4- La soirée

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"Eh bien, Sam et Anitta ont réellement confiance en leur fille pour la laisser inviter autant de monde.", commente monsieur Leroy tandis qu'il se gare devant la maison.
À en croire le monde qui se trouve dans le jardin, ce n'est clairement pas une petite soirée. Est-ce qu'il n'y aurait pas tout le lycée, d'invité? Je redoute de voir le nombre de personnes à l'intérieur de cette maison à deux étages, d'un style que je dois dire, est très moderne. J'aperçois aussi quelques personnes sur le toit faisant office de terrasse.

Je jette un coup d'œil à Zoë qui à déjà détaché sa ceinture et ouvert la portière de son côté. Je l'imite et la rejoint sur le trottoir après avoir remercié son père pour m'avoir gentiment accompagné. La nuit commence lentement à tomber. A cette heure-ci l'air se rafraichit, et ce n'est pas désagréable.
J'observe la voiture redémarrer, reculer et repartir, avec regret.

Zoë me lance un sourire rassurant et commence à avancer dans l'allée de manière assurée. Je la suis en restant légèrement de retrait tout en observant autour de moi. Des lycéens sont attroupés près d'une sorte de buffet, gobelets rouges à la main, et discutent par dessus la musique que libèrent les enceintes. D'autres font des trucs douteux près des arbres ou sur les bancs et d'autre encore, regroupés autour d'une table, jouent au beer-pong. La soirée n'a sûrement pas commencé depuis si longtemps et certains sont déjà au bord du coma éthylique. Je lève les yeux au ciel. Qui peut me convaincre que ce genre de trucs est plus amusant que les soirées films que je passe avec ma sœur?

Quelques têtes nous suivent Zoë et moi du regard et je ne peux m'empêcher de me sentir gênée, est-ce qu'ils se disent -comme je l'avais imaginer- que je fais tâche à côté d'elle?
En plus de ça, la grande majorité, si ce n'est la totalité des filles ici, sont super belles et bien habillées. Si Zoë souhaite s'intégrer, il y a de fortes chances qu'elle y arrive, elle leur ressemble, et c'est à son avantage. Mais oui, car qui se ressemble...

La porte d'entrée est grande ouverte, invitant vraisemblablement quiconque le souhaite à s'amener. Nous passons toutes deux la porte pour atterrir dans une immense salle de séjour du genre moderne.

Il y a énormément de monde, beaucoup trop en fait. Je resserre ma prise sur mon téléphone. Et si j'appelais ma mère pour qu'elle vienne me récupérer? Je pourrais dire à Zoë que je ne me sens pas bien et partir? "Je peux le faire, je ne lui doit rien.", me dis-je dans ma tête pour m'encourager. Je me tourne alors vers elle qui, sourcils légèrement froncés et tête penchée sur le côté, fixe la foule comme à la recherche d'une personne en particulier. Je hausse un sourcil, curieuse, mais décide aussitôt qu'à cet instant, c'est la dernière de mes préoccupation. Je n'ai pourtant pas le temps de dire un mot qu'elle s'exclame: « Te voilà! », en prenant une blonde dans ses bras. Lorsqu'elles se séparent, Zoë se tourne vers moi avec un énorme sourire plaqué sur le visage:
-Eli, c'est Tess, ma cousine. Tess, Eli, ma voisine.

J'adresse un bref signe de la main à la fameuse Tess, celle-ci fait de même tout en me fixant un instant avec un regard indéchiffrable. Elle me reluque ensuite entièrement et finit par détourner ses yeux de moi. Je ne peux m'empêcher de me sentir mal après cette analyse des plus étrange. Tess se tourne vers Zoë et la détaille aussi de la tête aux pieds mais cette fois avec un air impressionné :
-Waouh, t'es devenue encore plus belle depuis la dernière fois, Zoë. Putain, tu sais pas à quel point je suis contente de te revoir!

-On est dans la même ville maintenant et on se verra tout le temps au lycée, tu ne pourras plus me supporter, répond-elle avec un léger rire.

-Comment pourrais-je ne plus te supporter?

-C'est mignon Tess, mais t'as pris combien de verres pour être aussi gentille?

-Je sais pas, peut être une petite dizaine de shots de vodka, fait Tess avec sarcasme. Viens, dit-elle en lui prenant la main, je vais te présenter à des potes à moi. Ils entrent aussi en première à la rentrée.

-Tu viens? me demande ma voisine.

Je secoue la tête et lui adresse un mince sourire:
-Non, vas-y, je vais me prendre un verre d'abord.

-Ok, je reviens vite.

Tess lui tire le bras et Zoë finit par se laisser faire et la suis à travers la foule. J'attends qu'elles s'éloignent assez puis aussitôt que je les perd de vue, j'attrape mon téléphone et appuie sur l'icône d'appel sous le nom de contact de ma mère. Je sors de la maison et m'éloigne pour me mettre à l'écart, à une distance à laquelle la musique est moins forte. Ma mère réponds aussitôt:
"Eli? Vous êtes arrivées? Tout se passe bien?".

Je me retiens de soupirer puis réponds:
"Oui, on est arrivées maman."

"D'accord, amuses-toi bien alors."

"Attends!", je m'exclame un peu trop fort avant qu'elle ne raccroche. Deux personnes assisent sur un banc proche me jettent des regards curieux.

"Oui?", répond-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

J'hésite.
"Je voudrais..."

"Oui."

Surprise, j'écarquille les yeux et m'empresse de demander:
"Oui? Enfin... "oui" quoi, maman?"

"Eh bien tu peux rentrer un peu plus tard, si c'est ce que tu voulais me demander." Elle marque une pause: "C'est bien ce que tu voulais me demander?"

Je réfléchis un instant, le regard perdu dans le vide.
"Oui... c'est ça, du coup je pense rentrer en même temps que Zoë, son père nous ramènera. Salut." dis-je avec une pointe d'amertume dans la voix.

"A plus tard ma chérie.".

Je croirais rêver, ma mère n'est pas du genre à se montrer aussi cool, pour mon plus grand regret à cet instant. Je raccroche et fourre rageusement mon téléphone dans une poche de mon jean, me maudissant d'avoir une fois de plus été trop lâche pour exprimer ce que je voulais vraiment.

Je retourne à l'intérieur de la maison et me dirige vers la cuisine dans laquelle un groupe de personnes, penché sur un saladier posé sur le plan de travail, concoctent un mélange bizarre à base de tout sorte de boissons, dont de l'alcool. Je grimace. Je m'avance vers le plan de travail et attrape la seule bouteille de jus de fruit qui s'y trouve. Elle n'a même pas encore été ouverte.

Je me fraie un chemin dans la masse de personnes dans la salle de séjour, gobelet à la main, et me pose sur une chaise libre. Certains discutent, dansent sur la musique, ou font le concours du plus gros buveur, mais personne n'est aussi seul que je le suis. Et surtout, personne ne semble regretter sa venue comme moi je la regrette actuellement. Je sirote lentement mon verre en tapant du pied en fonction du rythme de la musique, la tête mollement appuyée sur ma main.
Au bout d'un peu plus d'une heure en ayant assez de scroller sur Instagram, je décide de me lever. Étant donné que mon verre est vide, je retourne dans la cuisine pour me resservir mais décide à la dernière minute de remplir la moitié de mon verre de la première bouteille d'alcool que je trouve. Je ne suis pas habituée à boire, mais je suis sûre que ce mélange ne peux pas me faire de mal.

Je la trouve enfin, pensant entrer dans une sorte de seconde salle de séjour, mais je me rend compte que c'est en fait un home cinéma. Je ne peux m'empêcher d'être ébahis: la famille de Tess est vraiment pleine aux as.
Zoë se trouve en face, avec un groupe de personnes, un verre à la main. Elle semble prise dans une discussion passionnante, et à l'air de vraiment passer un bon moment. Je suis surprise de la voir si à l'aise face à de nouvelles personnes. Quoi que, cela ne m'étonne pas tant que ça, elle n'a pas hésité une seconde à venir me parler, alors qu'on ne se connaît pas, j'admire ça, en fait.
Je m'avance vers elle, en essayant d'adopter une démarche assurée. En arrivant à sa hauteur, je me lance, sans prêter attention au reste des personnes avec lesquelles elle se trouve:

-Je te cherchais partout, tu voudrais pas qu'on y ...

Seulement je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que je suis coupée par une voix qui m'est très familière:
-Lia?

Mon cœur manque soudain un battement et j'ai l'impression d'avoir reçu un coup à la tête tant ma vision se trouble pendant plusieurs secondes et que mon crâne me fait soudain mal. Je me retourne lentement, en priant pour que la voix qui vient de m'interpeller ne soit pas la sienne.

Publié le 27/10/2021

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Chapitre modifié, désolée d'avoir pris tant de temps à le remettre en ligne. Laissez-moi un avis : )

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