Chapitre 3 - Hilary.

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Nath est déjà parti quand je sors de ma chambre, il a pris le temps de laver sa tasse et posé mes vêtements de la veille sur une chaise. Un post-it collé sur la machine à café sur lequel est inscrit quelque chose me fait de l'œil. Je le récupère et lis « Merci pour cette nuit. Passe une bonne journée. » Si seulement nous avions pu nous entendre autrement que sexuellement, il aurait été le mec idéal. Mais nous savons tous deux que ça ne fonctionnerait pas, dans un premier temps parce qu'il ne cherche rien de concret, pour ma part je n'y suis pas opposée et apprécierait même l'idée d'entamer une relation sérieuse. Ensuite parce que son boulot l'accapare beaucoup trop, et que c'est un mec de terrain. L'idée de le voir peu ne m'enchante pas réellement. Forts de ces savoirs, nous avons donc mis en place un système de sex friend qui nous va bien et pour lequel nous avons décidé de n'avoir en commun dans ces moments-là, que le sexe. Nous ne dormons pas ensemble, nous ne nous lavons pas ensemble par la suite, c'est ce qui nous va le mieux, ça évite de créer une ambiguïté dont tous les deux, nous ne voulons pas. Mais comme des amis, nous avons aussi des intentions d'amis, d'où le petit mot quand on part si l'autre dort ou est absent, la propreté après notre passage, toutes ces petites choses que l'on fait avec nos amis proches. De mon café s'élève des volutes de fumées blanches, je lui envoie un message pour le remercier et m'enquière des nouvelles. Léon, mon ami journaliste m'informe que l'homme accidenté va mieux et que les passagers de l'autre voiture aussi. J'avais complètement oublié l'accident.

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Point de vue Kentin.

Leurs disputes n'en finit plus, je me sens mal mais que puis-je dire ? Il est vrai que si mon père n'avait pas été aussi sévère à la fin du lycée avec moi je n'aurais peut-être pas choisi la voie militaire et rien de tout ça ne serait arrivé. Mais peut-être qu'en tombant sur d'autres types du genre Castiel j'aurais voulu changer et j'aurais tout de même choisi une voie similaire... En réalité, je pense que j'ai toujours eu une sorte d'admiration pour mon paternel, bien que la communication avec lui soit difficile. J'aimerais pouvoir expliquer à ma mère que je ne lui en veux pas, que je les aime tous les deux et que pour rien au monde je ne voulais cette merde. Je voulais juste cracher ma haine dans un coin isolé, hurler ma peine sans que personne ne puisse me juger... Me montrer faible, lâche, désemparé... Juste être moi-même... Un homme, si tant est que l'on puisse dire que je suis encore un homme, anéanti par une blessure qui guérit trop lentement et qui m'oblige à changer de voie. Qui m'oblige à mentir à mon entourage. Quelle déveine. Belle ironie du sort en soit, je me disais bien que j'avais eu trop vite une belle vie, désirable et douce... En apparence. Si tout a dégringolé si vite, j'imagine qu'il y avait déjà quelques problèmes sous la couche visible. Mais c'est trop tard. Une seconde. En une seconde, ma vie basculait, et en deux mois j'ai fini de tout saccager. J'entends des bruits de pas dans l'escalier et la porte d'entrée claquer. J'essuie mes larmes, je suis assez pathétique comme ça. Quelques coups s'élèvent dans le silence pesant qu'a laissé la dispute derrière elle.

« Entre. À ma plus grande surprise, c'est mon père qui entre dans ma chambre. Pour la première fois, ses traits sont tirés, son visage vieilli et ses yeux humides. Je me mords la lèvre. Quel abruti je fais.

_Comment tu vas mon garçon ? Je ravale mes larmes, tout au fond de moi et prends sur moi pour lui répondre d'une voix normale.

_Ça va. Désolé pour la dispute entre maman et toi. Je...

_Ne t'excuse pas garçon. Je ne suis pas tombé amoureux de ta mère uniquement pour son côté maladroit. En fait. Je pense que nous devons parler. Je sais qu'avec ma carrière militaire, j'ai toujours été un père strict et je n'ai pas forcément toujours été à l'écoute de tes besoins... Je bois ses paroles. Je les attends depuis si longtemps... Je peux me chercher des excuses, bien sûr. Mais je pense que je t'en dois. Je suis fier de toi fils. J'ai toujours été fier de toi. Mes larmes n'en peuvent plus et quittent le navire, je peine à croire ce que j'entends. Et je suis au courant pour... Ton futur boulot. Je suis un peu triste que tu ne me l'aies pas dit toi-même...

Kentin & Moi - Love Life Version. [+18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant