Il pleut sur Tokyo.
Les amis de Jeongguk l'avait toujours appelé l'homme de pluie. Là où il allait, lorsqu'ils organisaient un repas, une sortie, si Jeongguk était invité, il semblait qu'il amenait le déluge avec lui. Ame-otoko.
Comme s'il y avait volonté de se moquer de lui, l'humidité s'amusait de la douleur dans son genou. Le sentiment que son articulation le définissait et régissait l'humeur et le jour existait déjà, alors avec les averses sur Tokyo, tout était un peu ridicule.
C'est le soir où l'on contemple la pleine lune.
Jimin l'avait invité pour la première fois dans son appartement. C'était pour fêter l'Otsukimi ou l'automne, la beauté du satellite et peut-être que l'appartement luxueux du chef s'y apprêtait parfaitement.
Il habitait dans l'une des immeubles luxueux qui caressaient les étoiles et scintillaient autant qu'elles. À leurs pieds, un immense jardin dont la pluie en interdisait l'exploration. Il était déjà tard le soir, Park Jimin avait fermé le restaurant pour la nuit et regagné ses quartiers, Jeongguk avait récupéré des heures de sommeil avant de braver les transports et rejoindre l'homme dans sa tour.
Les bouteilles de Aki-agari s'entrechoquent dans son sac à dos.
Jimin vint lui ouvrir la porte. Les manches de son gilet étaient remontées jusqu'au coude et il avait posé un torchon sur son épaule. Avec une flamme malicieuse dans les yeux et une telle fluidité qu'il semblait avoir répété, Jimin s'exclama : Qu'est-ce que tu fais là ? T'es pas censé être sur la Lune ?
Quand il était enfant, Jeongguk y avait cru, à ce lapin sur la Lune, sauvé des flammes et de la mort par l'Homme habitant le satellite. Jeongguk cherchait le lièvre à s'en faire brûler les yeux, et la frustration secouait son âme d'enfant lorsque ses parents lui soufflaient : Regarde ! Il est là ! Et que la seconde où il reposait ses yeux fatigués sur la Lune, l'animal avait disparu.
Jimin lui dit qu'il ressemblait à un lapin avec un sourire mi attendri, mi amusé. Il lui demanda s'il avait ramené des mochi puisqu'il n'était pas en train d'en pétrir sous l'ombre d'un cratère, et Jeongguk était tout penaud avec son sake.
Fidèle à lui même, le chef avait préparé des Udons où flottait un jaune d'oeuf cru et rond, comme la Lune. Sur le plan de travail, douze astres de dango se baignaient avec les glaçons, là où ils avaient été mis à refroidir. La table avait été mise en face de cette gigantesque baie vitrée depuis laquelle on pouvait admirer la Lune briller. Un morceau de R&B se jouait silencieusement, car il n'était plus l'heure.
Jimin surpasse la nuit.
Les deux hommes sont trop fatigués pour rire aux éclats et la drôle d'atmosphère les rends plus lents, plus cocons, plus tiède. Lorsqu'ils se parlent, c'est dans une douce langueur couverte de sirop.
C'est l'effet du clair de Lune.
La peau de Jimin apparaît plus laiteuse, ou mielleuse, peut-être, il ne sait pas. Ses yeux scintillaient, mais Jimin lui dit qu'il ne faisait que refléter les siennes, car il aimait le complimenter. Jeongguk ne réagissait jamais, et Park avait toujours un sourire amusé. Mais il avait ces milliers de petites remarques dans sa poche, et prenait un malin plaisir à les réciter. Il le taquinait avec ses mots et ses yeux, ça le faisait toujours rire, comme s'il le fallait, pour désamorcer quelque chose. Le noiraud fit mine de ne rien voir lorsqu'il s'attacha les cheveux pour manger et que Jimin étudia le processus avec un rictus attendri, les baguettes à mi chemin. Il faisait mine de ne pas voir les signes. Car si Jimin voulait désamorcer, Jeongguk n'avait pas encore mis le feu aux poudres.
VOUS LISEZ
UMAMI. ::jikook
Fanfiction"Jeongguk aimait le brouillard des sentiments et le chef Park l'y noyait." Ou, Jeongguk rencontre Park Jimin sous les lumières aveuglantes du marché de Toyosu. Le chef sushi scintille comme l'eau sous la lune. Jeongguk se tortille comme une anguille...