Il ne comprenait pas. Pourquoi est-ce qu'il ne s'était pas rappelé qu'il avait prit les clés du local ?
Il restait là, devant son bureau, à observer le trousseau de l'entraîneur. Le porte-clés représentant un petit ballon de basket était usé, il commençait à s'effriter en surface.
Ce n'était pas la première que ça lui arrivait. Il volait un truc, puis oubliait qu'il l'avait volé et pourquoi il l'avait fait. Il se souvenait juste que sur le moment, il n'avait pas pu s'empêcher de le prendre. Que sa main avait presque bougé toute seule, avide.
C'était tout de même étrange, ça lui faisait même un peu peur. Est-ce que j'ai un problème d'amnésie, se demandait-il en se grattant l'arrière de la tête.
— Deen, j'ai fait une connerie, dit une voix à l'entrée de la chambre.
Sortant de ses pensées, le jeune homme releva la tête vers la porte. Une coupe afro volumineuse, un T-shirt rayé verticalement, c'était Dolores qui le regardait avec une mine préoccupée.
— Qu'est-ce qu'il y a Lory ? Ne me dit pas que tu as encore été convoquée...
— Euh... Oui ?
Dolores se rappelait des événements de l'après-midi, lorsqu'elle se tenait, les épaules tremblantes et le regard de braise, observant cette fille en sang à terre. Encore une fois elle avait ressenti cette colère inarrêtable qui la contrôlait toute entière. Cette fille au sol, se tenant le nez de sa paume fragile, c'était elle qui l'avait frappé. Encore une fois elle avait dérapé.
"— Mademoiselle Parker, il s'agit de votre deuxième bagarre de l'année. Nous avons laissé passer les deux premières fois parce que vous êtes un bon élément, mais sachez que cette fois-ci vous aurez un avertissement. S'il y a une prochaine fois vous serez immédiatement expulsée de l'université et votre bourse vous sera immédiatement retirée.
Bam. La porte avait claqué et Dolores s'était retrouvée sur le parvis de l'université. Le ciel était couvert. Il allait pleuvoir.
Il pleuvait, les premières gouttes étaient tombées sur sa crinière de lionne du désert. À cause de la crème qu'elle avait appliqué le matin même pour la discipliner en coupe afro présentable, l'eau avait glissé sur ses cheveux sans les imprégner et était venue couler le long de son visage.
Mais ça ne lui avait fait aucun effet, la colère était toujours là, tapie au fond d'elle, et n'attendant qu'à sortir la gueule grande ouverte pour dévorer qui se serait dressé devant elle.
Tout en marchant vers l'arrêt de bus, elle avait eu envie de frapper tous les passant, de leur distribuer des coups de poing dans l'estomac en passant à côté d'eux.
Respire, Lory, respire. Garde ton sang-froid.
C'était absurde. A ce moment-là elle ne pouvait déjà plus garder son sang-froid, la seule chose qu'elle pouvait faire c'était refroidir son sang déjà bouillant. Et la pluie qui ne faisait pas son job. Elle avait eu envie de lui crier de l'aider, de la nettoyer de la rage qui l'habitait malgré elle.
Rien à faire. Le bus arrivait. Au lieu de courir pour l'attraper, Dolores avait tourné les talons et était entrée dans une rue. Elle savait où aller quand ce genre de chose lui arrivait : la salle de sport de son cousin Kane était le lieu idéal pour se calmer les nerfs."
Après quelques heures de défouloir elle s'était décidée à rentrer à la maison. Et comme à chaque fois, la première personne qu'elle allait voir, c'était Deen.
— T'inquiète pas, avec du travail tu arriveras à te contenir, la rassura-t-il. Tu es allée à la salle, non ? Tu a vu Kane ?
— Ouep, il te passe le salut et te demande si tu n'as pas vu sa montre la dernière fois que tu es passé chez lui. Il veut pas t'accuser de quoique ce soit mais il la trouve plus depuis, donc voilà.
Deen se gratta l'arrière du crâne avec gêne. Il avait la montre au fond de la poche de son manteau.
— Euh, non, je sais pas pour sa montre. Tu avais autre chose à me dire, je me trompe ?
Dolores s'assit sur le lit lourdement.
— Il s'agit de Rita. Elle a recommencé.
Le garçon fit une grimace et soupira. Il ne savait pas quoi faire pour aider ses sœurs de cœur, et ça le rendait fou parfois. Elles étaient de bonnes filles, alors pourquoi diable le sort s'acharnait-il sur elles ?
— J'irai lui parler si tu veux.
— Merci...
Dolores sortit de la chambre et Deen s'affala sur son lit, le trousseau de clés dans la main gauche et du brouillard plein les pensées.
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WATERPROOF
Teen FictionDetroit, 1992. Quatre ados, une bande de gosses comme les autres en apparence. Mais si l'on s'était bien arrêté en les rencontrant, peut-être aurait-on pu remarquer qu'ils étaient quatre esprits malades. Eux-même n'en avaient même pas conscience, et...