Chapitre XIX

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               « On ne voit bien qu'avec le cœur.

               L'essentiel est invisible pour les yeux. »

                  Antoine de Saint-Exupéry

       Tout se passait bien jusque-là. Il avait même réussi, non sans peine, à regagner la confiance de Sophia. Toutefois, ce soir-là, en la voyant s'avancer vers lui, il pensa que ça ne s'arrêterait jamais.

       Saloperie de destinée !

       Si elle existait il était en droit de lui en vouloir et de l'envoyer se faire foutre.

       Après l'annonce de ses épousailles il n'avait plus eu de ses nouvelles. Il la croyait mariée, convoyant en justes noces avec son nouveau mari. Pourtant elle était là, débarquant telle une fleur dans une réception où elle n'aurait pas dû être présente.

       Ça gâchait tout!

      Il avait dû subir les regards persistants de Sophia demandant des explications à tout va. Tandis qu'Elle virevoltait dans la pièce avec insouciance, comme si de rien n'était. Pourquoi accepter de venir en sachant qu'il y serait ? Il s'assit loin pour l'éviter le plus possible. Seulement, ça le rendait dingue de voir Dereck tisser son filet autour d'elle. Il en perdit tout attrait pour les festivités. En essayant de se ressaisir, c'est la fureur qui l'emporta.

       Pourquoi revenait-elle alors qu'il venait tout juste de trouver une solution qui lui conviendrait ?

       En résumé, revoir Mia ne le consola pas le moins du monde.

       — Comment te sens-tu ? lui demanda ironiquement Dereck.

       — Très bien, répondit-il nerveusement.

       Il se sentit agité, tout ce qui lui manquait, était un sac de boxe. Dereck posa la main sur son épaule et lui montra Sophia, seule, le regard fixé sur Mia. Elle semblait exaspérée et la dévisageait telle une lionne éprouvant sa proie. Tandis que Mia lui adressait un sourire qui le déconcertait.

       Comment pouvait-elle être si belle ? Il rougit comme un gamin lorsqu'elle fit passer ses cheveux de l'autre côté de sa nuque et posa les yeux au sol pour ne plus avoir à la reluquer. Il fut interloqué par le regain d'assurance qu'il lisait dans ses yeux. Elle respirait la luxure. Elle mut telle une onde délicate paradant dans sa jupe courte et légère. En la suivant, il perçut la douceur et la frénésie de son regard.

        Ç'en fut trop. Il était désarçonné. Il voulut traverser la salle, l'empoigner et lui ôter tout ce qu'elle portait sur le dos, mais avant que ses désirs ne deviennent réalité, il courut à nouveau prendre l'air à l'extérieur.

         Tout lui échappait.

         Il n'avait plus aucune envie d'être là, au milieu de tout ce monde. Une fois sortit, il prit un siège. Sophia le rejoignit peu après et referma prudemment la porte derrière elle.

         — Qui est cette fille ? demanda-t-elle en serrant les dents.

         David ne voulait pas lui répondre. Il baissa simplement la tête, attendant la sanction qui tomberait fatalement. La blonde n'était pas bête et était loin d'être aveugle, si elle lui posait la question c'est qu'elle avait surement déjà compris.

       L'ingénieur tira une cigarette de sa veste et l'alluma convulsivement en la portant à ses lèvres. Sophia resta là et attendit patiemment qu'il finisse. Elle s'installa sur le fauteuil à côté de lui et puisqu'il ne semblait pas décidé à parler, elle engagea la conversation.

Tue-moi lentementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant