Il y avait un sentier à quelques pas de nous mais Marc préféra l'éviter et pris un « raccourci » à travers la forêt. Je ne cherchai pas à comprendre, nous étions si près du but que je n'avais aucune envie de parler, je ne voulais pas que cela nous fasse échouer. Supporter tout ça et tuer si peu pour tout recommencer ? Ah ça non ! Nous marchâmes ainsi pendant plusieurs heures. Je me retournai souvent, nous étions suivis. Ce n'était pas des humains, ce qui nous suivait étaient bien trop organisés pour n'être que des Hommes. Quelques fois il m'arrivait de les surprendre et de croiser leur silhouette qui s'enfuyait. Une chose était sûre, nos ennuis n'étaient pas terminés mais pas du tout. Je m'étais éloignée de Marc qui marchait vraiment vite. Pour une fois qu'il ne trainait pas celui là. Il s'arrêta. Je le rejoignis d'un pas pressé. Je ne comprenais pas pourquoi nous nous étions stoppés. Etait-il assez débile pour ne pas s'être rendu compte de ce qui se tramait juste derrière nous? Il fallait bouger, vite ! Il n'y avait ni sang, ni mort, ni danger imminent, enfin, pas de danger imminent venant de devant nous pour être plus précise.
- On y est, me dit-il.
Je ne comprenais toujours pas, je regardai devant moi. Ah... d'accord. La forêt noire, la vraie, se dressait devant nous. Un court instant, j'oubliais nos ennuis. Les arbres qui nous barraient le chemin étaient comme morts. Il me rappelait étrangement l'arbre que j'avais rencontré au début de notre excursion, celui que j'avais vu changer dans une des mes visions. Pas de doute, nous étions sur la bonne route. Nous prirent une grande inspiration et nous commençâmes à pénétrer dans cet endroit sinistre. Nous avions à peine fait un pas lorsque j'arrêtai Marc en levant la main. Je me retournai lentement, il en fit de même. Pour une fois j'aurai tellement aimé avoir tord. Nous avions bel et bien été suivis. Une ligne de Kalems se tenait juste derrière nous. Nous nous regardions. Je pouvais sentir sa crainte. Mais quelque chose n'allait pas. Ils n'avaient pas l'air d'être en chasse, ils étaient juste assis là à nous regarder bêtement. Ma méfiance retomba, qu'est-ce qu'ils nous voulaient ? Nous les regardions pendant plusieurs secondes lorsqu'un rugissement puissant s'échappa de la forêt et tous les Kalems s'en allèrent en courant. De toute évidence ce qui se trouvait dans cet endroit leur faisait peur. Si quelque chose était capable de faire fuir à un Kalem, je n'osais imaginer ce qu'il en sera de nous.
Nous pénétrâmes doucement dans la forêt noire, espérant de tout cœur que la chose qui avait poussé ce cris soit loin, très loin de nous.
L'air était oppressant, les arbres étaient maigres et vraiment très près les uns des autres. Leur feuillage était ci-haut qu'ils ne nous offraient presque pas de visibilité. Rien ne recouvrait le sol à l'exception de quelques feuilles mortes et de quelques fleurs noires, recouvertes d'épines. Parfaitement immondes. Tout ici respirait la mort. Je m'assurais de ne pas être trop loin de mon guide, je n'étais pas sûre de pouvoir ressortir d'ici toute seule. Il se trouvait à quelques pas derrière moi et je peux vous jurer que quelques pas dans cette forêt pouvaient vous coûter la vie. Je décidai de m'arrêter quelques secondes, le temps qu'il me rejoigne. J'aperçus entre deux arbres, une sorte de toile blanche qui remontait le long du tronc et se perdait dans l'obscurité. Je la touchai et la fis bouger. Ce mouvement se reproduit comme un écho sur toute la toile. Je le refis une deuxième fois. Cela était tellement surprenant et presque amusant. Je voulus le faire une troisième fois mais une main me saisis le poignet. Je le regardai, Marc avait l'air particulièrement à l'écoute de ce qui l'entourait. Au bout de plusieurs secondes d'attente sans bruit, je voulus récupérer mon poignet mais il le tenait trop bien.