Chapitre 4 - Des vies.

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« Hilary dépêche-toi ma puce, nous allons être en retard.

_Hmm... Mais pôpa. Monsieur Palpatin n'est pas bien du tout, je ne peux pas le laisser seul !

_Je déposerais monsieur Palpatin chez mamie, elle s'occupera de lui. Je sais que tu as un peu peur ma puce, mais tout ira bien.

_Et si tout ira pas bien ?

_Alors papa réglera ça avec ton institutrice qui réglera ça avec les autres enfants. Comme dans l'ancienne école. Imagine si tu retrouves un super copain ou une super copine comme Nathan ? Elle me regarde longuement. Hilary est métisse, à cause de ça, elle a déjà subit une forme d'harcèlement raciste à l'école. En maternelle... Depuis, la fin des vacances la rentrée lui fait peur. Tout ira bien ma puce. Papa est là. Je te protégerai toujours. Elle me prend dans ses bras. Pose monsieur Palpatin sur son lit et se lève enfin.

_Tu promets ?

_Oui mon ange. Je te le promets. »

Elle s'habille, prend son temps. Je lui laisse, j'ai expliqué le problème au directeur et son institutrice lors de son inscription. Ils m'avaient dit que la première semaine ils se montreraient compréhensifs sur son heure d'arrivée afin qu'elle puisse s'acclimater. Ils surveilleraient les autres enfants, préviendraient les autres professeurs. Jusqu'à maintenant ils n'avaient jamais rencontré de problèmes, mais puisque ma fille a déjà vécu du harcèlement ils surveilleraient ça de près. Je suis content d'avoir choisi cette école. Elle permet entre autre à mes parents d'aller la chercher les fois où moi je ne pourrais pas quand j'aurais repris le travail. Hilary se fait une joie de pouvoir aller chez ses grands-parents par moment, on a même convenu qu'elle y aille une fois par semaine, le jeudi midi. En voiture je constate que nous avons un peu de retard. Je passe le temps du trajet à la rassurée, lui explique ce qui a été convenu pour cette première semaine, lui parle des projets artistiques qui vont démarrer bientôt et auxquels elle participera. L'un d'eux attise sa curiosité, elle paraît moins anxieuse mais continue de regarder par la fenêtre. Je remercie soudain la radio de passer une chanson d'un artiste qu'elle aime beaucoup, augmente le volume afin qu'elle puisse se concentrer dessus et la technique fonctionne. Elle bouge la tête au son de la musique, un sourire se dessine sur son visage, je souris puis gare la voiture quand nous sommes devant le portail.

Le directeur, une personne à la stature bedonnante et pantouflarde est posté à l'entrée. Il a tout du vieux paternel aimant de la campagne. Une moustache en brosse grisonnante, un sourire amical et des yeux rieurs plissés par le temps. Il nous fait signe, je lui souris. Je sors le premier de la voiture, il a la gentillesse de ne pas bouger, Hilary descend, son regard me montre toute l'appréhension qu'elle a à l'idée que je la laisse seule. Je me sens coupable, mais si le directeur a pris la peine de nous attendre ici n'est-ce pas pour l'aider et par signe de bienveillance ? Elle attrape ma main, je la sens moite et m'inquiète. Comment peut-on, à six ans, être aussi terrifiée ? Comment peut-on à six ans, être méchant au point de terrifier ?.. Je la rassure, lui dis que tout ira bien, et je l'invite à avancer. À hauteur du directeur, elle se cache à moitié derrière moi, ne lâchant pas ma main. Il me salue d'un signe de tête, son sourire et ses yeux transpirent la bienveillance. Il s'agenouille, ses articulations craquent sous l'effet de l'exercice. Il regarde Hilary puis d'une voix douce la salue.

« Bonjour Hilary. Elle ne répond pas. Je constate qu'elle est blême, je caresse le dos de sa main. Je suis monsieur Dessnink le directeur de ta nouvelle école. C'est ainsi que ton papa devra m'appeler quand je lui parlerais. Mais, si tu le souhaites, tu peux m'appeler Charles, c'est plus simple. Hilary le regarde, les lèvres scellées. Ton institutrice a attendu avec moi, mais il a fallu qu'elle rejoigne sa classe. Elle s'appelle madame Hortensia, comme la fleur. Elle est très gentille et à l'écoute des élèves. Tu n'as que très peu de retard, je souhaite t'accompagner jusque dans ta nouvelle classe. Es-tu d'accord avec ça ? Elle me regarde, je lui souris. Essayant de l'encourager sans interférer entre elle et monsieur Dessnink.

Kentin & Moi - Love Life Version. [+18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant