𝕀𝕆 ℝ𝕒𝕚𝕤𝕠𝕟𝕤 𝔻𝕖 𝕋'𝕒𝕚𝕞𝕖𝕣 𝔸 𝕁𝕒𝕞𝕒𝕚𝕤

𝔻𝕒𝕪 𝕠𝕟𝕖

Osamu a la réputation d'être le plus calme des jumeaux, mais ce n'est qu'une façade : il peut passer des heures à se battre avec son frère sans s'épuiser, jouer au volleyball de l'aube jusqu'au crépuscule, ou même passer un temps ahurissant en cuisine, au milieu de la chaleur du four, ou concentré sur la préparation minutieuse d'un gâteau, quelque chose dont son frère est incapable. Osamu n'est pas calme, mais il est capable de se concentrer entièrement sur une tâche, à l'inverse de son jumeau, qui n'a pas la capacité de faire la même tâche trop longtemps, malgré ses efforts. Seul le volleyball est capable de collecter toute sa concentration ; Osamu savait qu'il était fait pour ça, et il n'y a pas moyen que son frère fasse une autre carrière professionnelle que joueur de haut niveau.
Suna, lui, est réellement quelqu'un de calme. Ne vous méprenez pas : il aime beaucoup s'amuser, rire avec ses amis et taquiner son entourage, spécialement les jumeaux de son équipe. Mais il est capable de rester un long moment sans rien faire, il accepte l'ennui (il répète souvent que l'ennui est bénéfique au cerveau ou quelque chose de similaire, ce qu'Osamu n'arrivera jamais à comprendre), et a même un planning. Osamu est incapable de se tenir à un planning, la régularité finit toujours par le pousser dans une spirale de déprime et de stress. Suna, lui, apprécie la fidélité de son quotidien, chaque jour différent du précédent mais souvent similaire à celui de la semaine passée. Ça l'aide apparemment à garder les idées claires, de ce qu'il dit, d'éviter la confusion et la paresse ou même la procrastination. Il apprécie cependant les décalages et les imprévus : il vit avec Osamu, alors jamais il ne pourra suivre à cent pourcents ses plans comme il le désire. Mais il aime cet homme, et il a choisi de son plein gré d'emménager avec Osamu, c'était même lui qui a abordé le sujet : c'était quelque part à la fin du lycée, il allait bientôt recevoir son diplôme et Osamu travaillait dans les cuisines d'un restaurant pas très loin. Il avait mentionné l'idée vaguement, il savait que même s'ils sortaient ensemble, Atsumu sera toujours la priorité de son petit-ami, et qu'il ne le quittera pas s'il a des problèmes - et effectivement, il en a : il commence à peine à sortir d'une dépression, et a été repêché de l'enfer des troubles du comportement alimentaire avant que ça ne dégénère de manière drastique. Osamu était bien plus protecteur qu'il n'y paraissait, malgré les insultes parfois amères que les deux s'échangeait. Il prenait presque le rôle d'un grand frère, même si Atsumu aimait se vanter d'être né une bonne demie-heure avant lui. Les deux avaient un lien si étroit, que Suna, étant enfant unique, ne pourrait jamais comprendre. Il visualise, il conçoit, mais jamais il ne connaîtra la relation qui les unit si étroitement l'un à l'autre. Suna est sûr que même si un jour leurs chemins viennent à se séparer, d'une manière ou d'une autre, que ce soit par la mort ou par un violent conflit, ils ne pourront jamais totalement abandonner l'autre. Ils sont comme des âmes sœurs platoniques, alors même s'ils prétendent le contraire, même si leur façade ne les trahira jamais, ils resteront prêts à surmonter l'impossible pour l'autre. Jamais le fil rouge du destin qui les relie ne se brisera ; peut-être va-t-il un jour s'effilocher, mais rien de plus. La ficelle entre lui et Osamu semblait toujours plus fragile et insignifiante à chaque fois que Suna pensait au lien des deux frères, mais il sait que ce n'est pas comparable. Si quelque chose devait arriver et que leur fil se brise lors d'un jour malheureux, alors c'est tant pis : la vie est pleine de surprises, dont certaines qui peuvent être très cruelles. Mais jamais il n'osera jalouser la proximité et l'intimité platonique de ces deux-là. C'est quelque chose qui leur appartient entièrement, à eux seuls. Suna a sa propre relation avec Osamu, intime et douce, bien plus que platonique. Ils vivent ensemble, et même s'il sait qu'Atsumu a vu bien plus d'Osamu que Suna ne le fera jamais, il apprécie chacune des facettes de son amant, qu'il continue aujourd'hui encore de découvrir, lui permettant parfois de l'observer comme si c'était la première fois qu'ils étaient seuls, comme si leur couple datait de la veille seulement. Ils sont intimes à leur manière, comme un couple, on part de leurs corps enchevêtrés alors qu'ils regardent une émission, aux caresses sensuelles qu'ils échangent parfois la nuit, tout en passant par les conversations lourdes, occasionnellement accompagnées d'un verre d'alcool pour le courage, d'autres fois de larmes. Ils ont chacun un passé, des démons et des cauchemars, mais ensemble, ils arrivent à avancer. Ils ont aussi des rêves, un futur et des gens à aimer. Ils ne sont pas seuls : Suna n'est pas rejeté, et Osamu a enfin d'autres amis que son frère, variant de l'époque où ils étaient si seuls que la présence de l'autre devenait presque maladive. Ils n'étaient plus seuls.