3- Chez les Leroy

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Je tapote nerveusement du pied, le cerveau tournant à plein régime. Je suis devant la maison des Leroy et j'hésite à sonner. Je jette un coup d'œil à ma maison: il est encore temps de changer d'avis et de rentrer chez moi, me mettre en pyjama et passer une énième soirée films avec ma grande sœur. Seulement, je me sentirais mal d'abandonner aussi lâchement Zoë. Je lâche un rire ironique: on ne se connaît même pas toutes les deux, je ne lui dois rien en soit.

J'inspire et expire un bon coup puis appuie sur la sonnette. Une part de moi me crie pourtant de fuir. L'homme que j'avais aperçu un peu plus tôt dans la soirée m'ouvre, tout sourire. Je devine que c'est le père de Zoë. Avec un air amical, il me tend sa main que je serre rapidement:
-Eli, c'est bien ça? Enchanté, je suis Marcus, le père de Zoë.

-Enchantée monsieur.

-Entre, Zoë est dans sa chambre à l'étage, on part dans cinq minutes.

-D'accord.

Je rentre dans la maison remplie de cartons de déménagement, elle est agencée de la même manière que la nôtre. Seul le salon semble un peu aboutit. Il y a un canapé norvégien gris au coin du mur dans la diagonale par rapport à moi, des rideaux assortis, une table d'appoint doré posée sur un tapis jaune moutarde ainsi qu'un énorme écran plat fixé au mur au dessus d'une bibliothèque allongée. Je dirais qu'il manque de la déco, mais vu le travail qu'ils ont effectué en aussi peu de temps, je pense qu'elle ne tarderait pas à venir. Je monte les escaliers pour atteindre l'étage et me réjouis que le nom de ma voisine soit écrit sur l'une des deux portes encadrants la salle de bain, me facilitant la tâche. Elle est légèrement entrouverte est une musique discrète s'échappe de la pièce, je crois que c'est du Dua Lipa. Je toque doucement et elle m'invite à entrer.

Je lance un coup d'œil circulaire à la pièce. Je découvre, sans surprise, une chambre emplie en grande partie de cartons. Il y a le mobilier le plus simple: une armoire, un lit queen size, un bureau et une coiffeuse. Zoë farfouille dans cette dernière. Même si elle est de dos, je trouve sa tenue particulièrement belle: elle porte une robe blanche à manches bouffantes, courte et près du corps, ainsi que des doc Martens blanches. Ses cheveux sont lissés et coiffés en une tresse placée sur le côté. Je regrette soudain mes choix d'habillage.

Finalement, j'ai rendu tous ses vêtements à Esther, elle m'a même foudroyé du regard avant de retourner les ranger dans sa chambre. Je porte donc actuellement mes propres vêtements: un t-shirt à manches courtes blanc oversized, un jean droit noir ainsi que mes converses montantes noires. Même si ma tenue est excessivement basique, j'espère que ma coiffure et mon maquillage rattrapent un peu le reste.

Esther à réussi à effectuer un maquillage léger mais masquant tout de même mes imperfections. Elle a appliqué des fards aux tons rouges-orangés sur mes paupières, car selon elle, ce sont des teintes parfaites pour mes yeux verts. Elle a aussi bouclé mes cheveux bruns et les a attachés en une queue de cheval haute. Je devrais remercier ma sœur d'avoir réussi à me faire me sentir moins laide, surtout après ma petite crise de nerfs lors de l'essayage... Je me promet intérieurement de le faire en rentrant.

Je m'approche de Zoë et tend le cou pour voir ce qu'elle fait:
-Tu as perdu quelque chose?

-Je cherche mon gloss transparent... Enfin!

Elle se retourne soudain et le brandit fièrement. J'ai d'autant plus la possibilité d'admirer sa tenue. Je suis bouche bée. La robe possède un magnifique décolleté triangle bordé de dentelle et des boucles d'oreilles dorés fines encadrent joliment son visage ovale. Elle applique son gloss sur ses lèvres roses et fines. Son fin trait d'eye-liner souligne parfaitement la forme en amande de ses yeux, et même si elle a déjà bonne mine avec son teint mate, le blush couleur pêche égaye d'autant plus son visage. Je la confondrais presque avec un mannequin tant sa silhouette est élancée et sa taille fine.

Je soupire discrètement, j'ai vraiment l'air pitoyable à côté d'elle, avec mon corps disgracieux que j'essaye de cacher dans des vêtements simples et discrets. Je regrette d'avoir accepté de l'accompagner.
Son regard se pose sur moi, j'ai si peur de la regarder dans les yeux et d'y voir un quelconque air de jugement que je l'évite et range rapidement une mèche imaginaire derrière mon oreille.
"Ça va ? s'enquit-elle. T'as pas l'air bien, tu veux boire quelque chose?"

Je dois avouer que j'ai la gorge sèche et l'impression d'étouffer.
-Je voudrais bien un verre d'eau.

-Ok, suis-moi.

Elle récupère son sac ainsi que son téléphone et s'apprête à passer la porte lorsqu'elle s'arrête soudainement. Je manque de la bousculer.
-Attends, on devrait prendre une photo, non?

-Euh... d'accord.

Nous nous plaçons devant son miroir murale et prenons la pause. Celle de Zoë est digne d'une instagrameuse, moi j'ai juste l'air mal à l'aise et je ne sais pas quoi faire de mes mains.
"Je te l'enverrais", me dit-elle avec un sourire. Je hoche la tête sachant pertinemment que je la supprimerais sûrement aussitôt.

Nous descendons finalement les escaliers pour nous servir un verre dans la cuisine. Je sirote lentement mon eau, appuyée sur le plan de travail. Je ne sais pas quoi dire.
-Alors, commence-t-elle en posant son verre, tu vas souvent en soirée?

J'hésite à être honnête avec elle "Non, à vrai dire j'ai aucun amis. Je passe bien des soirées à regarder toutes sortes de films avec ma sœur mais j'imagine que ça n'a rien à voir.". Je ne peux clairement pas lui dire ça. Mais devrais-je mentir? "Tout le temps. Oh, et j'ai même refusé une invitation à une autre soirée pour pouvoir t'accompagner.".

-De temps à autres, ouais, je réponds en baissant les yeux alors que je passe une mèche derrière mon oreille. Et toi?

-Pas souvent, à vrai dire ça ne m'intéresse pas tellement, mais Tess est persuadée que ça me permettra de m'intégrer avant la rentrée. Dis...

-Oui?

Elle semble hésiter.

-Tu penses pas que j'en fais un peu trop?

Je manque de lever les yeux au ciel. Est-ce qu'elle me demande ça car elle trouve ma tenue excessivement basique par rapport à la sienne? Je l'observe un instant. Elle n'a pas l'air de vouloir se moquer de moi.

-Non, pas du tout, c'est parfait, je m'empresse de répondre en forçant un sourire se voulant rassurant.

Elle semble soulagée et penche la tête sur le côté avec une moue reconnaissante.

-Merci, Eliyah.

-De rien... Sinon, ta mère n'es pas là? Je demande pour changer de sujet.

-Non, soupire-t-elle, elle travaille énormément, et se rend souvent dans des pays différents. Par exemple dans deux jours elle se rendra en Irlande pour rencontrer des futurs partenaires pour l'entreprise qui l'emploie. La plupart du temps il n'y a que mon père et moi, tu vois.

Je hoche la tête, compréhensive. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'elle au moins vit avec ses deux parents. Moi, je ne connais même pas mon père. Mais je n'ai pas vraiment à me plaindre, j'apprécie le fait de vivre avec ma mère et ma grande sœur.
Monsieur Leroy apparaît à ce moment là et nous annonce qu'il est l'heure d'y aller.

Nous montons toutes les deux à l'arrière de la voiture et il démarre. J'attrape mon téléphone et parcours un peu Instagram. Je ne peux pas m'empêcher d'être anxieuse, j'ai dû aller à une seule soirée au cours de mon existence. En arrivant avec Zoë, je ferais probablement tâche. Je lui jette un furtif coup d'œil. Si j'avais le même corps, je n'aurais pas hésiter à mettre la robe qu'Esther voulait me prêter.

Publié le 02/07/2021

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J'espère que ce chapitre vous a plu, je bosse sur le prochain ;)

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