Dernière

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« Si tu mourais, je n'y survivrais pas. »

John releva la tête.

« Sherlock... »

Le docteur fit la première chose qui lui vint à l'esprit, il prit le sociopathe dans ses bras. Ce dernier, un peu étonné, passa tout de même ses bras autour des épaules du médecin.

Le cœur du sociopathe se serra en constatant qu'il se sentait bien dans les bras de l'ex-soldat. Il ne se sentait bien rien qu'en sa présence. L'évidence lui sauta soudainement aux yeux.

Il était amoureux de John Watson.

Lui, la personne ayant déclaré que l'amour n'était que des réactions chimiques, était tombé amoureux.

La situation s'imposait au sociopathe, mais expliquait beaucoup de choses. Pourquoi il s'inquiétait tant pour lui, pourquoi il perdait ses moyens lorsqu'il était en danger ou encore pourquoi, même lorsqu'ils s'étaient disputés, il n'arrivait pas vraiment à lui en vouloir.

Pourtant, une larme roula sur la joue du détective. Pour la deuxième fois de sa vie, il aimait vraiment quelqu'un, mais pour la deuxième fois également, il était presque sûr que les sentiments n'étaient pas réciproques.

Les larmes coulaient maintenant sans qu'il puisse les arrêter. L'amour faisait mal, bien plus qu'une blessure physique.

Au beau milieu de cette route, loin de Londres et de Baker Street, les émotions avaient réussi à prendre le pas sur la logique du célèbre détective Sherlock Holmes.

Le consultant n'était pas le seul à se battre avec ses émotions, John luttait également contre quelque chose qui le dépassait, ses sentiments. Ses sentiments dont il ne savait que faire. Pour la première fois depuis la mort de sa femme, il se sentait calme et serein dans les bras de quelqu'un. Ce qui le troublait encore plus était le fait que soit Sherlock. Mais ce n'était pas tout, après cet étrange échange de regard qui l'avait perturbé plus qu'il ne se l'avouait et se dîner bien trop silencieux, voilà que le détective se tenait responsable de la mort de Mary. Au fond de lui, le médecin s'en voulait, c'était lui qui avait accusé son meilleur ami au départ. Tous se confondaient dans la tête du docteur, le rendant incapable de dire ce qu'il ressentait à l'instant précis.

Les deux hommes restèrent dans les bras l'un de l'autre bien plus longtemps que la normale. Lorsque Sherlock fit un pas pour se séparer du médecin ce dernier vit ses yeux légèrement rouges. Le détective s'empressa de tourner la tête avant de pianoter quelques secondes sur son téléphone.

« J'ai commandé un autre taxi, dit-il. »

John hocha la tête, ne sachant que faire de plus. Il ne comprenait pas ce qui pouvait mettre dans un tel état le consultant, mais tenta quelque chose.

« Tu n'as pas à te sentir responsable de la mort de Mary, tu n'y étais pour rien. »

Sherlock resta là, sans bouger, le regardant seulement. Le docteur se sentait viser par une sorte de tristesse émanant du détective, sans en trouver la cause.

Ils restèrent tous deux sans bouger, dans un silence pesant, l'un tentant d'accepter une douleur, l'autre tentant de la comprendre.

Le soleil était maintenant presque levé et ses rayons venaient se refléter sur les rares feuilles déjà tombées. Une lumière presque irréelle baignait l'endroit rendant l'atmosphère encore plus étrange qu'elle ne l'était déjà.

Le chauffeur arriva alors que sept heures et demie venaient de passer. Le trajet retour fut silencieux en parole, seule la musque que diffusait la radio emplissait l'air.

Demain est aussi aujourd'huiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant